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A bord du Calédonia 30/06/1958 Biens chers tous Je vous envoyais ma dernière lettre de la Martinique le 27 juin au matin, nous arrivions à Madère, la jolie ville Portugaise, avec ses coquettes petites maisons, s’échelonnant sur la colline, entourées de verdure. Tout le monde est sur le pont. Les goélands tournoient autour du Calédonia. Bientôt, les Portugais arrivent dans leurs petits canots chargés de marchandises. De tous côtés sur le pont du bateau : de jolis travaux de toutes sortes, de magnifiques broderies surtout, c’est leur spécialité, mais c’est beaucoup trop joli pour être vendu à sa valeur. Ils n’en demandent pas cher, et encore, les gens du bateau, les passagers marchandent tant et plus . Pauvres gens ! Ils ne feront pas fortune . Les gens de Madère sont en effet très pauvres paraît-il.. Comme le bateau n’allait pas à quai , et qu’il aurait fallu louer une chaloupe, et surtout comme nous étions déjà descendues à l’aller, cette fois, nous sommes restées . Mais après dîner, nous ne restions pas nombreux sur le pont, presque tout le monde se promenait à Madère. Le soir même, le vrombissement des machines se faisait de nouveau entendre et la trépidation des moteurs, recommençait à nous secouer .Le bateau était de nouveau en marche… Le 4 juillet Nous faisions escale à la Martinique. Les officiers et employés Martiniquais sont venus sur le bateau pour les formalités.- comme toujours, quand un bateau entre dans leur port. Ils étaient presque tous Martiniquais, noirs ou métissés . Les Blancs sont d’ailleurs très peu nombreux à la Martinique. Nous nous promenons un bon moment en ville dans la matinée, mais il faisait une chaleur terrible . Un temps lourd et orageux. Dans l’après- midi une bonne demoiselle dont: Un frère habite Marseille, apprenant que le Calédonia était au quai , vint nous chercher pour nous emmener chez elle, et nous reconduire ensuite au bateau, avec un petit panier de fruits qu’elle nous laissa en partant. À 21h., le bateau se remettait en route pour la Guadeloupe, où nous arrivions vers sept heure, le lendemain matin . Pendant la nuit, l’orage avait éclaté, et le matin, un peu de pluie avait rafraîchi un peu l’atmosphère . Là encore, nous descendons prendre une bonne marche dans la matinée et aussi dans l’après-midi voir un peu le pays. Nous visitons une Basilique en construction dont la crypte seule était achevée. Le Saint-Sacrement y était déjà et on y officiait . Le samedi, l’après-midi, au moment où nous y étions, deux prêtres confessaient . C’est à peu près le seul bâtiment en construction. Il y a cependant au centre de la ville quelques beaux grands bâtiments neufs , hôtels , magasins, qui sont pour la plupart tenus par des Blancs. Il y a d’ailleurs bien davantage de Blancs qu’à la Martinique, de Blancs et de Métis. Les gens semblent aussi plus ouverts et plus accueillants . Un moment, nous avons bien pensé manquer encore notre Messe du dimanche. Le Calédonia devant lever l’ancre à 9h samedi soir à notre grand regret. Puis au souper, voilà qu’on annonce que le départ serait pour le lendemain matin à 10h. La pluie dans la matinée ayant retardé leur chargement de sucre.(3 tonnes.) Le travail n’étant pas achevé , le départ du bateau avait dû être reculé. Nous étions bien contentes, ceci allait nous permettre d’avoir tout de même la Messe. La Cathédrale était plus près du port et c'étaient les grandes fêtes, la communion solennelle des enfants. Ils étaient nombreux : une centaine de garçons et davantage de filles, tout ce monde bien habillé, comme dans nos paroisses de France. Ils étaient trois prêtres : des Pères du Saint Esprit. Un bon nombre de passagers étaient eux aussi à cette Messe. Le 8– Hier matin dans la matinée, nous arrivions à Curaçao , une des richesses de Hollande, la, sont les usines de pétrole. Ça sent le mazout à ne pouvoir respirer ! Mais la ville est à au moins 5 km de là, et les voitures de luxe ne manquaient pas pour y conduire les promeneurs. moyennant paiement bien entendu. Deux dollars par personne, la monnaie Américaine seule ayant cours. Tant qu'à nous, nous nous sommes tranquillement promené sur la grande route, Soeur Marie Blaise et moi , Sœur Marie Thaddée préférant rester dans la cabine. Loin de la zone, des usines et de l'odeur du mazout, une bonne marche, nous fait autant de bien, sinon plus, que la promenade en auto, et même la crème glacée, que les bonnes dames, a leur retour, nous disaient avoir dégustée… Le 12– Nous voguons , maintenant, dans le grand Pacifique, Le 9, vers 5h30 dans la soirée, nous étions à Cristobal dans la zone du canal, mais comme on ne le passe jamais de nuit, nous sommes restés à quai . Après souper, les passagers étaient libres de descendre en ville.Nous en avons profité nous aussi, pour prendre une petite marche et voir un peu le pays. Sœur Marie Thaddée préféra se mettre au lit. Bien des rues étaient très bien éclairées , tandis que d’autres étaient dans le noir. Nous n’avons pas eu bonne impression. Dans les quartiers où nous nous sommes promenées du moins, ce n’était que bars et magasins. Il y a à peu près que des Noirs et quelques Métis. Nous sommes arrivées devant une petite Eglise où de braves jeunes noirs, en nous voyant entrer , s’empressèrent de tourner tous les boutons pour bien l’éclairer . Elle paraissait toute neuve. Au retour, devant un assez beau magasin, une jeune dame semblait nous attendre pour nous saluer. Elle nous demanda si nous venions de France., Et nous dit qu’il y avait six ans qu’ils étaient ici ,elle et son mari, et n’étaient pas retournés depuis. Et si je retournais à Paris–elle est Parisienne–je ne reviendrai plus ici disait- elle . C’est dire qu’elle ne se plaisait guère. Ils font beaucoup moins d’affaires qu’autrefois depuis que les voyages sont plus fréquents par avion. Le lendemain matin, vers huit heures, le pilote avec les autorités Américaines viennent prendre en charge le Calédonien, bientôt il s’engage dans le canal, entre les deux grands murs, Le Calédonien ne prend pas toute la largeur puisque de bien plus grands bateaux peuvent le passer. Là, les machines du bateau sont arrêtées : ce sont des locomotives, montés sur des rails en haut du mur, qui tirent le bateau pour qu’il ne vienne pas frapper entre les parois . Puis, les écluses s'ouvrent automatiquement pour laisser entrer l’eau à la hauteur nécessaire au bateau. En ce moment, cela fait penser au train, avec la verdure, tout près de chaque côté, et même par endroit, de jolies pelouses bien soignées . Le passage du canal dure environ sept heures. Puis c’est Balboa mais le bateau ne s'arrête pas. Nous Voguons maintenant en pleine mer et du plus loin que s’étend l’horizon nous ne voyons plus que le ciel et le grand océan. et cela, ce sera pendant 11 jours. Nous passons de bons moments dans la cabine où nous lisons l’office, prions, nous avons le temps de dire le rosaire en entier. Nous nous reposons aussi. Les moments où nous ne nous sentons pas très bien, sans avoir vraiment le mal de mer, et puis devant le ciel et l’océan…Il est facile de faire des méditations. Entre-temps, nous lisons, nous avons quelques revues et magazines. D’autres moments nous allons sur le pont. Quelques passagers sont étendus sur leur chaise longue, d'autres jouent au ping-pong et autres jeux. Hier soir nous nous y promenions après souper. Ils sont trois Messieurs Américains à bord, l’un deux nous salue et commence à bavarder.(en anglais naturellement) puis, regardant la mer : « il y a une chose, dit-il, que je n’ai jamais vu, et que j’aimerais bien voir, c’est une tempête sur la mer » Nous protestons, disant que c’était bien la dernière chose que nous désirions voir, et que nous espérons bien que sa fantaisie ne se réaliserait pas. « Ah Well » fait-il en riant « je crois bien que je ne gagnerai point contre vous » Quels drôles de gens , n’est-ce pas .. D’autres, des Messieurs, ou des enfants, jouent au ping-pong ou d'autres jeux : Quelques autres encore restent tranquillement, allongés sur leur chaise longue, mais je m’aperçois que je me répète… Les passagers en général ont des manières polies et amicales .Les dames et même les messieurs viennent facilement dire un petit mot.Les enfants aussi rôdent assez souvent autour des Bonnes Sœurs. Il est vrai que les bonbons que nous leur avons donnés deux ou trois fois pourrait bien y être pour quelque chose. Le 13– Hier matin, nous passions, l’Équateur. Un petit garçon qui entendait parler de la ligne demandait à son père: « papa, où elle est » je ne la vois pas » Comme d’habitude, il y a eu la fête du baptême de ceux qui passent la ligne pour la première fois, ils étaient jetés dans la piscine. Le premier et deuxième Commissaire sont passés les premiers avec souliers, casquette blanche, habillement complet, tête la première… Les soirs aussi, il y a cinéma inutile de vous dire que nous n’y paraissons pas. Le 14 juillet - Ce matin, tout le monde était réuni sur le pont de première à cause du 14 juillet. Tous les soldats (ils sont 75) s'étaient mis en uniforme pour la circonstance, étaient placés en ligne, plus quatre gendarmes, puis le Commandant et les Officiers du bateau pendant que bien droit et la main au képi ils entonnaient la Marseillaise. Plusieurs Messieurs braquaient alors leur caméra… Jean en aurait été aussi… Toute la journée, les gens étaient très excités. Les gentleman avaient peut-être bien bu un petit coup de trop, et quelques dames aussi peut-être. Le soir jusque vers 2h du matin, il y avait bal masqué , sans l’avoir vu, ça devait être du joli… Mais pour cette longue traversée, sans escale, il faut bien imaginer quelque chose pour tuer le temps. et c’est tout ce qu’ils ont trouvé de mieux à faire. Nous sommes bien 400 passagers, au moins, dont une centaine de Finlandais hommes, Femmes, enfants, tous plutôt jeunes , qui vont s’établir en Australie. Mais pour le moment, personne d’entre eux ne semble parler ou comprendre l’anglais, et le français, pas davantage naturellement. Ils ne se mêlent guère aux autres passagers pour cette raison sans doute. Ce sont des gens forts et bien bâtis. Le 16. Il faisait tellement de vent sur le pont, je me suis rendue du salon au fumoir, ou un peu de tout ce que l’on veut, mais il y avait un tapage ! Dans un coin où se tient le bar, plusieurs messieurs, discutaient à tout casser en buvant un coup… au piano, une petite fille d’une dizaine d’années avec son livre, jouait frère Jacques ou quelque chose dans ce genre, au milieu de la salle, sept ou