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1950 Avuavu le 2/07/1950 Ma bien chère petite sœur, Tu vas encore bien attendre cette lettre car voilà un bon moment que je ne t’ai pas écrit, et je le regrette tant . D’abord j’ai retardé un peu, pensant que ta lettre m’arriverait, ensuite quelques petits travaux pressés avant la Retraite des Pères, m’en ont empêché . Et c’est le bateau, venu ces jours-ci les chercher pour leur Réunion à Visale qui m’apporta ta lettre, et que j’accueillie tu devines avec quel plaisir. Nous sommes donc seules pour le moment à la Station avec notre école de filles. Pour une quinzaine probablement, mais le Père nous a laissé le Saint- Sacrement et c’est déjà comme tu penses. Alors, nous vois-tu: Curé et Vicaire de la paroisse , même avec les clés du presbytère . Sœur Marie Gérald se charge de sonner les cloches . Je ne pourrais pas d'ailleurs, c’est dur à tirer sur la corde , elle a la poigne solide. Matin et soir nous avons prière à l’église avec les enfants. Le soir, Chapelet et cantique . Comme le Père n’est pas là, il vient souvent quelqu’un demander ceci ou cela. Un Teacher qui vient faire ses rapports sur untel ou unetelle de son village qui ne vient pas assister à la prière . Ou une autre qui vient de se marier et qui ne veut pas rester avec son mari et se sauver chez ses parents etc. Mais je règle vite les choses en leur disant que le Père va bientôt revenir. Depuis que tu as envoyée ta lettre, tu as dû recevoir les deux miennes de fin février et fin avril. Je voudrais pouvoir t’écrire bien plus souvent, mais il reste toujours si peu de temps pour la correspondance. Je suis contente que « chez nous » ils soient allés te voir à Pâques mais, s’obstinent-t-ils à y aller tous ensemble ? Depuis, notre Manuelo est-il aller te voir à son tour en moto ? J’en serais contente, tu me raconteras sa visite, ce qu’il t’a dit. Moi, il ne m’écrit jamais et j’en ai de la peine. Je ne passe pas un jour sans prier pour lui. Je sais bien que toi non plus . Espérons que la Sainte Vierge prendra soin de lui. Marie P, j’avais enfin une lettre d’elle à ce dernier courrier ( datée de janvier) ne me dis pas un mot de lui . Ils sont bien bons tous deux et Drienne et Tanis de te donner tout cet argent. Ils ont bon cœur tout de même . Et toi, ma bien chère petite sœur, cela te donne bien de la peine pour préparer tous ces paquets. Je sais bien que tu ne comptes guère cela et que c’est de grand cœur que tu le fais, mais tu es déjà assez occupée avec ton travail de classe et à si peu de temps à toi ! Il ne faut pas en envoyer si souvent. Merci d’avance, ma chère Marie, pour ceux qui sont déjà en route. Les chapelets sont toujours précieux ! Médailles aussi , les images seront toujours bienvenues . Lorsque tu en as quelques-unes, tu peux toujours en envoyer, mais cela ne presse pas. Il m’en reste encore de ceux que tu as envoyé . Je veux dire que ce sont des objets qui servent toujours et qui trouvent toujours acquéreur. Pour les colliers, si ce sont des chaînes surtout, et avec une médaille, je peux t’assurer déjà qu’ils auront un immense succès. Ces demoiselles aiment beaucoup les colliers . Elles ne sont pas filles d’Ève pour rien . Et puis cela m’arrangera bien. Je n’aurai pas à leur changer le lien officiel que je leur met autour du cou avec leurs médailles . Car j’aime que les enfants, les enfants d’école , au moins celles qui sont communiantes , portent leur médaille du scapulaire au cou. Les petites surtout viennent souvent avec leur médaille à la main lorsqu’elle n’est point perdue : « please Tinagu ,niquitai e tahute » « Ma ficelle s’est cassée. » ce qui veut dire :” puis-je en avoir une autre.” « A good, Scolding. » Si tu pouvais aussi en trouver une bonne pour moi, car sinon ( un blanc est toujours sale avec la sueur) et cela paraît devant à mon col. Ne ris pas de moi comme ça… Tu voudras bien remercier déjà pour moi, votre Chère Mère, pour le petit chapelet et pour tout. Elle est bien Missionnaire de cœur. Et aussi remercier Chère Sœur Marie Baptiste.Je tacherai de t’écrire sitôt que j’aurai reçu le paquet. Et maintenant, pour répondre à chaque point : nous avons reçu pas mal de linge d’hôtel dernièrement de Nouvelle-Zélande, et nous n’en avons vraiment pas besoin. Monseigneur nous a donné deux ornements qu’il avait apporté de France. Mais si cela t’es possible, une belle grande étole, violette et blanche pour Monseigneur, nous rendrait service. L’autre que tu avais envoyée est déjà en service pour les Pères, car nous en étions vraiment à court. Pour l’harmonium, ce n’est pas possible, même quand ce ne serait qu’une petite portative, et bien que je n’ai aucune idée des prix, cela coûterait certainement des milliers de francs, à cause de la distance, et j’aurais du remord de vous faire dépenser tout cet argent. Sans compter, toute la peine que cela te donnerait, car si cela est utile, ce n’est pas tout de même indispensable. Que veux-tu, nous avons toujours cette distance entre nous !