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Wanoni Bay le 3 juin 1961 à Soeur Anne de Saint Barthélemy /carmel /75 rue pasteur/cholet Bien chère sœur Anne, Je suis bien mécontente de moi-même, car cette fois encore, me voici bien en retard à vous écrire… ce n’est point par oubli . Pourtant, croyez- le, ma pensée avec ma prière est allée plus d’une fois vers vous. Pour cela, je ne suis jamais trop pressée… Mais s’asseoir et se mettre à la correspondance ! Le temps semble toujours trop court. A part les heures de classe tous les jours ….quand on pense avoir trouvé le petit moment propice pour s’y mettre, une enfant est malade, à la fièvre, il faut en prendre soin… Une autre fois, c’est une autre qui revient du travail, avec une main en sang .. Elle s’est coupée avec son couteau de travail… Ou une autre qui sera tombée sur une pierre et reviens clopin-clopant, la larme à l’œil … il faut la consoler, et mettre un bandage… Un autre moment, il faudra aller voir la petite cuisinière et donner un coup de main… Un autre jour, il faudra mettre en train et montrer un peu à la grande fille qui va faire le repassage.. ou un autre jour encore, un Père viendra demander pour une chose ou une autre… Et le petit moment sur lequel on avait compté… effacé !!! Et la lettre a dû être remise à plus tard… Cela peut faire de la peine quelquefois surtout quand c’est pour vous , pour ma chère Marie, pour « chez nous »… Je me console un peu en disant une petite prière de plus pour vous et pour eux… Et le seigneur, je le sais, saura mieux nous donner ce dont nous avons besoin chacune. Je n’ai pas reçu de nouvelles du Carmel depuis votre lettre de décembre, et celle de Sœur Marie de l’eucharistie. j’espère que vous allez bien et toutes nos chères Sœurs, sans oublier nos nouvelles Sœurs, nos bonnes jeunes Postulantes. J’aime à croire qu’elles sont déjà un peu habituées à la vie du Carmel et sont heureuses dans leur si belle Vocation. Aujourd’hui, plus que jamais, avec tout le confort de la vie moderne, il faut des Vocations solides, je demande bien pour elle, à Marie, notre Mère, toutes les grâces dont elles auront besoin pour persévérer dans leur Vocation. Ici, nous n’avons pas bien à craindre le trop de confort, cependant, depuis le début de l’année, nous avons eu quelques améliorations, dont nous sommes vraiment tous, très heureux à la Station. Un bon jeune homme d’Australie s’est engagé pour deux ans au service de la Mission. Il est plombier, et est ici à Wanoni depuis quelques mois pour installer le service d’eau . Quel travail ! Il avait à creuser le chemin pour placer les tuyaux et la source est a une assez bonne distance, puisqu’il a fallu 80 tuyaux. Mais quelle commodité en comparaison de pauvres tanks , il fallait par moment se servir d’eau avec beaucoup de parcimonie, ou les enfants, avec des seaux , aller en chercher à la rivière, assez près heureusement, mais tout de même…Maintenant, n’avons qu’à tourner les robinets et nous avons de l’eau en abondance. Quelle facilité pour le travail : lavage etc. Que le Seigneur bénisse ce brave garçon ! Il vient de partir pour travailler dans une autre Station. Nous venons de passer de bien grandes et belles fêtes . A l’Ascension et Pentecôte, nous avions grand-messe chantée par les enfants. Il faut bien des répétitions, mais elles arrivent à prononcer assez bien le latin et à chanter très bien. Hier, corpus christi Nous avions Procession. Dès vendredi, les enfants commencèrent à apporter verdure and branchages pour les chemins. Il y avait deux reposoirs , un du côté de chez le père, et l’autre de notre côté. Les enfants ont bien travaillé à tout préparer. Elles avaient fait leurs petits dessins avec des pétales de fleurs. Je suis sûre que le seigneur aura été content de leurs petits efforts. Demander au Cœur de Jésus de réchauffer nos pauvres cœurs si froids et si vides souvent,… qu’Il mette dans notre activité, beaucoup plus de son Amour, pour qu’ainsi nous le fassions ainsi, plus aimé par les autres… Je vais m’arrêter vite