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1952 Avuavu le 1/01/1952 Mes bien chers, tous deux, Bien que pas une journée ne passe sans que je pense à vous, en ce beau jour de Noël, et tous ces jours-ci, ma pensée est revenue bien des fois vers vous. Vers vous et toute la famille, mais surtout, vers vous deux, ma bien chère Drienne et mon bien cher Tanis . Noël qui rappelle le souvenir de la famille et j’ai demandé à L'enfant Jésus de vous bénir, de bénir vos souffrances . Et aujourd’hui encore, je fais une tournée dans toute la famille. Je commence par vous deux et en vous embrassant bien fort, avec toute mon affection de sœurette. Je viens vous dire : Bonne Année, Bonne Santé et le Paradis à la fin de vos jours. Je me demande bien souvent ce que vous devenez, et comment ça va, et voici que ce matin, un bateau de passage m’a apporté ta lettre, chère Drienne . J’étais contente, car je n’avais pas eu de vos nouvelles depuis la lettre de Marie de septembre. Je suis heureuse de savoir que Tanis souffre un peu moins et que ses nuits sont un peu meilleures . Cela va être long sans doute avant qu’il puisse bien marcher avec son appareil . Le plus dur, c’est le commencement pour s’habituer, mais une fois qu’il pourra marcher tout seul, et sortir un peu, cela lui fera du bien, il reprendra des forces et dormira aussi probablement . Malheureusement nous arrivons à une mauvaise saison et vous allez trouver ces mois d’hiver bien longs . Je te comprends bien. Ma pauvre Drienne , Je comprends bien ce que tu dois ressentir et quels moments tu dois passer, mais lui aussi pauvre Tanis souffre bien de son infirmité et de tout son état de santé. C’est une vraie Croix, que le bon Dieu vous demande de porter, car la maladie ou les infirmités en sont bien une des plus lourdes . Mais il ne permet la souffrance que pour un plus grand bien. Aussi quelle belle place il vous réserve dans son ciel , et c’est cela qui me console en pensant à vous. Je me demande comment vous avez passé ces fêtes de Noël et ce jour du premier de l’an. Avez-vous eu quelques visiteurs ? Du pey peut-être . Au moins, Francoise, Monique et petite Anne., J’en suis sûre. Ici, à Noël, nous avons eu Messe chantée à la Messe de minuit! Le soir, j’avais dit aux petites qu’elles pouvaient rester à dormir si elles voulaient . “Oh non, nous aimons mieux aller” ont- elles répondu. Et je vous assure que tout le monde était bien réveillé. Puis dans la soirée de Noël, ce fut la distribution de l’arbre de Noël, chacune eu son petit cadeau, grâce au petit paquet que Marie avait envoyé et acheté avec votre bourse et arrivé juste à temps.… Nous avons l’habitude de les envoyer pour leurs grandes vacances à Noël, mais elles en ont eu assez durant l’année avec la polio, et ensuite notre départ pour la Retraite, aussi, cette fois, nous gardons tout notre monde, seulement pas de vacances pour les enfants, pas non plus pour la Sœur.!… Nous avons tout de même eu congé toute la semaine, et avant-hier, nous sommes allées en picnic, Sœur Marie Gérald et moi, avec les enfants sur le bord de la rivière, mais après-demain, nous recommencerons les classes. Ce matin, après la messe, nous sommes allées chez les Pères leur offrir nos vœux de bonne année, ensuite ils sont venus à leur tour. Puis quelques personnes, aussi, la journée a été vite passée. Je regrette tant que le Père de Theye ne sois pas aller vous voir. J’en ai eu de la peine car je sais que vous auriez été content de parler avec lui, il est très bon et très aimable . J’ai reçu une lettre de lui de Hollande, et après son voyage en France, me demandant de lui pardonner de n’être pas allé aux adresses indiquées . Il voyageait en voiture privée (probablement les parents de Monseigneur Aubin ) et il n’a pas osé imposer cet assez long détour à ses compagnons de route.. Il partait pour Lourdes . Je ne crois pas que ce soit mauvaise volonté de sa part, il m’avait tant promis pourtant. Pourquoi Monsieur Levesque ne l’as-tu pas visité ? Je dois vous quitter, mais par la pensée je vous retrouve si souvent, le soir quand je me mets au lit, je pense que tu es peut-être a aider Tanis à marcher ou à faire ton travail. Et le matin, à la Messe, je demande à Dieu de vous obtenir à tous deux une bonne nuit de sommeil . Je voudrais pouvoir vous écrire beaucoup plus souvent, mais je n’arrive pas à trouver un petit moment, pourtant rien ne peut m’empêcher de penser à vous, mes bien chers , chers vous deux. Mon affectueux bonjour à Marcelle et à toute sa famille, Elle ne m’écris plus jamais. Il me reste l’espoir que Françoise sera plus généreuse. envoyé. Je vous mets quelques petites photos, il y a longtemps que je n’en avais Si tu le peux, Tanis , écris-moi quelques lignes. Je vous embrasse bien mille fois bien fort comme je vous aime. Georgette . KOHEREN LE 28/02/1952 Ma bien chère petite sœur, Sur une autre lettre, je t’écris en détail le récit des tristes événements de ces dernières semaines : Le terrible ouragan, qui a détruit notre chère Station . Notre départ d ‘Avuavu . Mais comme je suis obligée de te l’envoyer par courrier postal ordinaire, pour ne pas te faire attendre une lettre trop longtemps, je saisis l’occasion que nous offre le Père, d’envoyer ses garçons, porter le courrier pour t’envoyer ce petit mot