huit Tahitiens et Tahitiennes chantaient, bavardaient et riaient aux éclats. Heureusement qu’ils ne sont pas nombreux de cette espèce, à eux seuls, ils peuvent faire autant de bruit que tous les passagers ensemble. Enfin, dans un autre coin du salon, quelques dames étaient assises, lisant ou bavardant tranquillement. Je suis allée m’installer de leur côté. Voyez un peu par-là . Quel est notre entourage et comment se passent nos journées . Le 18- Les fêtes du 14 juillet continuent . Hier c’était la fête des enfants, et c’était encore le plus charmant. La jardinière d’enfants les avait bien exercés . Non, sans peine, car ils étaient une bonne troupe. Tous étaient costumés, mais c’étaient les mamans qui s'occupaient de préparer les costumes de leurs enfants selon leurs rôles , quelques dames avaient même demander un peu d’aide des Sœurs. Il y en avait beaucoup fait en papier, Ils étaient tous bien mignons, tout le monde prenait part à la fête, même les officiers du bord. Après la petite séance, un goûter était servi aux enfants. Et le plus gentil était que les petits Finlandais qui n'avaient pu avoir d’école à cause de la langue, prirent quand même part au goûter avec les autres enfants. Nous arriverons à Tahiti, peut-être après-demain au soir ou lundi matin, c’est la que je vous expédierai ma lettre . La prochaine, ce sera de Port- Vila. En attendant, je vous reste bien unis par la pensée et vous embrasse bien affectueusement tous Sœur Marie de Loyola A bord du calédonien le 25 juillet. Bien chers Tous, Lundi 21 - Nous faisons donc escale à Tahiti après cette longue traversée de 11 jours en pleine mer. Tout le monde était heureux de voir enfin apparaître la terre . La veille au soir nous passions des petites îles et déjà au souper régnait une plus grande animation . Ce matin au petit jour , tous les passagers , même les plus paresseux , sont déjà sur le pont. Le bateau , pour ne pas se présenter trop tôt à Papeete , avait dû paresser toute la nuit et se traîner à une allure des plus modérées , la passe dans la barrière de corail ne pouvait s’effectuer que de jour . Sur la côte Tahitienne , de loin en loin une petite lumière , puis peu à peu le soleil commençant à poindre à l’horizon , de hautes montagnes sortent de l’ombre, on en voit de toutes formes. Les unes ressemblent à de vrais châteaux forts , et par endroits de plus petites les entourent comme des tours . C’est vraiment très beau . Au-delà du récif qui entoure l’île , des rangées de cocotiers au rivage , un peu en arrière , on aperçoit des cases. Une vedette nous rejoint. Agile , le pilote et un médecin montent à bord à l’aide d’une échelle de corde . Encore quelques milles,et voici Papeete enfouie dans un nid de verdure et de fleurs. On aborde en bas , au quai , une foule de gens de toutes sortes : Tahitiens, Blancs, mais surtout Métis de toutes espèces, Chinois, Indiens, Tahitiens, Blancs, et quelques vrais Noirs . La plupart des femmes - les hommes aussi - sont vêtus à l'Européenne ,ou quelque chose d’approchant . Les jeunes surtout , avec leurs toilettes claires et légères , qu’elles portent d’ailleurs avec beaucoup d’élégance et de distinction . Des appels, des cris de joie, des rires…comme nous allons débarquer , des jeunes filles , surchargées de colliers de fleurs vont d’un passager à l’autre , c’est l’accueil poétique de Tahiti. Pour plusieurs de nos compagnons de voyage , c’est vraiment le port. Ils sont arrivés au bout de leur voyage. Sitôt après notre descente de bateau , comme nous nous promenions dans les rues de Tahiti , nous rencontrons une des Sœurs de St Joseph de Cluny qui nous invite avec une aimable insistance , à venir déjeuner chez elles , et à y venir aussi souvent qu’il nous plairait durant le temps de l’escale. Elles sont en pleines grandes vacances , suivant pour cela le règlement de France . Nous allons aussi faire une petite visite à Monseigneur Maze , qui connaît bien notre Congrégation . Il avait même demandé de nos Sœurs , il y a quelques années , pour prendre en charge une école à Tahiti . Il nous reçoit avec une grande bonté , nous montre une chambre qu’il met à notre disposition , et où, dit-il , nous pouvions venir sans avertir, à n’importe quel moment, si nous pouvions lire ou écrire ou simplement nous reposer . C’est certainement un saint homme . Le soir même , après notre retour au bateau , il envoya un garçon nous porter tout un panier de fruits . Il fait chaud, nous avait-il dit, et cela vous fera du bien . En effet , il fait bien aussi chaud à Tahiti qu’aux Salomon, si nous n’avions pu encore cette fois avoir notre messe du Dimanche, nous avons pu y assister les trois jours suivant , la Cathédrale étant à 5 mn seulement du port . Nous avons visité les magasins ( pour rien d’ailleurs) qui ne manquent pas et sont assez bien fournis . On peut trouver un peu de tout avec beaucoup moins de choix que « chez nous » bien sûr, mais il y a ce qu’on ne trouve pas ailleurs , beaucoup de curios, de jolies choses : colliers, broches, croix etc … des figures incrustées dans le nacre avec certains beaux coquillages qui donnent de jolies teintes .Tous ces ouvrages si délicatement travaillés sont faits à Tahiti même par les gens du pays , ou les moitiés Blancs, ou Chinois , ou encore Indiens , ou quel mélange ? Enfin , nous n’avons point trouvé le temps de l’escale trop long . Cela fait tant de bien de se trouver un peu à terre . Le matin du jeudi nous assistons à la Messe puis allons dire au revoir aux Sœurs . A 10 heures le bateau levait l’ancre . Des passagers étaient descendus , d’autres sont montés pour se rendre surtout en Australie et quelques-uns à Nouméa .On a raconté que deux Anglais avaient manqué leur bateau exprès , mais ils en seront quitte à payer quand même leur place , et même , on leur promet de la prison à l’arrivée . Sont aussi montés à Tahiti quatre Yankees . Je les mentionne en passant parce que depuis , ils accaparent notre petit coin de pont bien abrité , où nous avions l’habitude Sœur Marie Blaise et moi de nous installer de bons moments . Deux d’entre eux y dorment même la nuit aussi ils sont toujours arrivés les premiers bien entendu . Mais nous ne lâchons pas la place pour autant. Et comme ils sont très polis et tranquilles, ça va. Sœur Marie Chaldée ne se résigne pas à quitter sa belle cabine de 1ère classe. Le 28- Et de nouveau nous voguons en pleine mer pour six ou sept jours encore .Tout autour de nous c’est l’horizon sans limites, rien que le ciel et l’immense océan . Devant cette vue , on se sent bien petit . De nouveau encore la voix puissante des machines . La mer fait entendre sa longue plainte monotone . On la sent tout près , s'écrasant sur les flancs du navire . Quand on pense que nous sommes couchés au-dessus de 6 à 7000 mètres de fond ! A 4 mille kilomètres de la côte la plus proche ! Le 29 - Cependant nous ne devons pas nous plaindre car à part 4 ou 5 jours avant Tahiti où nous avons eu un peu de tangage et de roulis ces deux ou trois derniers jours , et encore ce n’était pas vraiment mauvais , la mer a été bonne tout le long . J’en remercie le Seigneur . Je vous remercie vous aussi , car je suis sûre que c’est grâce à la messe , et aux prières avec lesquelles tous vous nous avez accompagné que nous avons eu un très bon voyage. Après-demain nous arriverons à Port Vila. Port Vila - le 1er Août - Nous voici chez nos Sœurs à l’école Sainte Jeanne d’arc depuis hier dans la matinée . Le Tulage que nous devons prendre pour les Salomon n’arrivera que jeudi ou vendredi en huit. Cela va donc nous faire une bonne semaine ici. J’ai trouvé deux lettres de Mère M Assumpta qui m’attendaient . Et vous, que devenez-vous ? Il me semble qu’il y a une éternité que je n’ai rien de vous !…. J’espère bien trouver de vos nouvelles en arrivant à Tanagai . Par la pensée , je vous fais bien des visites . A saint Lumine , il me semble voir Drienne allant mener ou chercher les vaches au marais . Une fois le temps ce sera aussi une petite promenade pour les filles . Petit Jean est il allé au bord de la mer avec l’Abbé ? Et les business sont-elles toujours aussi pressées ? Au Pey , le travail doit battre son plein . Je vous vois tous travaillant si tard le soir . Marie- Georgette est heureusement à la maison maintenant en vacances , et vous aidera avec petit Manuel et les filles je veux dire, elle sait bien s’en occuper . J’espère aussi que tu n'oublieras pas de m’écrire une longue lettre pendant tes vacances n’est-ce pas Marie-Georgette ? Je demande au Seigneur de vous bénir tous et vous embrasse avec toute mon affection. Sœur Marie de Loyola. Mon bonjour aux cousins et cousines . Avec mon affectueux souvenir à la martinière , Samuel, à St Étienne ..etc Marie Voisine est-elle remise ? Tanagai le 5/09/1958 Ma bien chère petite sœur À la hâte je t’écris ce petit mot comme promis, car le temps pour la correspondance est bien limité a Tanagai . Le temps passe peut-être encore plus vite que n’importe où ailleurs, avec tous les gens de passage ..Pères , Frères , etc. Il y a toujours à préparer une chose ou une autre. Ça n’arrête pas, mais c’est encore Mère Marie Assumpta la plus prise de toutes. La pauvre n’a guère de répit. La deuxième semaine de mon séjour ici , je l’ai passée à Visalé ou il y avait réunion de toutes les Sœurs de Guadalcanal, pour la Retraite, une Retraite de six jours pleins. Là, j’ai été contente de voir Mère Marie Reine et les Sœurs. Elle a demandé de tes nouvelles et de toute la famille. J’ai vu aussi Victoria et Melania, avec leur grand sourire. Heureuses qu’elles étaient, contentes de pouvoir bavarder avec moi. Je leur ai donné à chacune leur image et leur collier avec la jolie médaille de Lourdes. Mère Marie Reine m’avait demandé le lendemain de faire une petite Conférence aux Novices sur Lourdes. Ce que j’ai accepté volontiers, j’avais devant moi un auditoire que j’aime, et devant lequel je me sentais parfaitement à l’aise . Elles étaient aussi si attentives et intéressées. Est-ce que je t’ai dit que Victoria était Novice depuis le 2 juillet, auparavant elle n’ était que postulante, Melania n’est encore que Juvéniste, mais elle commencera bientôt son postulat. Durant la semaine passée, à Visalé , je passais tous les jours un petit moment avec elles pendant la récréation. Si j’oubliais, elles venaient me chercher. Mère Marie Reine , est bien contente de toutes les deux. Victoria, surtout qui est sérieuse et a une Âme très profonde. Naturellement, cela me fait plaisir et me donne l’espoir qu’elles persévéreront dans leur vocation. Dit