pour ne pas griffonner davantage… Merci de tout cœur, chère Sœur Anne, merci à votre très chère Révérende Mère, et à toutes nos Sœurs Carmélites, nos chères associées dans notre Apostolat. Je vous reste bien affectueusement, unie dans le travail et la prière. Soeur Marie de Loyola. La dernière lettre de Marie, date des fêtes de Pâques, en ce dernier trimestre avant les examens, elles sont plus occupées que jamais. Je ne sais pas si elle ira les conduire à Cholet. Si oui, elle ira sûrement frapper à la porte du Carmel…. J'espère que vous avez de bonnes nouvelles de vos Sœurs Religieuses et de toute la famille. Continuez de prier beaucoup pour nous. J’y compte tellement. Bien affectueusement toujours. Wanoni Bay 25 juillet 1961 Ma bien chère petite sœur, Je suis bien mécontente avec moi-même d’avoir tant tardé à t’écrire. Ce n’est pas faute d’y avoir pensé tu le sais bien , mais depuis quelques temps, une chose ou une autre m’obligeait toujours à remettre. Je n’ai pas non plus reçu de vos nouvelles, ni du Pey, depuis pas mal de temps. Comment vas-tu ma chère Drienne ? Cette saison te va mieux que le froid n’est-ce pas? Comment vont Marcelle et Jean ? Toute la famille doit être à la maison pour les grandes vacances. Françoise et Monique particulièrement doivent être heureuses de venir passer quelque temps dans la famille. Bin ! Tu penses! Me répondraient-elles ! Aiment-elles assez bien la vie de pension ? il faut bien d’ailleurs. C’est la vie. Marcelle et jean sont sans doute toujours très pris par le commerce, d’une façon c’est ce qu’il faut, c’est signe que les affaires marchent. Ils se donnent bien de la peine aussi. Est-ce que Cécile commence à trotter à la taillée ? Elle et petite Madeleine vont avoir des” bonnes” pendant quelque temps. Autrement, elles doivent vous occuper souvent, bien qu'elles ne soient pas trop difficiles à élever. J’espère que tous resteront toujours bons enfants. Françoise et Monique vont bien rendre service pendant leurs vacances. Dans sa lettre de Pâques, Marie, me promettait d’écrire à la Pentecôte, elle ne sera pas arrivée à s’y mettre. C’était à un moment où elle devait être très bousculées les Sœurs avec l’approche des examens. J’en attends une maintenant pour pendant ses vacances, elle ne tardera peut-être pas trop avant d’arriver. Je m’en réjouis déjà, car ainsi j’aurais aussi de tes nouvelles, et un peu de tout. Quand es-tu allée la voir ? J’espère que la « deux ch » y va de temps en temps. Par ici, pas grand-chose de nouveau, les travaux ordinaires : classes et le reste. C’est la saison du « Panas » un légume qui ressemble à la pomme de terre « chez nous », ce n’est pas aussi bon. En ce moment, les enfants vont en chercher tous les jours avec les petites Sœurs Indigènes. Quand c’est le moment il faut les apporter au store ou ils peuvent se garder des mois. Nous en avons une grande plantation ainsi. J’aurai de quoi donner à notre monde. Il en faut : elles sont 65 cette année.. La plantation est sur la montagne, comme tout Makira , le terrain est tout montagneux. Nos filles sont habituées à grimper, n’empêche que c’est pénible, quelques fois, surtout avec une charge sur le dos…Cette année, je demande aux filles de ma classe, comme leçon d’anglais, d’écrire une petite lettre . Ce qu’elles voudront. Une, la plus calée, vient d’en écrire une à Marie. Je lui ai fait adresser elle-même. Et elle était fière de penser qu’elle allait envoyer une lettre en France. Il faut de plus en plus les pousser à l’anglais, le plus difficile est de les faire parler et, moi-même, j’ai quelques fois de la peine à garder mon sérieux. Le mois prochain nous aurons sans doute la visite de Monseigneur. Il viendra donner la Confirmation. Et puis vers la fin de l’année, notre Retraite commune, a Visalé probablement. Il en est question. Je pense bien souvent à toi, ma chère petite sœur, surtout dans mes prières, je parle de toi à Notre-Dame de Lourdes. Je vous visite bien souvent tous. Allez-vous souvent au Pey? Qu’en est-il pour Marie-Georgette ? Comme tous les autres, elle n’écrit pas non plus. Petit Jean va-t-il en colonie cette année avec le vicaire ?Est-ce toujours le même à Saint Lumine ? Marcelle et Jean doivent être contents d’avoir leurs grandes filles. Fait dire une petite prière aux enfants pour nous. Au revoir !