par avion. L’autre t’arrivera un peu plus tard . Hier soir un bateau s’est arrêté ici. Juste le temps de nous jeter le courrier. Que j’ai été contente de trouver tes deux lettres, une datée du 14 novembre avec celle de la petite cousine Odile, et l’autre du 20 décembre et 1er janvier par avion, arrivées en même temps. Il me tarde bien de te lire. Je n’avais pas eu de tes nouvelles depuis celle de septembre. Au moins, toi, tu me donnes des nouvelles de toute la famille. J’ai tout de même reçu en début janvier, une lettre de Drienne , et aussi une de Manuel père, avec une petite feuille de Marie-Georgette. Quel terrible accident qui aurait pu être fatal. Le bon Dieu a été bon et je l’ai remercié de nous l’avoir gardé. J’espère qu’il ne se sent plus de rien, il parle de mettre Marie- Georgette en pension avec toi à Torfou, j’en suis contente. Pourtant, elle va leur manquer. Il m’a semblé que Drienne dans sa dernière lettre, paraissait un peu déprimée. Et ce n’est pas étonnant toute seule avec ce grand malade comme Tanis , et cela pendant si longtemps. Elle dit qu’elle ne peut pas sortir et ne peut le laisser une minute . Quelle vie de sacrifice ! Tanis me fait bien pitié aussi. Quand il fera beau temps, s’il pouvait essayer de marcher dehors, cela lui ferait du bien. je prie bien pour eux tous les jours et offre leur souffrance, chaque matin, à la Messe, pour la conversion de nos païens . J’espère que je peux faire cela, n’est-ce pas !… D’ailleurs, c’est donnant-donnant, puisque j’offre mes petits sacrifices pour leur obtenir les grâces dont ils ont besoin. Qu’en penses-tu ? Mais j’arrive à la fin de ma lettre pour te dire ce que je voulais te dire dès le commencement : Les trois paquets que tu avais expédiés par Lyon, et que je n’attendais presque plus , sont enfin arrivés vers le début de janvier. C’est-à-dire avant la ruine de la Station. Oh! Les jolies canons d’autel ! Tous les Pères et nous , les avons admirés. Dis bien à tes enfants, combien je les remercie. Et si elles prient pour nous ici, nous prions bien pour elles aussi, et c’est le moins que nous puissions faire en reconnaissance de ce joli cadeau, et tous les beaux chapelets et colliers ! Quelle richesse ! Heureusement j’en avais déjà distribué pas mal. Et les. « boudoirs » Je n’en avais pas mangé depuis mon départ de France. Ils étaient encore bons et craquants , c’est extraordinaire, et les autres gâteaux aussi n'étaient pas abîmés .Les chocolats seulement étaient moisis. Le catéchisme aussi était en bon état. Mais maintenant tout est perdu. Comment te remercier pour toutes ces gâteries. Pour autant de bonnes choses. J’ai du oublié de te dire que j’avais bien reçu les dragées de baptême du petit Jean. Qui étaient délicieuses . Le temps est toujours si court pour la correspondance que j’oublie quelques fois les questions : que fais-tu ? Que deviens-tu ? Je suis contente de savoir que toutes vos élèves ont été reçues.Espérons que vous aurez autant de chance cette année. Je t’embrasse avec toute mon affection de Sœurette Sœur Marie de Loyola, Je vous serais bien unis par la pensée mercredi, pour la première communion de Françoise. Je ne sais pas encore si nous resterons longtemps ici, en tout cas adresse à Tanagai. Tu voudras bien dire à Odile que je tâcherai de lui écrire bientôt . Monseigneur dit qu’on ne tardera pas à retourner à Avuavu mais pas au même endroit. Ici, nous avons été bien reçus par les Sœurs qui nous laissent prendre un bon repos. Comme tu le devines, nous avons bien souffert de voir s’écrouler, notre Station, nos œuvres, tous nos espoirs. Mais que Sa Sainte volonté soit faite. Rokera LUNDI DE PÂQUES 1952 Mes biens chers tous deux , Bonne fête de Pâques …Je m’imagine vous trouver en famille , en ces jours de fête. Chez Marcelle et au Pey on en aura peut-être profité pour faire une petite promenade en famille et, je viens vous faire une visite et participer à la réunion. Je pense à vous bien souvent chers tous deux. Mais je suis si souvent près de vous, Ma grande affection pour vous ne connaît pas les distances et pour le monde des âmes il n’y en a pas. Vous m’êtes aussi souvent présent à la pensée qu’il me semble parfois vous voir vraiment, surtout durant l’année qui vient de s’écouler. Mais vous avez sans doute remarqué l’en-tête de ma lettre et vous vous demandez probablement pourquoi « Rokera » au lieu du Avuavu de toujours . C’est que bien des choses se sont passées depuis ma dernière lettre. Une terrible tempête a complètement détruit notre chère Station d’Avuavu . La mer envahissant la Station, a tout emporté, et nous avons été évacuées sur l’île de Malaita à la Station de Rokera, la seule bâtie sur une colline. Nos deux Pères, seuls, sont restés pour tirer du sable les planches et toutes sortes de matériaux qui pourraient encore être ensuite utilisés pour la construction de la nouvelle Station. Ils doivent travailler dur. Il y a une quinzaine de jours justement, nous avons reçu un petit mot d’eux , nous disant qu’ils avaient fait nettoyer et préparer l’emplacement et fait le plan pour notre maison, et qu’ils comptaient commencer à bâtir, mais cela prendra plusieurs mois, peut-être même un an avant que tous les bâtiments de la Station soient achevés. En attendant, nous aiderons dans les autres Stations ou presque partout. D’ailleurs, les Sœurs sont trop chargées . Ici, bien que le travail ne manque pas.