une petite prière pour elles de temps en temps. Et enfin, nous avons pu trouver une journée pour ouvrir les caisses. Il me tardait de le faire, pour savoir s'il n’y avait rien de cassé ni d’abîmé . Mais tu vas être contente, car tout est en bon état, pas même caboché , dans la malle en fer , il n’y a que dans une valise qu’une bouteille d’eau de vie a été brisée . Et ça a dû déjà être fait à Marseille.. Il faut voir à ces quais comme ils traitent les bagages, comme ils jettent, malles et valises ! Ce n’est pas étonnant, je l’avais ouverte peut-être une heure après être montée sur le bateau et elle était cassée. Rien n’en a été abîmé que mes chemises qui en ont été quittes pour un lavage. Et j’ai d’autres bouteilles, comme tu sais. La Mère et les Sœurs m’ont dit que vous m’aviez bien gâtée, que j’avais vraiment que de belles et bonnes choses, et des choses utiles. C’est vrai aussi, et maintenant qu’on a bien admiré, il me faut remettre en place, refaire mes malles pour partir à ma nouvelle destination . Comme je suis très riche, grâce à toi surtout - puisque paraît-il, tu as voulu payer la grande partie - j’ai encore beaucoup à ranger . Et puis, Monseigneur, est décidé à partir plus vite que nous n’avions pensé. Ce sera probablement pour mardi soir, nous voyagerons de nuit pour le début. Il va donner la Confirmation à Malaita. Mère Marie Assumpta vient me conduire jusqu’à Makira, Mère Marie Reine sera aussi de la partie. Tu vois que je vais faire le voyage en bonne compagnie. Je compte sur tes prières, ma chère Drienne, pour m’aider dans les œuvres de cette nouvelle Station. Je t’écrirai dès que je le pourrai une fois rendue, mais il te faudra sans doute attendre un peu. alors, patience n’est-ce pas. Et toi, que deviens-tu ? Ne sois pas trop paresseuse à me donner de tes nouvelles. Avez-vous enfin eu un peu de beau temps ? Ici c’est une vraie sécheresse. On fait des prières pour la pluie. Es-tu allée voir Marie dernièrement ? Je dois vite te quitter pour me mettre au travail, mais je te retrouve souvent par la pensée et t’embrasse avec toute mon affection. Georgette Nous avons ouvert une bouteille ici, j’en laisse une autre pour Monseigneur et le Père de Theye . Le reste, je l’emporte avec moi. Tanagai ce 06/09/1958 Bien chers Marcelle et Jean et toute la famille , Ta bonne longue lettre reçue dès mon arrivée à Tanagai, chère Marcelle , m’a fait un très grand plaisir. Depuis je n’ai rien reçu, mais peut-être va-t-il en arriver avant mon départ d’ici, j’espère, encore. Ici, c’est un peu comme chez vous : un perpétuel va-et-vient…. Pour différentes raisons cependant… Un jour, on part en Jeep, une autre fois en car pour la ville.. Un autre jour, ce sera en bateau.. D'où, préparations pour ceci, courses pour cela… toujours une chose ou une autre, Aussi, il n’est pas facile de se mettre à la correspondance. La deuxième semaine après mon arrivée, je l’ai passée à Vutulaka , le mardi matin, nous étions allées Mère Marie Assumpta et moi, conduire, Sœur Marie Blaise, à l’avion, ensuite nous partions, par jeep, rejoindre les autres Sœurs réunies à Vutulaka pour la Retraite, mais les Guadalcanal des environs seulement c’est-à-dire :Visale, Ruavatu et Tanagai. Parties déjà depuis dimanche matin par bateau . J’ai donc vu Mère Marie Reine , qui m’a tout de suite demandé de vos nouvelles. Elle a gardé un bon souvenir de la visite qu’elle vous avait faite . Ce n’était pas un bon moment pour parler, toutes les Sœurs étant là.. Elle était bien occupée . Et Victoria et Melania, je vous assure qu’elles n'étaient pas loin quand je suis descendue du jeep, avec leur grand sourire et toute leur contenance disaient combien elles étaient heureuses. Chaque soir, à la récréation, elles venaient me trouver un petit moment. Et elles me racontaient leurs petites histoires . Mère Marie Reine m’avait demandé de revenir passer quelques jours à Vutulaka et d’emporter mon projecteur pour leur montrer mes vues. Mais je vois bien, maintenant que je ne pourrai pas, je n’aurai pas le temps avant de partir. Monseigneur est décidé à partir plus tôt que nous n’avions d’abord pensé.. Il fait la tournée de Malaita jusqu’à Makira . Nous voyagerons sur son. « Santa Anna. » Mère Marie Assumpta est aussi de la partie. Et, cette fois, nous avons ouvert les malles. j’avais déjà fait allusion deux ou trois fois.. puis patienté , je voyais bien qu’elle n’avait pas un moment . Mais un jour, il fallait quand même bien y arriver. Je lui dis : « ma Mère, vous êtes à moi ce matin, on ouvre les malles aujourd’hui ( sans point d’interrogation) alors, elle me regarda - elle avait sans doute un autre travail en tête - mais elle sentait un ton résolu , et c’est probablement ce qui la fit rire. Et répondit : « Bon, allons-y» . Et ce jour-là, on a ouvert les trésors . Mes compliments ! Ou plutôt, nos compliments , car Mère Marie Assumpta m’a dit de vous faire les siens à vous deux ! Vous avez pu en loger de ces choses ! Toutes sortes de choses étaient tassées là-dedans ! C’était vraiment bien emballé ! Vous êtes vraiment des emballeurs de profession. Et tu sais , Jean , rien de cassé, ni même bosselé, pas abîmé du tout quoi ! ! N’est-ce pas merveilleux ! Votre famille vous a bien gâtée , me disait la Mère, vous n’avez que de belles et bonnes choses et des choses utiles . Mon projecteur et les films sont aussi en très bon état. Nous avons été a Honiara pour les accu… où batteries à 6 V, mais le monsieur nous a surpris, lorsqu’il nous a dit que cela pourrait couter de 11 à 12 livres.