À une autre fois. Je t’embrasse bien comme je t’aime ainsi que toute la maisonnée . Et prie pour moi comme je le fais pour toi. Georgette Tanagai le 12aout 1961 à Soeur Anne / carmel/ cholet Bien chère Soeur Anne , Cette fois, je ne serai pas aussi longtemps sans vous écrire. Vous aurez, j’espère, reçue assez vite ma lettre de juin. et me voici de nouveau. Le bon Dieu a bien trouvé le moyen de m’arrêter, et je ne veux pas manquer l’occasion d’en profiter pour venir vous trouver. Figurez-vous, me voici de nouveau à Tanagai , et même à l’hôpital d’Honiara ! Un peu comme l’année dernière à peu près au même moment . J’ai été reprise de cette fièvre tenace , et , au lieu de me laisser traîner, comme il y avait un bateau partant pour Honiara, on a voulu que je monte à bord. Il m’en a bien coûté de partir encore, quitter mon poste, tout le travail. J’ai laissé Soeur Marie William seule avec l’école. Il lui faudra prendre ma classe avec la sienne et tout le reste. Elle est heureusement avec les petites Sœurs qui aident bien. Et puis, comme rien n'arrive, sans la permission du Seigneur, c’est qu’il le voulait ainsi et il sait beaucoup mieux que nous, ce qui est le meilleur. Le Docteur que nous avons vu, me dit qu’il voulait me donner un traitement contre la malaria, de sept jours et me condamna à rester à l’hôpital durant tout ce temps. Ce qui n’était pas beaucoup pour me plaire, non plus, et j’y suis encore en ce moment. Qu’on m’en a fait avaler de ces anti-malaria ! Ces « Sweet » petites pilules .!!! Je suis dans le nouvel hôpital, très bien, presque moderne. Je suis servie par deux petites nurses noires , en uniforme, leur sorte de petites coiffes d’Infirmières , posées sur leurs cheveux , crépus pour la plupart. Deux grands garçons, aussi, smart dans leur costume, d’un blanc immaculé, Le tout sous la direction de quelques Infirmières blanches, venues d’Angleterre ou d’Australie, car nos Noirs, pour la plupart, n’ont fait encore que des études plutôt élémentaire et pratique. Bien que moins rapide, ici qu’ailleurs, il y a certainement beaucoup d’évolution en comparaison surtout de nos Salomonais depuis bien peu de temps si primitifs encore. Honiara devient une vraie capitale, on y construit beaucoup de beaux bâtiments. Les jeunes, surtout les garçons, se détachent de leur village pour venir travailler en ville. Attirés par les distractions et les nouveautés de la capitale .. Cinéma , pas toujours les meilleurs, Et leur village : les travaux des plantations n'ont plus beaucoup d’attraits pour eux. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux . La population Chinoise augmente de plus en plus . Il y a eu quelques familles converties, qui ont reçues le Baptême et pratiquent leur Religion. Espérons que nous en aurons beaucoup d’autres. Je les recommande aussi à vos bonnes prières, chères Sœurs . Et vous, chère Sœur Anne, comment allez-vous ? Comment vont toutes nos chères Sœurs ? En ce moment, c’est la bonne saison, surtout pour les rhumatisants … Je lis un livre de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus. Elle avait pensé se faire Missionnaire, mais avait choisi le Carmel. Parce qu’on y prie mieux et on y souffre davantage . Vous avez ainsi choisi la vocation la plus haute… Priez pour qu'au moins, dans notre pauvre activité, j’y mette davantage la pensée et l’Amour de notre Seigneur, puisque cela seulement compte dans tout ce que nous faisons. Avez-vous de bonnes nouvelles de vos Sœurs et de toute la famille ? Je viens d’écrire à Marie, elle avait promis d’écrire à la Pentecôte, mais je n’ai rien reçu, elle n’aura pas pu s’y mettre. A l’approche des vacances et des examens, ils auront été encore plus bousculés que d’habitude. Ce sera pour pendant les vacances. Et j’espère