( j’ai surtout travaillé à la couture jusqu’à présent) c’est un peu comme un repos, n’ayant pas le souci de la Station, des enfants et le reste . Nous allons quelques fois en canoë avec les enfants pêcher des coquillages sur les récifs. Il y en a de jolis. Mais vous, que devenez-vous ?Les dernières nouvelles reçues, de vous étaient de Marie, me disant que Tanis allait mieux, qu’il marchait plus facilement et devenait plus fort ce qui me fait un plaisir immense. Si souvent, je me demande comment ça va. J’aimerais espérer qu’avec le beau temps qui commence, que tu pourras sortir un peu dehors et que les forces reviendront plus vite . Que je serais contente, Tanis , si tu pouvais m’écrire un petit mot, mon cher beau-frère . Au moins, j’espère que tu dis une petite prière pour moi souvent, prions les uns pour les autres et nous restons ainsi unis. J’offre vos souffrances pour la conversion de mes païens, et mon travail pour vous obtenir les grâces dont vous avez besoin . Le temps passe bien vite. Bientôt nous nous retrouverons et ce sera pour toujours. Après cette longue séparation, ce sera bon le revoir . Quelle belle couronne, le bon Dieu vous a préparé avec cette année de souffrances, mais j’espère n’être pas trop loin de vous là-haut quand même. Je suis contente que notre grand va souvent vous voir et vous aider avec votre travail. Il vous tient compagnie aussi. Il est resté bien sérieux, paraît-il, Marcelle ne me donne jamais signe de vie. J’espère qu’elle va bien et toute sa petite famille. Petit Jean va déjà être un grand homme, Annette doit souvent trotter par chez vous. Monique et Françoise sont- elles toujours au Pey ? Vous voudrez bien leur dire mon affection et les embrasser pour moi. Et toi, ma chère Drienne , comment va ta santé ? Il me tarde toujours d’avoir de vos nouvelles. Tachez de m’écrire un petit mot, et par la pensée et la prière , Je reste avec vous et vous embrasse bien de tout cœur comme je vous aime. Votre sœurette. Georgette Sœur Marie de Loyola. MAKIRA 13/07/1952 Mes bien chers, tous deux, J’ai attendu un peu pour vous écrire, pensant qu’une lettre de vous deux m’arriverait , mais rien. Je viens de recevoir une lettre de Marie, elle vous connaît et devine mon impatience de nouvelles de tout le monde , malgré cela , il me manque un petit mot de vous . Je suis heureuse de voir que Tanis va mieux et qu’il marche plus facilement. Avec le temps, les forces reviendront, et ça ira de mieux en mieux. Je prie tant pour toi, cher Tanis , pour vous deux. Drienne qui souffre avec toi. Il parait que nos petites nièces aiment beaucoup venir chez tonton Tanis et tante Drienne , et sont souvent par chez vous , c’est un plaisir , car ce petit monde vous tiendra compagnie et peut déjà vous rendre quelques petits services . Elles sont bien mignonnes paraît- il . Manuel vient-il toujours de temps en temps vous aider avec votre travail ? Il y a beaucoup à faire en ce moment . Aimez le bien, et ne lui tenez pas rancune . Il doit souffrir seul et s’inquiéter pour son avenir . Marie me dit que sa caisse monte de plus en plus grâce aux gros billets que vous lui apportez , vous et Manuel .Mais ne croyez pas me faire de la peine en ne donnant pas . Je crois bien que dans les conditions où vous vous trouvez , vous donnez trop et j’aurais certainement beaucoup plus de peine , si je savais que vous vous priviez à cause de cela . J’ai demandé à Marie de m’acheter quelques morceaux de soie pour le tabernacle, des livres de chant , et quelques autres petites choses , et une montre… Ce qui doit couter peut-être plusieurs milles maintenant, je n’en ai plus et elle me manque beaucoup. Vous avez dû recevoir maintenant la longue lettre que j’avais envoyée à Marie, ou je racontais tous les détails de la catastrophe. C’était pour vous tous. Marie est la centrale pour vous et pour moi .Ne soyez pas dans l’inquiétude pour moi , je vais bien , et si nous avons eu quelques petits moments un peu durs , c’est passé, et c’est vraiment bien peu de chose ,quand on pense à tant de malheureux qui souffrent tant dans le monde maintenant. Lisez vous « missions des îles » ? Alors ,vous aurez lu l’article , de Monseigneur Aubin et de Mère Marie Reine . Les Chères Sœurs de Saint Étienne ont été bien bonnes de faire jouer les jeunes filles au profit de nos missions . Et vous voyez si je me promène, me voici après Reokera dans l’île de Malaita , dans une Station de l’île de San Cristoval - Makira. Une Sœur étant malade et obligée de partir pour un repos , Mère Marie Reine m’a envoyée prendre sa place pour un moment. Puisque nous ne pouvons retourner à Avuavu , nous aidons dans les Stations où on a le plus besoin , Le travail ne manque pas, j’aide à faire la classe, préparer les hosties pour l’église , la couture . En ce moment, je suis à faire des pantalons pour les Pères . On dirait que j’ai le renom de savoir les faire , partout où je vais , les Pères ont besoin de pantalons, je suis d’ailleurs bien contente de rendre ce léger service . Je ne pense pas rester très longtemps ici, mais , où je vais , je vous emmène toujours avec moi . Si loin et pourtant , je suis si près de vous. Je vous ai si souvent comme vraiment , devant les yeux , avec une prière , j’espère que vous aussi vous dites une petite prière pour moi de temps en temps n’est ce pas Tanis . A une autre fois. Je vous embrasse bien bien fort tous deux avec toute mon affection de sœurette Georgette Embrassez bien pour moi Marcelle et sa petite famille , j’espère qu’elle est bien bonne pour vous .