( la livre égal environ 1000 francs ) La Mère a fait un gros oh! Elle n’avait pas idée du prix, ni moi non plus. Tandis que si nous avions de l'électricité, ce serait si facile et bien moins coûteux. Les Sœurs à l’école d’ Honiara l’ont . Mais ce n’est pas installé jusqu’ici. Je vais peut-être leur laisser mon projecteur et les films pour un moment. Elles ne m’ont pas demandé, mais je vois bien que ça leur ferait grand plaisir de les voir. Pour l’électricité ce n’est pas le même courant. Il faudra un dévolteur, mais cela peut s’arranger. Nous allons aller de nouveau à Honiara pour les accus… Enfin, bref, vous voyez, nous ne sommes pas encore arrivés à passer nos vues, et pourtant, les Sœurs ont hâte de les voir. Elle me dit que j’avais aussi un beau projecteur etc….. Je n’ai pas encore eu de nouvelles du Pey. Toujours les mêmes… C’est vrai qu’ils ont tellement à faire, Petit Jean a-t-il été content de son camping ? Je suis sûre que les filles en étaient jalouses … excepté Marie hein ! Qu’ont-elles fait durant ces longues vacances ? Un séjour au Pey de temps en temps .. et puis quoi encore ?… J’espère recevoir une lettre bientôt, ou elles me raconterons cela … Françoise va bientôt se préparer à partir en pension. Est-ce que cela lui sourit assez ? Et Marie-Georgette, va-t-elle m’écrire et me parler de ses amours ? Est-elle vraiment emballée de ce jeune homme ? Heureusement, s’il a deux ans de service militaire à faire, en attendant Marie-Georgette aura le temps de réfléchir, sans cela, elle serait peut-être un peu trop pressée, qu’en penses-tu Marcelle? J’espère qu’elle est sérieuse au moins. Essaie de savoir et fais-lui la leçon au besoin, tu es sa grande sœur. Ma prochaine lettre sera maintenant de Wanoni bay ou Makira bay : l’une ou l’autre, c’est la même Station. En attendant, je vous reste bien unis par la pensée et aussi par la prière. Et vous embrasse avec toute mon affection. Georgette.–soeur Marie de Loyola Tanagai le 08/09/1958 Bien chers tous , Que devenez-vous ? Pas de nouvelles du Pey depuis mon départ, Du moins pas directement, car j’en ai eu tout de même par Saint Lumine. C’est vrai, vous avez dû tellement être occupés tous ces mois aussi ! Je vous vois souvent par la pensée, après avoir en vitesse fait le travail de la maison, vite, il vous faut partir aux champs , retour à la maison de nouveau, tout le travail à faire, n’est-ce pas ! Heureusement, Marie- Georgette, qui est à la maison pour ses vacances, doit prendre soin des petites et du petit Manuel … Il ne marche pas encore tout seul, je pense, j’espère que Marie- Georgette m’aura écrit. J’attends une lettre d’elle, à moins qu’elle ne soit tout à fait perdue dans ses amours… Comment avez-vous trouvé ce jeune homme ? Et comment est sa famille ? Heureusement il a à faire son service militaire et elle devra au moins attendre, car elle est vraiment bien jeune pour se marier maintenant, et en attendant, elle aura le temps de réfléchir et de choisir avant de s’engager, d’engager toute sa vie…Les vacances vont bientôt toucher à leurs fins , je suppose. Quand doit-elle rentrer de nouveau aux herbiers ? Quant à moi, je me prépare à partir pour ma nouvelle destination. Nous avons ouvert, malles et valises pour montrer les trésors qui ont été fort admirés. Tout le monde est d’accord pour dire que je n’ai apporté que de belles choses, bonnes et utiles. et que vous avez été bien généreux , toute la famille . Mais ensuite il a fallu tout remballer pour partir à Makira . Comme, ni les batteries, ni le fil pour l’électricité ne sont prêts encore ( les choses ne vont pas vite dans ces petits pays). Je n’ai pas encore pu essayer mon projecteur et montrer mes films et n’aurai pas le temps avant de partir. Et puis comme je sais que la Mère et les Sœurs ont grande envie de les voir.( bien qu’elles ne m’aient pas demandé). Je crois que je vais leur laisser pour quelques temps. A Tanagai, elles ont l'électricité à l’école d’ Honiara . Mère Marie Reine aurait voulu aussi que je les passe pour les Novices et petites Sœurs à Vutulaka , et puisque d'autre part, il me faut d’abord une fois là-bas apprendre la langue pour pouvoir en leur montrant leur expliquer aussi. En attendant à Tanagai et a Visalé on sera content de s’en servir. Monseigneur a envi de partir après-demain pour Malaita, puis Makira, c’est par cette occasion que je vais m’y rendre. Mère Marie Reine et Assumpta sont de la partie aussi. J’ai encore à finir de ranger plusieurs choses et à boucler. Makira - le 16 septembre. Au moment où je vous écrivais de Tanagai , j’ai dû sortir, et ensuite je n’ai pas pu me remettre avant de partir…Comme vous voyez, me voici à Makira depuis trois jours, et c’est là que je viens achever ma lettre . Nous nous embarquons le mercredi 10 à 2h du matin. Monseigneur avait dit sa Messe vers une heure, ensuite petit déjeuner et départ.. Vers 11 heures dans la matinée, nous faisions escale à Rohingri, une Station où sont un Père et un Frère. Pas de Sœurs . C’est le Père, le pauvre, qui faisait