recevoir une lettre bientôt. Je n’ai pas reçu de nouvelles du Carmel depuis votre lettre de décembre. J’espère que vous recevez les miennes. Peut-être que Marie ira à Cholet pour conduire les élèves aux examens. Elle fera certainement une visite au Carmel. Je m’en réjouirais pour vous deux. A Révérende Mère Prieure et à toutes mes chers Sœurs du Carmel, je dis de nouveau, m’a bien reconnaissante, affection. Union de prière et toujours bien affectueusement. Sœur Marie de Loyola Tanagai le 28 août 1961 Ma bien chère petite sœur, biens chers tous, Je reviens te trouver de nouveau. Tu auras reçu ma lettre de juillet de Wanoni. Et aujourd’hui regardez d’où je vous écris.! … c’est que tout simplement j’ai été reprise de cette fièvre aussi tenace et j’ai dû encore une fois, quitter Wanoni , laissant tout à la pauvre Sœur Marie William : l’école, ma classe qu’elle devra prendre en plus de la sienne et tout le reste du travail. Il y a heureusement huit petites Sœurs Indigènes pour l’aider, mais la responsabilité coûte davantage quand on n’y est pas habituée . Cela m’a coûté, mais puisque rien n'arrive sans la permission du bon Dieu. Alors, marchons … Arrivée à Tanagai , le Docteur voulut me donner un vrai traitement contre le malaria, et me condamna à sept jours d’hôpital, tant que dura le traitement. On m’a tellement fait avaler de ces pilules d’anti-malaria que je n’aurais sans doute plus jamais la fièvre… Depuis, j’ai été quelques jours à Tanagai, puis je viens de passer une bonne semaine a Visalé avec Mère Marie Reine . Vous vous rappelez ? Elle m’a demandé de vos nouvelles. Je suis bien « At home » avec elle. Elle est à Vutulaka comme vous savez, Supérieure des petites Sœurs Indigènes . Le soir nous avons récréation commune. Quelques-unes travaillent à des nattes d’autres à des paniers, aux coutures, etc. On chante . L’atmosphère est très gaie. Elles sont 10 Novices et 5 Postulantes dont Kara une de nos anciennes filles d Avuavu. Elles sont aussi quelques Professes que l’on garde pour continuer des études et essayer d’en faire des institutrices. Elles deviennent nombreuses, il y a pas mal de vocations. Davantage que de Frères. Le Séminaire , on ne sait pas encore bien ce que ça donnera. Les deux plus avancés ont pris la soutane . C’est déjà un bon pas de fait. Une petite prière une fois le temps, à cette intention. Je suis allée voir Monseigneur Aubin , je vous ai déjà raconté, je pense, que le jour de la Trinité, il avait soudain été frappé d’une attaque. En sortant de la chapelle l’après-midi, il s’était agrippé à la main de Mère Marie Reine qui venait à sa rencontre, pour ne pas tomber. On l’a transporté chez lui.sur un stretcher . Il avait un côté paralysé. La parole embarrassée. Pendant plusieurs semaines, on a craint le pire. Mais depuis quelque temps il semble se remettre. Peu à peu, il parle bien, il peut marcher un peu seul, sans pourtant être aussi libre qu’auparavant, je vais le voir à peu près tous les jours pendant mon séjour ici . Un jour que je n’étais pas allée, il me l’avait fait dire par une Sœur. Il aime la compagnie, pauvre Monseigneur J’ai passé la fête de l’Assomption à Visalé, comme il n’y a qu’un prêtre ,tout le monde nous sommes allés à la grand-messe à la Paroisse. Et vous, comment avez-vous passé la fête ? Depuis hier soir, je suis retournée à Tanagai. Mais parlons du grand événement !…. La lettre de Marie-Georgette m'annonçant son mariage m’est arrivée il y a trois jours, juste à temps pour m'unir à vous en ce grand jour. C’était ce matin ou plutôt ce sera ce soir « chez nous » mais ce matin déjà j’ai offert ma Messe et ma communion pour Marie-Georgette, pour les mariés et aussi pour toute la famille. Que vous aurez été affairés avec toutes les préparations. Marcelle et Jean, ont dû se donner beaucoup de peine à chercher quelque chose de beau comme toilette de Mariée pour la « petite sœur » . Et pas seulement la mariée, mais Annette, la demoiselle d’honneur, qu’elle a due être fière ! Et Françoise et Monique ! Quelle excitation ça a