À bientôt de vous lire j’espère. Merci de tout cœur pour tout ce que Marie m’envoie puisque c’est grâce à vous . TANAGAI LE 07/08/1952 Ma bien chère petite sœur , Comment te dire ma grande peine , mon immense chagrin en apprenant la douloureuse nouvelle , ma peine en pensant à toi ma pauvre chère petite sœur . Je ne trouve pas de mots pour l’exprimer mais voudrais pouvoir courir près de toi, pour t’aider et t’entourer de ma tendresse . C’est lorsqu’on sait les siens dans la peine que la souffrance de la séparation se fait le plus cruellement sentir , mais il n’y en a pas pour le monde des âmes et mon pauvre cœur tout rempli d’affection est avec toi , ma bien bien chère petite sœur . C’est une lettre de Mr Levesque , par avion , qui est venu avant hier , m’apprendre tout à coup, la mort si rapide de notre bien aimé Tanis , quelques jours après mon arrivée ici à Tanagai . Un brusque coup de téléphone m’annonça la mort et l’heure de la sépulture de Tanis . Le choc fut rude ,car je l’aimais beaucoup m’écrit il . Il pensait que j’avais déjà appris la nouvelle par vos lettres, , mais elles ne sont pas encore arrivées . Il me tarde d’avoir d’autres détails , si douloureux qu’ils puissent être . Quels moments tu as dû passer , ma pauvre chère chère petite sœur , près de notre cher Tanis . Impuissante à soulager ses terribles souffrances . Quelle agonie pour toi aussi. Mon cœur est lourd de peine en y pensant , pauvre cher Tanis . Comme il a dû souffrir . Tu sais combien je l’aimais. Il me faisait tant pitié , surtout depuis cette terrible chose. Mais c’est une grâce du Ciel que le Bon Dieu l’ai pris . Il est déjà au ciel et a vu le Bon Dieu. Après tant d’années de souffrances, dès lors que le cœur ne fonctionnait plus normalement, il était un pauvre malade , n’est ce pas . Et depuis plus d’une année, cette chose affreuse … que n’a-t-il pas souffert . Oh oui, j’en ai la conviction, notre Tanis est maintenant au ciel . Il ne fait que nous devancer .Bientôt , la vie est si courte , ce sera notre tour , et ainsi , dans la maison du Père Céleste , la famille se rétablira au complet . C’est une grâce pour laquelle je prie chaque jour .Ce sera bon alors , d’être près du Bon Dieu avec maman , papa, Tanis et vous , et cela sans jamais plus de séparation . Toutes les souffrances de ces dernières années te préparent une belle couronne ma chère Drienne . Et Marie au moins à pu accourir près de toi en ces durs moments . Cela m’est une grande consolation en pensant à toi . Elle est si bonne, Marie, un véritable ange de consolation . Et Marcelle sont près , et Manuel, et tous auront été là pour t’aider . Et depuis , tu n’es pas restée seule dans cette maison , qui te paraîtra si grande maintenant . Je suis sûre que Manuel qui t’aime tant et Marie aussi …n’auront pas demandé mieux que de t’emmener « chez nous » ou, Marcelle et les petites la même chose . Dès que j’ai lu la lettre de mr Levesque je suis allée trouver Mère Marie Reine pour lui annoncer la nouvelle de la mort de Tanis , puisque je suis près d’elle en ce moment à Tanagai. Elle est si bonne, et si compréhensive, nous avons parlé de vous ensemble. Puis ensuite à Monseigneur , qui, tout de suite a dit qu’il dirait sa Messe pour lui dès le lendemain matin . Étant fatigué, il a dit une Messe chez lui avec une autre Sœur, j'ai aidé à la préparer.j’ai répondu sa Messe , la Messe pour Tanis . Le Père de Theye ici en ce moment lui aussi et toutes les Sœurs ont priés pour Tanis . Maintenant il me semble plus près . Je vais faire chaque jour mon Chemin de Croix pour lui puisque nous ne pouvons sonder ce mystérieux au-delà . Par la pensée et la prière , pense que je suis près de toi. Je t’écrirai le plus souvent que je pourrai . Mais je prie pour toi . Nous prierons ensemble pour notre cher Tanis , et lui aussi j’en suis sûre , près du Bon Dieu ne nous oubliera pas . Je t’embrasse avec toute mon affection plus forte que jamais ma chère bien chère petite sœur Bien à toi toujours . Georgette TANAGAI 14/09/52 Ma bien chère petite sœur Si je m’étais écoutée, je t’aurais écrit beaucoup plus vite, mais tu sais que je ne suis pas libre et tu me pardonnes bien n’est-ce pas ? Enfin, j’ai un petit moment ce soir et je viens le passer avec toi, ma chère petite sœur. Je viens de l’église où je suis allée faire mon chemin de croix pour notre cher Tanis .Je le fais tous les jours depuis que j’ai appris la douloureuse nouvelle et continuerai . Le matin à la Sainte Messe, je pense toujours à lui. Et bien souvent dans la journée je redis les invocations : « mon Jésus, miséricorde pour Tanis ,très miséricordieux Jésus, donnez-lui le repos éternel . Doux cœur de Marie, soyez son salut » Je prie bien pour toi aussi, ma pauvre petite sœur. La lettre de Marie m’est arrivée depuis une semaine seulement, j’ai lu, le cœur saignant, tous les détails qu’elle me donne sur les derniers moments de notre cher Tanis. Tu sais combien j’aimais Tanis . Il a bien souffert physiquement et moralement. Mon cœur saigne encore aussi, en pensant à toi, ma pauvre chère petite sœur. Quels moments , quels durs moments tu as passé . Quelle agonie pour toi aussi. Et tu étais seule, c’est vrai que tu étais tout pour lui, et c’était toi surtout qu’il voulait. Et pourtant ce qui doit te consoler est ce qui me console aussi, c’est de penser à la belle mort qui a été celle de notre bien-aimé Tanis . Et je crois que ce sont toutes vos souffrances, toutes les angoisses par lesquelles vous êtes passés, tes prières aussi –tu as tant prié – qui lui ont mérité cette fin si douce . Marie dit qu’il était si beau sur son lit de mort. L’air si en paix et presque souriant . Lui que tu avais vu, si souvent dans l’angoisse. Le bon Dieu, sans doute, a trouvé qu’il avait assez souffert et a voulu abréger son martyr, car s’il avait vécu en cet état, que n’aurait-il pas souffert encore,. On ne peut pas sonder cet au-delà , mais j’ai presque l’assurance que notre cher Tanis n’ aura guère passé par le purgatoire. Toutes tes souffrances, ton dévouement, tes prières, penses-tu que le bon Dieu ne les compte pas, et c’est bien ce qui lui a valu une mort si paisible et si belle. Depuis bien des mois, je pensais toujours à lui avec un sentiment d’appréhension, moi aussi, j’avais peur d’une mort subite. Chaque soir je disais trois Ave Maria et Saint-Joseph prier pour lui. Saint-Joseph a bien écouté nos prières, les tiennes surtout. Ne pleure pas trop. Il ne voudrait pas te voir pleurer, il est parti le premier, mais nous irons le rejoindre. Il est avec le Bon Dieu, les Anges, et les Saints , nos parents bien-aimés, et les siens. Et penses-tu qu’il va t’oublier de là-haut ? Pour moi, je le sens beaucoup plus près maintenant. Je pense à toi, je te vois si lasse. Je comprends bien ce que tu dois sentir. Pourtant, ce qui me console, c’est de penser combien Manuel et Marie P t’aiment . Ils t’aiment sincèrement. Et Marcelle aussi. Je suis sûre qu’ils feront tout pour t’aider et te consoler. D’abord tu dois avoir un immense besoin de repos, après être passée par où tu es passée . Écris-moi bientôt pour me dire comment tu es et ce que tu fais. Marie me parle d’une lettre de toi. Mais je ne l’ai pas encore reçue. Tu devais être si brisée . Tu n’auras pas eu le courage d’écrire tout de suite, je ne t’en veux pas. Tu sais combien je t’aime ma bien chère petite sœur, lis entre les lignes ce que je ne sais comment t’exprimer. va voir Marie lorsqu’il y a une occasion, cela te fera du bien. Elle est si bonne et elle t’aime tant elle aussi. Elle m’a envoyé le bulletin de Saint Lumine. Le bon curé fait le plus bel éloge que l’on puisse faire de notre cher Tanis . Il est un beau témoignage, de l’affection et de l’estime de tous, et aussi de toute la sympathie qu’il te porte à toi , cela m’a fait un grand plaisir, et a dû adoucir un peu ta peine. J’écris un petit mot à Françoise pour l’encourager. C’est une bonne enfant n’est-ce pas? Pour moi je suis encore à Tanagai , c’est là où est Mère Marie Reine. Nous avons parlé de vous ensemble. Elle elle est bien bonne, Je vais te quitter pour aujourd’hui, mais pense que mon cœur est près de toi et je prie bien pour toi. Je tacherai de t’écrire de nouveau le plus tôt que je pourrai. Au revoir ma bien bien, chère petite sœur. Je t’embrasse avec toute l’affection que tu sais. Georgette TANAGAI LE 21/09/52 Ma bien chère petite sœur, Je pensais t’écrire beaucoup plus vite, mais d’abord, j’ai attendu ta lettre, puis ensuite j’en ai été empêchée. Les derniers dimanches, il y a eu des visites de Blancs, des Blancs d’Honiara. Il y a quelques bons Catholiques. Que c’est ennuyeux. Cela vous prend tout le temps et tu sais comme j’aime les visites des gens du monde surtout…… J’aurais préféré passer ces moments avec toi. Enfin, si cela peut leur faire un peu de bien. Ta lettre du 27 juillet et 2 août est venue enfin me donner quelques détails sur le dernier moment de notre cher Tanis si douloureux qu’ils devaient être, je les attendais avec impatience. Avec anxiété aussi, car une lettre de Monsieur Levesque arrivée près de trois semaines avant la tienne, venait subitement m’apprendre la mort si rapide de Tanis. Ça a été un rude coup, tu le penses bien, j’aimais beaucoup Tanis . Et il me faisait tant pitié, je ne m’y attendais pas, les dernières nouvelles, ayant été un peu meilleures. Pourtant, depuis longtemps, une sorte d’inquiétude, d’appréhension, venait souvent, m’étreindre le cœur. Je la sentais aussi dans vos lettres, et j’avais peur pour lui ,moi aussi, d’une mort subite, et chaque soir en pensant à eux, je disais avant de me mettre au lit :trois Ave Maria et Saint-joseph, assistez - les . J’ai déjà écrit a Drienne pour lui dire que Monseigneur, dès le lendemain, ou je lui ai appris la mort de Tanis , à dit sa messe pour lui. Chez lui, ayant la cheville assez enflée, j’y étais avec une Sœur et ait répondu sa messe. Le Père de Theye aussi se trouvant ici à Tanagai et toutes les Sœurs aussi ont prié pour lui. Et les petites élèves qui ont tout de suite pensé à faire leur chemin de croix, c’était à cause de toi, naturellement, ce sont de bien bonnes enfants. Pendant bien des jours je ne me sentais plus aucun courage. Et n’avait le cœur à rien, sans goût. Je