la cuisine , et a préparé nos lits. Mais aussi, il a bien profité de l’occasion pour demander à Mère Marie Assumpta de lui envoyer des Sœurs. Le lendemain matin nous reprenions le bateau pour Rokera à 6h de là, nous passions là le reste de la journée du jeudi et vendredi et le samedi matin, nous nous mettions en route, cette fois, directement pour Makira, Mère Marie Reine elle, attendait là le retour du bateau.. La mer a été très mauvaise cette dernière partie du voyage . Et bien sûr, j’avais le mal de mer, et vomissait la bile presque tout le long. . Mère Marie Assumpta était un peu meilleur marin, un moment elle crachait elle aussi… enfin je vous assure que je n’étais pas la moins heureuse quand vers trois heures dans l’après-midi nous avons mis pied-à-terre à Makira . Et maintenant, après un peu de repos, ça va. Dimanche dans la matinée, Monseigneur donnait la Confirmation , assisté des deux Pères , un Père Néo-Zélandais et l’autre est Hollandais. Nous sommes trois Sœurs, pour le moment du moins, une Nantaise de Saint- Étienne de Montluc et une Sœur Américaine. Il y a 32 filles à l'école, c'est bien peu. Je vais demander de faire dire une petite prière à Marie Charriau pour qu’elles viennent plus nombreuses. C’est tellement important les écoles. Monseigneur va partir demain pour une autre île ,où sont deux Pères, pour donner la Confirmation.. Hier 15- fête de Notre-Dame des sept douleurs ,c’est la fête patronale d’ici. Il y avait beaucoup de monde. Monseigneur et Mère Marie Assumpta vont sans doute repartir lundi prochain, j’espère qu’ils auront un meilleur voyage de retour ! Et moi la première chose que je vais faire, c’est de me mettre tout de suite à l’étude de la langue car c’est une grande difficulté. Je dois vous quitter. A bientôt de vos nouvelles j’espère. Je vous reste bien unis , et vous embrasse avec toute mon affection., Georgette Wanoni Bay Ma bien chère petite sœur , Il me semble qu’il y a une éternité depuis ta dernière lettre. Que deviens-tu ? Comment vas-tu ? Les naissances dans la famille ont dû t’accaparer… Le temps retardé de te mettre à la correspondance. J’ai su par une lettre de Marguerite encore à l’hôpital, qu’une petite Bernadette leur est arrivée. J’espère que chez Marcelle, tout s’est bien passé aussi, et que tout va bien . J’attends ta lettre pour me donner des nouvelles de toi d’abord et de tous. Qui couche dans la grande chambre avec toi maintenant ? Est-ce toujours la même bonne chez Marcelle? Et maintenant, les vacances de Noël seront vite là , le temps passe bien vite malgré tout. Il est passé encore plus vite pour nous ces 2 mois, car nous avons quitté pour Visalé dès les derniers jours de septembre, pour notre Retraite : cinq jours de voyage pour l’aller et quatre pour le retour. A l'aller, nous avons quitté notre Station, la première étant la plus éloignée, et le bateau s’arrêtait dans les Stations sur le parcours pour prendre les Sœurs à bord avec nous. Nous n’étions pas fâchées d’ailleurs à chaque fois de descendre un peu sur la terre ferme. Une journée dans un endroit ou dans un autre,… passer une bonne nuit . Nous étions à Visalé presque trois jours avant de rentrer en Retraite. Nous avions un peu de temps pour nous revoir . J’ai été contente de parler à Mère Marie Reine et particulièrement aussi de revoir Sœur Marie Gérald et d’avoir de bonnes causettes ensemble. Ce qui nous a fait plaisir à toutes deux. Mais la Retraite terminée, nous n’avons pas eu de temps du tout. La dernière cérémonie de Retraite était le dimanche à 11h et le lendemain à 5h du matin nous reprenions le bateau. C’est que, en rapatriant les Sœurs, le bateau devait prendre les Frères pour les réunir à Tanagai pour la leur. Ensuite, ça a été : celle des Pères ici à Wanoni comme tu peux imaginer, ça a été un vrai remue-ménage pour servir tout ce monde ! Sœur Marie Stéphanie était revenue pour l’occasion pour aider, et quatre petites Sœurs Indigènes. Malgré cela, c’était tout le temps travail à la cuisine . Sœur Marie William, heureusement, s’y connaît bien . Elle est bonne cuisinière. Deux jours avant que les Pères arrivent, le Père ici avait fait tuer une vache,, les jours suivants deux cochons, et finalement un veau. Deux hommes qui s’y connaissent assez bien, et travaillent à la Station, s'étaient occupés de les tuer et de les préparer. C’était déjà quelque chose !…Et j’avais mis nos meilleures filles à nous aider à la cuisine. A la fin de la Retraite, le dimanche, c’était la fête du Jubilé, Grand-Messe chantée Pontificale en plein air. Il y avait foule, car les gens de tous les côtés du district étaient là. Ils n’avaient jamais vu choses pareilles, tant de Prêtres réunis, et cette belle cérémonie, ils s’en rappelleront, je pense. Le midi et le soir, ils étaient 34 à table. Heureusement, dès le lendemain, il y a eu les premiers départs et trois jours après tout était fini. Et combien heureuses et soulagées nous en étions tu le penses bien , car nous en avions plus qu’assez . Et les enfants aussi. Ensuite, nous leur avons donné quelques jours de vacances, c’était le seul moyen d’ailleurs pour que nous ayons ainsi un peu de repos. En ce moment, il fait une sécheresse peu ordinaire . Nous manquons d’eau. Les enfants doivent aller en chercher à la rivière pour le