dû être ces derniers temps et aujourd’hui, il me semble avoir vu cela . Des toilettes de quelles couleurs avaient ces demoiselles ? And everybody all dressed j’en suis sûre. Par la pensée, il me semble voir l’église de Paulx , décorée comme aux grands jours. Toute la famille, en grande tenue, et beaucoup de monde. Quel grand, quel beau jour ça a dû être .Je suppose que tout le monde est content du mariage. C’est une bonne famille, et j’espère que Jean est un bon garçon aussi. Encore un « jean » le nouveau neveu… J’espère que vous m’écrirez vite, les uns ou les autres, Marcelle par exemple, pour me raconter l'événement, ou plutôt les événements. Je suis sûre que Jean prendra beaucoup de photos, vous m’en enverrez bien quelques- unes. J’espère. C’est bien rare, les paquets qui se perdent, mais je crois que pour un, il faudra en faire son deuil, celui avec les petits gâteaux, viandox , et deux petites Vierges, mais j’ai bien reçu les lampes à projecteur. J’avais bien pensé vous l’avoir dit déjà. Je n’ai pas encore reçues les vues et diapositives dont me parle Marie. Mais je crois qu’elle les a envoyées bien après, alors, il y a encore espoir.Pour les galons que j’ai demandé, ce ne serait que pour les cols des blouses. Alors il en faudra pas trop . J’ai bien peur de vous ennuyer beaucoup avec tout ça… Mais après, arrêtez- vous d’envoyer des choses, vous avez déjà envoyé tant de paquets. Merci de tout cœur. A bientôt de vous lire, par la pensée et la prière. J’étais avec vous tous plus particulièrement aujourd’hui. Après la noce, vous allez tous être bien fatigués. La famille s’agrandit, aimez-vous bien les uns les autres, et rester toujours bien unis toute la famille, Que le Seigneur vous bénisse ! Je t’embrasse, avec toute mon affection, ma chère Drienne, ainsi que toute la maisonnée. Vous voudrez bien dire à Marie que sa lettre m’est arrivée deux jours après avoir envoyé la mienne. Pour ne pas trop répéter, elle pourra vous dire s' il y a quelque chose d’autre dans la sienne.Bien à vous toujours Georgette Buma le 2 novembre 1961 à Révérende Mère Prieure / Carmel/75 rue pasteur/ Cholet Révérende et bien Chère Mère, Je suis heureuse d’avoir un petit moment aujourd’hui et pouvoir prendre déjà mes avances pour venir vous souhaiter joyeux Noël et vous offrir à vous et à toutes nos chères Sœurs Carmélites : mes meilleurs vœux de bonne, heureuse, et sainte année. Je n’ai rien reçu du Carmel depuis février 1961. Mais j’espère que tout le monde va bien quand même. Vous avez dû recevoir déjà la lettre que je vous ai envoyée de Tanagai en août. Depuis nous avons eu une réunion de toutes les Sœurs, Toutes sont venues des différentes Stations, d’abord à Tanagai. Pendant une semaine, nous eûmes des conférences, d’abord par le Docteur en chef de l’hôpital pour les nurses et celles qui soignent les malades,, puis, par le Directeur, Directrice de l’éducation pour les Teacher , et celles qui s’occupent d’enseignement,. Pour tous c’est l’avancement de l’éducation aux Salomon . Remarquez que tous ces gens là sont: la Directrice une Protestante, le Directeur de l’éducation un Agnostique paraît-il, Le Docteur ne pratique aucune religion . Il est cependant très bon pour tout le personnel de la Mission, et c’est avec empressement qu’il accepta de venir à Tanagai pour parler aux Sœurs, et pendant plus de deux heures. On dit que le high commissionner serait aussi un agnostique. On se demande ce qu’on peut bien attendre dans ces conditions. Monseigneur Kevin aussi nous donna une conférence, nous dit qu’il y avait dernièrement à Honiara la capitale, des rumeurs à propos du gouvernement, qu’il serait, paraît-il, tout à fait contre les écoles des Missions, non seulement Catholique, mais aussi Protestante, Monseigneur et le Bishop Anglican s’unissent et sont prêts à s’entraider pour garder nos écoles. Des écoles, c’est si important pour la Religion, pour l’avenir des Salomon. Il est vrai qu’il n’arrivera que ce que le bon Dieu voudra, mais je vous demande, ma Révérende Mère, de vouloir bien