revoyais toujours dans ma pensée, Drienne et Tanis . Drienne brisée de chagrin . Quels moments elle a passée pauvre Drienne , comme elle a souffert. Je crois bien que ce sont ses souffrances avec celle de Tanis et ses prières si suppliantes qui ont valu à Tanis une si belle mort, une fin si douce. C’est tout de même bien consolant pour Drienne et pour nous. Mais je ne sais encore que ce que tu me dis dans ta lettre de juillet et 2 août. Aucune autre lettre ne m’est encore arrivée . Drienne n’aura pas eu le courage d’écrire tout de suite. Elle doit être si brisée physiquement et moralement. Heureusement tu as pu te rendre près d’elle et cela aura été un grand réconfort. Tu es l’Ange consolateur de la famille toujours, dans cette douloureuse circonstance. Pour toi aussi, ce sont de biens pénibles moments , et tu auras bien souffert. Je te sentais comme un peu déprimée dans ta dernière lettre. Ce n'est pas étonnant après ces jours passés dans un tel moment. Et maintenant que deviens-tu ? Les vacances doivent toucher à leur fin ou sont même peut-être finies depuis quelques semaines si les élèves rentrent plus tôt. Il me tarde de savoir ce que tu fais. J’ai demandé à la Sainte Vierge de t’aider dans la tâche qui te sera confiée et je lui demande chaque jour. Pourquoi te fais-tu l’idée, car c’est une idée de toi, que tu ne sais pas faire avec les enfants . Personne ne t’a jamais dit cela : j’ai toujours entendu que les enfants t’aiment beaucoup au contraire . Et c’est une si belle vocation de s’occuper des enfants. Tu voudras bien dire à tes bonnes petites élèves combien j’ai été touchée et combien je les remercie de leur généreuse offrande, surtout de l’intention. En retour, je me ferais une grande joie de prier et de faire prier à leur intention. Mais je ne t’ai pas encore dit qu’un paquet était déjà arrivé, je ne l’attendais pas déjà, c’est celui avec les livres. Les trois catéchismes qui sont très bien. Ils peuvent me servir assez longtemps, car pour nos enfants Indigènes, ils ne se développent pas aussi vite que « chez nous ». Il y avait aussi le livre de méditation de Charles de Foucault. Il ne fallait pas te presser à me l’envoyer. Si tu t’en servais, je crois que je vais bien aimer m’en servir aussi . Et mieux encore, j’ai trouvé le beau Missel bien complet. J’étais contente, car il me manquait bien. Merci de tout cœur, chère Marie, pour tout, pour les images aussi, qui étaient dedans. J’étais contente de trouver aussi les petites photos. Je n’en ai plus une seule de toi, tu sais. Ne te tracasse pas pour les choses que je t’ai demandé, prends ton temps, cela ne presse pas. Nous commençons à nous préparer pour retourner à Avuavu . Le Père de Theye y est déjà et travaille fort. Il nous a promis que dans deux mois, ce sera prêt à nous recevoir. Nous sommes contentes de l’avoir , car il est très adroit et s’y connaît pour installer toute chose, il ne craint pas sa peine non plus. En attendant, je m’occupe ici . Mère Marie Reine m’a donnée la classe des garçons qu’elle serait obligée de prendre sans cela. Une des Sœurs étant partie pour apprendre à reconnaître et à soigner la lèpre, qui s’étend de plus en plus surtout depuis la guerre. Les enfants sont beaucoup plus dissipés ici, à proximité de la ville. Figure-toi que, l’autre jour, nous avons dû aller à Honiara, Ma Sœur et moi, pour l’arrivée du « High Commissionner » Il y avait là tous les Blancs de Honiara, et tous les gens des environs. Il a fait l’inspection des troupes qui étaient là, sabres étincelants a leur côté , clairons et tambours battant. Tu penses si nous avions d’aller ! Mais Monseigneur n’aurait pas été content, il tenait à ce que nous allions surveiller les enfants. J’ai hâte de retourner à Avuavu . Je n’aurai pas à faire ces corvées. Je m’arrête pour cette fois pour faire partir ma lettre. J’attends une lettre de toi et j’en voudrais bien une de Drienne aussi. Pauvre Drienne , comme je pense à elle, n’est-elle pas encore allée te voir ? Et chez nous comment vont-ils ? Prie pour moi aussi, pour que je ne me laisse pas absorbé par toutes ces choses matérielles, et, qu’après avoir tant travaillé, je me retrouve les mains vides devant le bon Dieu. Merci pour les dessins que tu as préparés pour les congés. Merci aussi à la Chère Sœur . Que devient Manuel ? Je t’embrasse bien de tout cœur comme je t’aime et demande bien à la Sainte Vierge de t’aider dans ta tâche. Sœur Marie de Loyola NOEL 1952 Sister vous écrit, aussi, c’est une bonne occasion de vous souhaiter un très joyeux Noël et une heureuse Nouvelle Année. Puisse L'enfant Jésus répandre ses bénédictions et ses grâces sur vous et les vôtres. Sister a reçu un autre paquet, et cette fois le chocolat n’était pas dans une boîte de fer, aussi, il était gâté , mais l’autre fois celui qui était dans une boîte de fer était délicieux. Les chapelets et médailles sont beaux et si utiles quand on a tant d’enfants à l’école. Quand les enfants voient tous les beaux chapelets et médailles, ils les dévorent presque des yeux, ils voudraient avoir chacun le leur … les chapelets de couleur, les attire le plus. Nous avons eu une belle Messe de Minuit pour Noël, et les enfants ont chanté la grand-messe ; c’était beau. Sœur Marie de Loyola avait des classes de chant quelque temps avant