lavage, heureusement, tout près. « Chez nous » tu dois souffrir du froid au contraire, car nous serons bientôt à Noël. Aussi je dois m’arrêter vite pour qu’il me reste assez de papier pour te souhaiter d’abord joyeuses fêtes de Noël bien chère petite sœur et bonne et heureuse année. Près de la crèche et pendant toutes ces fêtes, je te serai encore davantage unie par la pensée et par la prière. Tu prieras pour moi aussi n’est-ce pas. Que l’enfant Jésus te bénisse et obtienne beaucoup de grâce et de joie du ciel car nos vies sur terre passent bien vite et ne sont guère parfaites. Je voudrais écrire un petit mot chez Marcelle mais je ne sais trop quand . En attendant, tu voudras bien leur dire que je pense bien à eux, et surtout prie bien pour eux. Joyeux Noël, bonne année, bonne santé le paradis à la fin de vos jours. A bientôt de te lire chère petite sœur. Je t’embrasse avec toute l’affection que tu sais et toute la famille. Georgette–soeur Marie de Loyola J’espère que tes lunettes sont bonnes, sans quoi tu auras de la misère de lire cela. Wanoni - bay Chère petite sœur J’ai attendu un peu pour t’écrire pensant qu’une lettre de toi m’arriverait, mais comme elle tarde, je n’attends pas plus longtemps avant de venir te trouver. Comment vas-tu ? Ma chère Drienne ? Il me tarde toujours d’avoir de tes nouvelles. Maintenant, je peux tellement mieux te voir, et si bien que souvent tu me semble tout près, surtout à L'église où je prie pour toi et Tanis. Je t’assure que je te retrouve chaque jour et parle de toi au bon Dieu chaque jour. Il doit faire bien froid à Saint Lumine ,à la taillée , et je te vois le matin et l’après-midi préparant les bonnes flambées…. Heureusement, nous n’en avons pas besoin, nous n'avons pas de cheminée, seulement dans la cuisine, et nous le trouvons bien trop chaud. J’ai reçu la semaine dernière une lettre de Marie, elle me disait qu’elle n’avait pas eu de tes nouvelles depuis un moment qu’elle pensait que tu devais être occupée à tes vendanges. As-tu une bonne récolte cette année ? Dommage que je ne pourrai pas goûter ton bon petit vin rouge cette année…Il est pourtant bon , j’ai gardé une bouteille que tu m’avais donnée pour Noël…. Tu n’as pas eu trop de misère pour trouver quelqu’un pour t’aider ? Comment vont Marcelle et Jean ? Ils ont dû encore avoir beaucoup de travail avant l’entrée de l’hiver. Peut-être sont-ils un peu plus tranquille maintenant. Pour moi, j’ai à m’habituer à mon nouveau poste. C’est assez différent d ‘Avuavu , la mer est calme par tous les temps, puisque c’est une baie, aussi, beaucoup de bateaux s'arrêtent ici : les Chinois, recruteurs cherchant des travailleurs Indigènes, quelques Blancs aussi, la Station du gouvernement. On est qu’à à peine deux heures d’ici. Il y a quelques deux semaines, le haut Commissaire, sa femme et quatre Blancs, sont venus ici, Nous sommes allés, le Père avec ses garçons et nous avec les filles recevoir au rivage, et chanter au représentant de la Reine ” God Save the Queen.” Ils sont venus nous visiter chacune dans notre classe, J’ai même dû les recevoir dans la salle à côté pour les petites Sœurs. Une assez jolie classe, toute neuve, elle a été terminée en juin dernier je crois. Ils sont arrivés tard, Dieu merci, et n’ont pu rester très longtemps. Pourtant ils ont été gentils mais nous étions contentes quand même de les voir partir. Tu comprends, peut-être, à cause de la situation de la Station, elle a peut-être un aspect moins sauvage et cependant je préférais Avuavu …. Plus tard, peut-être que non…. Nous avons une bien jolie église, bâtie il y a plus de 30 ans par un bon vieux Père français, mort, maintenant. (d’ailleurs, j’espère pouvoir vous en envoyer une photo plus tard). A propos de photos, je n’ai jamais reçues celles en couleur. Peut-être ne sont-elles pas réussies. Les Sœurs ont encore mon projecteur à Tanagai, jusqu’à ce que je sache mieux la langue, je ne pourrai pas leur expliquer ce que je leur montre. Ce sera pour plus tard, les Sœurs sont bien contentes de l’avoir en attendant . Il n’y a qu’à prendre patience. Et essayer de faire la volonté du bon Dieu, puisque rien n'arrive sans la permission du bon Dieu. Je suis contente, Chère Drienne que tu fais dire ces Messes par Bèbert et Monsieur le Curé. Tu ne peux guère mieux employer ton argent , et si j’avais été libre en disposer, j’en aurais fait dire aussi. Merci toujours, chère Drienne, et que le Bon Dieu te bénisse, pour ce que tu as dépensé pour moi, la petite montre que j’ai au bras , nuit et jour , et qui marche merveilleusement bien est une des preuves continuelle … Nous nous servons déjà de plusieurs plats, car nous n’étions pas trop bien équipés ici. Je n’ai pas encore commencé à coudre les morceaux d’étoffes que m’avait donné Marcelle, ça ne va pas vite tu vois. Je dois m’arrêter, mon papier est plein. Je n’ai pas de nouvelles du Pey . Et Marie-Georgette, connais-tu le jeune homme ? Et Jean, il me semble qu’il a toujours fait partie de notre famille…Je te donne rendez-vous au pied de l’enfant de Dieu et t’embrasse avec toute mon affection en te disant bonne et heureuse année le Paradis à la fin de tes jours Dis à Marcelle et à Jean que je pense bien à eux et prie pour eux tous aussi je les embrasse bien de tout cœur. Georgette