prier plus que jamais, à cette intention, ainsi que nos chères Sœurs du Carmel pour Monseigneur aussi, et tous nos Prêtres du Vicariat. La deuxième semaine, nous partîmes pour Visale à 3h de bateau pour notre Retraite commune. C’est la maison du Noviciat des Petites Sœurs Indigènes. Endroit idéal pour une Retraite: leur jolie petite chapelle, un endroit ombragé, le calme, etc. Un Père Mariste de Nouvelle-Zélande vint nous prêcher la Retraite. C’était très bien . Tout le long, il revint sur cette même idée. « Work For Love of God » et c’est si vrai , sans cela nous ne faisons rien ou tout ce que nous faisons ne sert à rien. Il prêchera une Retraite à tout le personnel de la Mission. Nous, les Sœurs, avons commencé , ensuite ce furent les Frères Coadjuteurs , maintenant ce sont les Prêtres du Vicariat. Les dernières seront les petites Sœurs Indigènes : Filles de Marie Immaculée, pour finir leur Retraite au 8 décembre, leur grand jour de fête qui est aussi le jour des Professions d’entrée au Noviciat etc. Je vous demande encore de prier aussi pour ces Petites Sœurs, Ces dernières années sont un tournant difficile avec l’évolution, la différence d’éducation des aînés avec celle donnée maintenant, l’adaptation peut être difficile. Pour moi, comme vous voyez par l’entête de ma lettre, depuis la Retraite, j’ai été nommée ici pour le moment du moins, notre Mère Régionale, ne me trouvant pas assez bien pour repartir tout de suite pour une Station aussi loin. Il faut faire de l’abandon à ce moment-là. Prier pour que je le sois vraiment. J’espère que nos lettres se rendent bien., J’espère, pour bientôt, un petit mot du Carmel. En tout cas, je vous reste bien unie de pensée et de prières . Croyez, ma Révérende Mère, à tout mon respect, et à ma bien reconnaissante affection pour vous et pour toutes nos chères Sœurs Carmélites Sœur Marie de Loyola 1962 Buma 21 janvier 1962 Bien, chère petite sœur, Je reviens comme promis, et puis la fin des vacances approche, et alors, ensuite, ce ne sera pas plus facile, et aussi je veux rattraper ou plutôt compenser pour le retard de ma dernière lettre… Pour toi, tu as dû commencer depuis longtemps et être en plein travail, les vacances de Noël étant plutôt courtes. J’espère que tu auras pu te reposer un peu tout de même . Tu as vu sans doute ceux de « chez nous », au moins pour chercher les filles…Et les ramener, Drienne n’est-elle pas venue avec eux ?. Je t’ai dit, je crois, que j’avais reçu enfin un petit mot de Drienne et de Marie P datée de novembre. Elle ne me souhaite même pas Bonne année, Elle devrait alors m’écrire de nouveau bientôt, mais quand on les connaît, je n’ose pas trop y compter. Marie P ne me dit rien du mariage de Marie- Georgette., Parce que, me dit-elle, elle lui avait dit qu’elle voulait me le raconter elle- même, mais je n’ai rien reçu encore. Enfin, espérons que ça viendra. A moins que Marcelle s’y mette, je le voudrais bien. Et Noël est passé depuis longtemps déjà, je suis sûre que vous aurez eu une belle fête à Sainte-Marie, comme toujours. Il me tarde de recevoir ta lettre, qui ne tardera pas beaucoup je pense, pourtant je ne dois pas me plaindre, puisque j’ai déjà eu celle de novembre, sur laquelle je n’aurais pas osé compter. Ici, nous avons aussi passé une bonne fête de Noël, Noël est toujours une fête si touchante. Pas de messe chantée, et cela manquait tout de même, les enfants étant partis en vacances dès les premiers jours de décembre. Notre grande église était pleine. Elle a été terminée cette année, la bénédiction était en juin dernier. Tu vois qu’elle est toute neuve. C’est l’ancienne Station de Monseigneur Stuyvenberg , et elle est la plus grande du Vicariat après sa Cathédrale d’Honiara où il est maintenant, et ou souvent, il fait le Curé tout seul. Autrefois , Monseigneur Aubin restait à Tanagai , si tu te rappelles, tout change… à propos de Monseigneur Aubin, je viens de recevoir un petit mot de lui, en réponse à mes vœux de bonne année. Pendant mon séjour à Tanagai , il était venu et est