Noël, et c’est pourquoi le chant était si bien ! Le Père a dit que c’était ce qu’il avait entendu de mieux depuis qu’il est aux Salomon, je suis tout à fait de son avis. Comme cela aurait été bien si vous aviez pu venir entendre les enfants ! Nous aurions eu tant de plaisir aussi à vous avoir avec nous. Nous ne pouvons vous visiter en personne, mais nous avons pris des photos, et je crois que Sister va vous en envoyer quelques unes ( c’est celle que j’ai donné à Manuel la dernière fois, et qu’il a dû vous montrer). Vous verrez alors notre petit bébé, il est si gentil, il devient fort, il peut marcher et courir tout seul. Naturellement il ne parle pas encore, cependant, hier, il a essayé de dire Sister, et cela ressemblait à quelque chose comme Sista, et cela ressemblait assez. Ne trouvez-vous pas… Les enfants ont un gros ballon, ils le lance , un coup de pied, et ils font un tapage terrible. Mais enfin, il faut s’attendre à ce que les enfants fassent du bruit d’une façon ou d’une autre. Et nos enfants ne sont pas différents des autres, la seule différence que vous pourriez trouver, c’est leur couleur, et le fait que la plupart d’entre eux ont une pipe à la bouche, presque tout le long du jour, qu’elle soit pleine ou vide. Les mamans qui veulent que leurs bébés restent tranquilles leur donnent leur pipe à fumer, et d’ordinaire, cela le tient tranquille longtemps . Les sardines étaient très bonnes et nous ont vraiment fait plaisir. Sister a bien goûté les petites galettes, (ce devait être, il me semble, des galettes Saint-Michel) Je pense que c’est la meilleure chose que vous ayez pu envoyer ; elle n’en a pas laissé perdre une seule miette . Restons unis dans la prière et l’amour du Sacré-Cœur, Votre affectionnée « sœur par alliance » dans le Christ, Sœur Marie Gérald Traduit de l’anglais ` 1953 TANAGAI LE 1/01/53 Ma bien chère petite sœur Pour cette nouvelle année, j’ai demandé les bénédictions avec toutes les grâces dont tu as besoin qu’il te garde la santé, dans la joie quand même, la joie des enfants de Dieu que nous sommes vraiment. Je prie aussi pour tous ceux de notre famille mais surtout pour toi ma bien chère Drienne . J’ai prié pour les vivants mais aussi pour nos chers morts. Nous sommes plusieurs Sœurs en ce moment à Tanagai ce qui faisait une assez joyeuse réunion. Et durant ces jours de fête, quelques visites de Blancs des environs mais j’avais plutôt hâte de m’échapper et aurais préféré passer ce moment près de vous et t’écrire à toi, à Marie et au Pey. Mais toi, comment as-tu passé les fêtes de Noël ? Comment vas-tu ? Que fais-tu ? Je me le demande bien souvent. Du pey ils seront peut-être venus et vous aurez eu une petite réunion de famille. Il me semble avoir eu quelques rumeurs à propos de Marcelle attendant un autre bébé. Est-il arrivé ? J’espère que Marcelle se porte bien. Ils ont de la chance de t’avoir près d’eux et les enfants aussi. Le Bon Dieu, Sois-en bien sûre, ma chère Drienne , ne laissera pas ton dévouement, sans récompense, et tout cela servira un jour à orner ta couronne pour le ciel. Le 27, nous avons fêté la fête de Monseigneur. Les enfants d’école ont chantés et joués en son honneur. Quand je vais le voir, il me demande toujours de vos nouvelles. Et comme tu vois, je suis encore à Tanagai . Un moment, nous avions espéré pouvoir être de retour, a Avuavu pour les fêtes de Noël, Le Père de Theye avait écrit de revenir, que la maison était prête pour nous recevoir. Il a travaillé dur avec le Frère. Et puis, voilà que le bateau qui devait nous y conduire, a eu, en revenant d’une tournée, une panne de machine et quelque chose de brisé, et nous attendons encore qu’il soit réparé. Nous sommes heureuses de pouvoir enfin retourner là-bas et reprendre notre travail. Le 11 janvier– J’avais pourtant espéré avoir des nouvelles de tout le monde pour Noël, et pas une lettre n’est venue pendant tous ces jours de fête. J’essaye de croire au proverbe : « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ». Mais je n’arrive guère à bien me rassurer. Du Pey , pas un mot toute l’année. Et toi, j’avais toujours pensé que tu viendrais faire une petite causette avec moi, et je dois la faire toute seule, tu ne me réponds pas. Marie n’a pas écrit non plus. Et c’est pourquoi j’ai attendu jusqu’à aujourd’hui, pour fermer ma lettre, pensant qu’une lettre m’arriverait enfin, mais toujours rien. Alors je me décide à te l’envoyer quand même. Elles se rencontreront sans doute en chemin, je n’aurais probablement pas le temps d’écrire au Pey avant de partir, le bateau est enfin réparé, et nous partirons demain ou après-demain. Dis-leur que je pense bien à eux aussi et prie pour eux, et leur souhaite une Bonne et Heureuse Année. N’oublie pas de leur dire que j’attends une lettre d’eux au plus vite. Enfin, que fait Marie- Georgette qu’elle n’écrit pas elle non plus. Bonjour avec mes meilleurs vœux de Bonne et heureuse Année à Marcelle et à toute la famille et embrasse les bien pour moi , tous, je ne les oublie pas non plus dans mes prières. Et Françoise, ma petite correspondante, m’a-t-elle déjà oublié… Je dois te quitter , ma bien chère petite sœur, mais je reste bien près de toi de cœur et de pensées. Unis dans la prière aussi avec tes prières et tes souffrances, tu convertiras plus