… Quant à notre régime alimentaire, nous sommes déjà beaucoup mieux qu’au début, car tout de suite après notre retour d’évacuation, nous n’avions absolument que des conserves : conserves de lait, de viande, que des boîtes de conserves quoi… Et on s’en fatigue vite .Toute la volaille que nous avions avait disparu… Nos bonnes vaches laitières, les unes avaient été tuées, les autres, devenues sauvages … Mais le Père a bâti un poulailler presque tout de suite . Nous avons d’abord acheté quelques poules chez les Indigènes, et peu à peu notre nombre augmente. Nous en avons déjà une vingtaine et commençons à avoir quelques œufs au moins pour notre déjeuner, chacune le nôtre , cela fait cinq . Bientôt, nous en aurons davantage, c’est Soeur Marie Gérald qui s’en occupe le plus. Elle aime bien ça, et y fait bien des tours par jour, surtout lorsqu’il y a des petits poussins. Pour les vaches, le Père a fait faire un enclos, entouré de fil de fer barbelés . Lorsqu'une de nos vaches à une génisse, nous les mettons dans cet enclos, et tous les jours deux de nos petites filles vont leur donner à manger les feuilles de kumaras « Sweet, Potatoes !… » qu’elles viennent manger dans leurs mains , si tu les voyais faire ! Je leur donne à chacune leur semaine , à chacune leur tour. Et ainsi, quand elles sont grandes, elles sont déjà habituées , et elles peuvent les traire facilement. Le bon Dieu a été bon pour nous, comme toujours, dès la première année, nous en avons eu une que nous avons apprivoisé comme cela, et c’est elle qui nous donne du lait maintenant. Et il y a trois petites génisses. Le Père a aussi commencé une porcherie pour que nous puissions avoir un peu de viande fraîche de temps en temps. Les débuts n’ont pas été un succès. Il y a eu la maladie, mais maintenant c’est à peu près fini. Chaque côté à son affaire, les filles s'occupent des vaches et les garçons des cochons. Pour les légumes, les enfants nous apportent de ce qu’elles ont dans leur plantation. Nos enfants d’école nous rendent d'immenses services . Pour tous ces travaux, il faut évidemment surveiller, mais nous avons vraiment de bons enfants et il y a un bon esprit. Alors, tu vois que nous ne sommes pas trop à plaindre. J’allais oublier : et comme boisson, nous avons surtout du the, et aussi une bonne orangeade à la saison . Tout cela ne vaut évidemment pas une bouteille de bon vin de « chez nous ». Mais c’est bon tout de même. Je voudrais pouvoir vous envoyer un sac de nos bonnes oranges fraîches. Et maintenant te voilà bien renseignée au moins. Je crois avoir répondu à toutes tes questions. Peut-être trouveras-tu cependant que ce n’est pas très clair. C’est la faute de mon stylo. Je t’ai peut-être aussi parlé de tout cela dans mes autres lettres. Je ne m’en souviens plus, alors il te faut patienter avec moi, que veux-tu. Je sais si bien que vous feriez tout pour m’aider. et j’en suis touchée plus que je ne saurais le dire, mais à cause de la distance, c’est impossible, avec toutes les difficultés et les frais de transport . Et puis ,nous sommes loin de manquer du nécessaire . Je t’assure. Et je ne voudrais pas que tu t’inquiètes, ma chère Marie, ni comme « chez nous ». D’’ailleurs, ce que tu as envoyé déjà, nous a rendu un immense service. Tu ne pouvais être mieux inspirée, toi et les Chères Sœurs . Surtout ce sont des objets que nous ne pouvons guère nous procurer ailleurs. Le 9 juillet. Je viens d’achever ma lettre car les Pères ne vont pas tarder à arriver. Ce dernier mois , il y a eu beaucoup de belles fêtes . Avez-vous eu la procession de fête Dieu ? Nous, pas encore cette année, Pas depuis notre retour d’évacuation,ce sera pour l’année prochaine a dit le Père . Mais le jeudi nous avons eu exposition du Saint-Sacrement et je pensais à toi et à tous nos êtres chers.Je suis contente pour toi que les vacances approchent, car tu as dû être bien occupée depuis ces dernières semaines surtout, avec les examens en perspective. J'ai pensé à vous et à croire que vos élèves les auront passés avec succès. Tu auras bien besoin de quelques bonnes semaines, de repos et de détente, sans avoir à penser aux préparations des classes et aux corrections de cahiers . Pour nous , il nous faut attendre Noël, ce sont leurs seules vacances de l’année pour deux mois. A