resté huit semaines pour voir le docteur. Mère Marie Assumpta m’avait demandé d’aller chez lui, dire le chapelet avec lui, elle y allait elle-même de temps en temps, mais souvent était empêchée . Il avait demandé, pauvre Monseigneur , c’était une manière d’avoir quelqu’un avec lui. Il n’aime pas rester longtemps seul. Ce sont les Sœurs qui s'occupent toujours de lui. A Vutulaka les petites Sœurs sont souvent chez lui. Quelque chose qui va te faire rire : un jour que j’étais chez lui, j’allais commencer le chapelet, il me regarde avec un petit sourire malicieux qu’il garde encore à ses moments : « soeur Marie de Loyola , vous avez une mèche de cheveux qui paraît » j’ai pris le fourire, tu sais, et ai eu de la peine à m’arrêter…. Et même, en disant le chapelet, à ne pas être reprise… Il est toujours à peu près pareil. Pauvre Monseigneur ! Avec des hauts et des bas … Mais que vas-tu dire de cette lettre. J’écris comme les choses me viennent. Et je passe d’un sujet à un autre. Pour revenir à Noël. Après la messe de minuit, nous sommes passées au réfectoire, mais nous ne sommes pas restées longtemps, quelques biscuits et une tasse de café et nous allons nous coucher. Une famille de Blancs avec leurs deux enfants et un bateau Chinois, tous Catholiques étaient venus pour la fête, et avait apportés une bouteille de vin, et quelques bouteilles de soft drinks, comme soda etc. Ils venaient de la Station du gouvernement à 2h d’ici de bateau. La Sœur, à la cuisine, avait fait comme des petits pains avec les raisins dedans, les Sœurs aiment beaucoup ça. Et une tarte avec les abricots et de la crème battue dessus. C’était bon aussi. Pour les vacances, nous n’avons que quelques filles pour nous aider, donc pas beaucoup de paquets à préparer. Sœur Marie Cyrilla qui est Supérieure, m'a donné des petites choses et j’ai fait les paquets pour les filles. Pendant les vacances, j’ai souvent été occupée à la cantine d’ici aussi comme à Wanoni il y avait les corsages des filles à raccommoder, c’est un peu pareil partout comme tu vois. Travailler un peu à la Sacristie, préparer les hosties , les ciboires etc Ces jours-ci, j’étais à faire quelques petites blouses de couleur pour les grandes. Mais je ne veux pas oublier de te dire que j’ai déjà reçu les petits galons que Marcelle avait acheté pour l’uniforme de nos filles de Wanoni . Ils sont jolis et il y en aura plus qu’assez . Je les ai déjà envoyés là-bas quand même. Nous en avions déjà coupé, et commencé à les coudre, Sœur Marie William et moi. Le bon Dieu a vite fait de nous détacher, j’avoue que l’annonce de mon changement…..c’est aux enfants surtout que j’ai pensé….Mais le bon Dieu ne fait rien qui ne soit pour notre bien, et faire sa volonté avec foi et amour, un jour, ce sera cela seulement qui comptera… Je voulais te donner d’autres détails, mais mon papier est trop vite plein. Je crois que j’ai oublié de te donner ma nouvelle adresse: C m Buma , Malaita. Mais si tu t'adresses à Tanagai, ça ne retardera pas . Je dois te dire au revoir, mais je tâcherai de t’écrire de nouveau très bientôt. Je prie bien pour toi, et je suis sûre que tu le fais beaucoup pour moi, ainsi nous restons unis quand même par l’affection et la prière et t’embrasse de tout cœur comme je t’aime. Georgette Je n’avais pas envoyé ma lettre et, la tienne vient de m’arriver, ce qui m’a fait grand plaisir, mais je vois que tu te fais de la peine pour moi. Je ne suis pas à plaindre tu sais …mais je devrais être beaucoup plus indifférente, car être ici ou ailleurs… Ça n’a pas d’importance… Buma 22/02/1962 à Soeur Anne de Saint Barthélemy, Carmel, 75 rue pasteur , Cholet Ma bien chère Sœur Anne, Me voilà encore une fois bien en retard, Je voulais le faire depuis déjà quelques semaines mais , le temps est passé sans arriver à m’y mettre. Il me tardait pourtant bien de venir vous remercier de toutes vos bonnes lettres, celle de juillet, une autre d'octobre de vous aussi, avec une de Sœur Marie de l’Eucharistie , et un bon petit mot de votre Chère Mère Prieure. Tout