de païen que moi. Je t’embrasse bien comme je t’aime Georgette Avuavu Mars 1953 Ma bien chère petite sœur, Comme tu vois par l’entête de ma lettre c'est d’Avuavu que je viens te trouver, cette fois . Nous y sommes enfin depuis déjà plusieurs semaines. Je n’aurais pas voulu tarder si longtemps avant de t’écrire et voilà des semaines que je pensais m’y mettre. Mais j’étais toujours obligée de remettre. C’est que depuis notre retour nous avons tant eu à faire et c’est la première fois que je m'assois pour écrire à quelqu’un et c’est à toi et à Marie. En attendant, j’ai eu la joie de recevoir des lettres de toi, arrivées à trois semaines d’intervalle. La première sans date avait dû être écrite depuis déjà des mois, la deuxième était datée du 16 décembre , j’étais contente, j’avais tant hâte d’avoir enfin de tes nouvelles, de savoir comment tu te portais , ce que tu faisais. Je te remercie ma chère Drienne de tous les détails que tu me donnes à propos de Tanis . Tu sais combien le plus petit m’intéresse. En trouvant la photo de Tanis je n’ai pu m’empêcher de l’embrasser avec une émotion que tu devines, j’aime beaucoup Tanis . Je l’ai regardé à plusieurs reprises, il est beau et paraît dormir. J’ai été étonnée de le trouver si peu vieilli. Il ne paraît pas plus vieux que lorsque j’ai quitté. Et comme à le regarder, on le sent en paix. Il est heureux, sois en sûre, ma chère Drienne. Toutes ses souffrances avec les tiennes lui ont valu ce bonheur dont il jouit maintenant. Souffrir passe, mais avoir souffert demeure . C’est pour nous purifier et mériter notre couronne que le bon Dieu le permet. Pour nous, en donner la chance pour ainsi dire. A raconter , à propos du père d'une de nos Sœurs, lorsqu’il était très mal, quelqu’un lui demanda s’il n’avait pas peur de mourir : il répondit, comme étonné « peur, pourquoi ? je veux aller voir le Bon Dieu, et il a toujours été mon meilleur ami » c’est ce que nous devrions penser en pensant au Bon Dieu n’est-ce pas. Tanis était un grand chrétien. C’est parce qu’il est mort dans ces sentiments, que sa mort a été si belle, et si calme. Sa pensée avec celle de nos chers parents se présente souvent à mon esprit. C’est à eux que je m’adresse quand je suis en peine , quand quelque chose ne va pas dans mes soucis, et j’ai eu plus d’une fois la preuve de leur protection. Ils sont plus près du bon Dieu que nous. Et certainement, ils nous aiment toujours , et mieux que jamais . Continuons de prier chaque jour pour nos chers morts. Et s’ils n’ont plus besoin de nos prières, la Sainte Vierge saura bien les distribuer à d’autres âmes , qui elles attendront peut-être, l’aide de nos prières pour être délivrées. J’ai mis la croix d’un de ces chapelet que tu m’as envoyé au mien, que j’ai toujours dans ma poche. Merci pour ce petit souvenir de Tanis . Je suis contente que tu continues à aller coucher chez Marcelle . Je n’aime pas à te penser seule la nuit. Que tu gardes ta maison, c’est bien, tu seras plus libre, mais la nuit, Marcelle et Jean seront plus content que tu viennes chez eux. Tu fais bien de te débarrasser un peu de tout ce train , c’est trop pour toi et tu n’es pas obligée de travailler si fort. Manuel je pense, continue à aller t’aider de temps en temps. Marie m’a raconté qu’il avait commencé à fréquenter une jeune fille, la nièce de Monsieur Leroy , c’est une surprise, nous n’aurions jamais pensé cela. Ne connaissant rien de la famille de Monsieur Leroy , J’espère que c’est une bonne jeune fille et qu’elle rendra heureux notre Manuel . Après tout, il ne peut pas rester comme ça, et c’est bien qu’il se marie, n’est-ce pas. L’as-tu rencontrée? Avez-vous eu de bons renseignements d’elle et de sa famille ? Dis à Françoise combien j’ai été contente de lire sa bonne petite lettre, Je regrette bien de ne pas pouvoir répondre pour cette fois, mais je tacherais de le faire bientôt, et dis-lui que je l’embrasse bien fort, et qu’elle n’oublie pas de prier pour sa petite tante, et ses Salomonais , en particulier pour nos petits écoliers et écolières. Merci aussi pour sa jolie petite image, Je pensais que tu devais ressembler à la petite communiante qu’elle représente. Est-ce que notre cinquième petit-neveux est arrivé ? J’espère que Marcelle se porte bien : elle doit avoir fort à faire avec tout ce petit monde.. Mais elle a de la chance de t’avoir tout près . je dois te quitter. pour cette fois, mais je tacherai de t’écrire le plus tôt que je pourrai. Et puis pense que je suis près de toi par l’union de nos âmes dont les distances ne sont rien. Par mon affection et mes prières. Je vais te retrouver souvent dans ta petite maison dont je me souviens bien. Je pense que vous et au Pey vous vous voyez souvent . Embrasse- les bien pour moi. Je ne sais pas quand je pourrais leur écrire Embrasse bien Marcelle et toute sa petite famille et dis-leur que je les oublie pas Et toi je t’embrasse, avec toute mon affection de sœurette. Soeur Marie de Loyola. J’avais oublié de te dire que peut-être vous aurez un visiteur des Salomon Le Père de Kluk , Hollandais, je lui ai donné votre adresse, et aussi celle de Monsieur Levesque , j’ai pensé qu’il pourrait peut-être vous l’amener. Ils pourraient peut-être se réunir chez vous , car je ne sais pas s’il aura le temps d’aller jusqu’au Pey .