avait pris beaucoup de temps à venir, s’étant rendue d’abord à Wanoni pour revenir ensuite. Si bien qu’elles ne sont venues me rejoindre ici que vers la mi-décembre. Presque toutes en même temps. C’est pour cela que j’avais été si longtemps, sans rien recevoir du Carmel. Mais le plaisir n’en a pas été moins grand, et savez-vous que, en attendant, faute de nouvelles lettres, je relis les anciennes. Merci à votre Chère Mère Prieur, pour son bien aimable petit mot et à Sœur Marie de l’eucharistie et les jolies images que j’ai trouvées dedans. Quelle joie de lire toutes ces bonnes lettres ! Les prières et la vraie affection de nos chères Sœurs Carmélites sont toujours un tel réconfort. Et très peu de temps après, qu’elle bonne surprise de trouver avec, une lettre de Sœur Marie Georgette, votre bonne lettre de Noël, venue celle-ci directement à Buma . Marie me disait que votre lettre lui apprenant mon changement lui avait donné un coup. En effet, je ne le lui avais pas encore écrit. D’abord, je n’étais pas encore sûre s’il serait définitif, puis, j’avais le cœur gros de ne pas retourner là-bas, et je savais qu’elle souffrirait de ma peine. Elle me devine trop bien, ma petite sœur, même ce que je ne lui dis pas… C’est vrai, j’avais eu de la peine à m’habituer là-bas d’abord, bien des choses avaient été difficiles, l’esprit des enfants entre autres, puis, grâce à vos prières, mes bien Chères Sœurs, je le pensais si souvent, tout allait bien, car on se sent aussi impuissante en ce domaine. Il n’y a que le bon Dieu pour changer les esprits et les cœurs , et ce sont vos prières, je le sais, qui ont obtenus ces changements. Et j’aimais bien Wanoni. Mais, le bon Dieu sait mieux ce qu’il nous faut, et il ne permet que ce qui peut être pour le bien de notre Âme, même si cela peut nous faire souffrir. Ces changements de poste me coûtent toujours beaucoup, et je ne devrais pas être si sensible, aussi le Seigneur a trouvé qu’il était temps sans doute de faire une purification . Et puis, faire la volonté du Bon Dieu, un jour il n’y a que cela qui comptera. N’est-ce pas ? Demandez lui pour moi de la faire toujours avec plus de générosité et d’Amour, oui si je pouvais toujours dire comme Sainte Thérèse de l’enfant Jésus “c’est ce qu’il fait que j’aime ” Mais assez parlé de moi, beaucoup trop même. Je comprends bien votre peine et celle de toute la famille, par la mort si soudaine de votre pauvre Étienne. Je me souviens bien de lui, cela nous rappelle l’avertissement du seigneur : “soyez prêt” Il était bien prêt, j’en suis sûre, lui si bon Chrétien. Comme toute la famille d’ailleurs. Et vous avez une vraie Sœur Missionnaire, Sœur Jean Joseph . Cela me fait plaisir. Connaissant un peu vos idées, je sais que vous en êtes très heureuse et que l'Afrique ne paraît plus très loin de la France maintenant. Et que de vocations dans la famille, c’est une vraie bénédiction ! Ce qui vous donne bien des joies , je le sais. Ici, nous commençons l’année scolaire, les enfants sont de retour, elles sont près d’une centaine et demain nous reprenons le chemin de l’école. La prochaine fois , je vous parlerai davantage de ma nouvelle Station. Continuez-nous vos prières, mes bien Chères Sœurs , demandez pour moi la santé pour continuer de travailler encore. Quand on voit tant à faire , on voudrait tous pouvoir faire davantage, pourtant le mieux est de ne vouloir que ce que le Bon Dieu veut. Votre chère nièce est vraiment trop bonne pour penser à envoyer des images. C’est beaucoup de peine, et je n’aime pas lui donner tout ce trouble. J’espère que la belle saison revenant, elle ne souffrira pas trop de rhumatismes. A une autre fois, bien chère petite Sœur, je tacherai de ne pas être si longtemps sans vous écrire . En attendant vous savez bien que je ne vous oublie pas . Oui, priez bien pour moi. Priez pour que nous nous retrouvions là-haut. Mais j’ai bien peur d’être trop loin de vous. A vous et à toutes nos chères Sœurs, Union de prière avec ma bien reconnaissante, affection. Sœur Marie de Loyola.