propos de classe, si tu pouvais m’envoyer de grandes images pour faire mes classes de catéchisme, les enfants les aiment tant, mais si tu peux envoyer deux chaînes de cou . Une aussi pour Sœur Marie Gérald . Elle me demande de te dire son affectueux bonjour. Je te met des timbres qu’elle m’a donnée au cas où vous faites de nouveau le concours. Nous avons vu ton nom Soeur Marie Georgette, deuxième prix sur Mission des îles. Je t’ai déjà dit n’est-ce pas que la nappe d’hôtel que tu m’avais faite autrefois , nous sert encore. J’avais pensé à quelques boîtes de sardines à l’huile si une fois vous vouliez en envoyer une douzaine pas plus. Merci pour tout,Tu voudras bien dire mon bonjour « chez nous ». Monseigneur a été fatigué par un mauvais examen . Cela va mieux maintenant pour moi, je me porte bien pour le moment. Monsieur Levesque m'écrit de temps en temps. Avuavu le 27/08/1950 Mes bien chers Manuel, Marie P, Mon grand Manuelo et ma petite Marie -Georgette, Bien que je n’ai qu’un petit moment cet après-midi, je ne veux pas tarder plus longtemps à venir vous dire combien j’ai été contente de recevoir la lettre de Marie P de janvier (cela fait 1 long temps en route) arrivée en même tant que la lettre Pascale de Marie et une de Bèbert de juin . C’est la sienne qui bat le record de vitesse, mais aussi elle est venue par avion. Et notre grand Manuelo j’avais espéré que pour le premier de l’an, il serait au moins venu souhaiter la bonne année à sa petite tante. Et Marie- Georgette, pourquoi n’a-t-elle pas écrit une petite lettre ? Il faudrait peut-être que vous l’y aidiez un peu comme pour certaines de nos grandes filles en classe, lorsqu'une fois le temps, je leur donne comme devoir de faire une composition ou d’écrire une lettre , elles commencent toujours par me demander ce qu’il faut dire, ou à qui écrire etc. Ce n’est pas un devoir amusant pour elles . Certaines me demandent si elles peuvent m’écrire, et alors elles me font leur confession : « Tel jour, je n’ai pas bien travaillé dans la plantation. J’étais paresseuse. Je n’avais qu’envie de monter dans un arbre et chanter ». ou un autre jour, une autre écrivait : « j’ai parlé et me suis amusé pendant ton absence »(nous les laissons pendant une demi-heure pour faire notre lettre spirituelle) etc. Elles sont en général assez paresseuses pour travailler de tête. La combien es-tu de ta classe Marie- Georgette ? Raconte-moi un peu ce que tu fais en classe. J’espère que tu as pensé à prier pour ta petite tante, le jour de ta première Communion. et que tu pries, souvent pour moi qui suis si loin, mais qui pourtant, pense tant à vous.. Aimes-tu toujours autant aller à Saint Lumine ? Tu vas sans doute y faire un bon séjour pendant tes vacances. Qui fais-tu ? Est-ce que tu aides Marcelle au comptoir ? Marcelle ne m’a pas écrit depuis longtemps , elle non plus . Quand même un petit mot pour le premier de l’an. Les petites doivent être mignonnes. Françoise doit parler comme une grande fille. Marie- Georgette doit jouer le rôle de sœur aînée, elle aime cela peut-être . Notre grand Manuelo doit bien vous aider. Va-t-il pouvoir s’habituer au travail et se plaire assez pour rester à la maison ? Je prie bien pour lui, en demandant à la Sainte Vierge qu’elle lui obtienne les lumières pour trouver sa voie . Qu’elle le guide et le protège. Les plus durs travaux doivent s’avancer. La récolte du blé est-elle bonne cette année ? Vous devez être fatigués . Comment vont vos santés à tous deux ? Et Drienne et Tanis ? C’est Tanis qui m’a écrit le dernier. Je vais être obligée de croire que c’est Drienne la plus paresseuse. Quant à moi je me porte bien et prie chaque jour pour que vous soyez de même . Ici en ce moment, les gens sont très occupés . C’est le moment où ils plantent des ignames chaque année. Nous en faisons aussi de grandes plantations pour les écoles. Nous prenons des travailleurs pour aider les enfants , pour faire le plus dur. C’est ce qui rapporte le plus. C’est un gros fruit, beaucoup plus gros que la pomme de terre « chez nous », mais pas aussi bon . Les Indigènes en sont cependant très friands, cuit à l’eau ou dans leur four indigène. Pour le reste, les saisons ne changent guère notre genre de travaux. Toujours la même routine . Nos 32 pensionnaires nous occupent bien. Classe et surveillance et tous les autres. Travaux de Sacristie et Pharmacie . Deux fois par semaine au moins, visiter le travail dans les plantations . On va voir que ça marche, et aussi, le temps passe toujours trop vite. Le jour de l’Assomption , nous avions Grand Messe chantée et Bénédiction, pendant lesquelles les enfants exécutèrent quelques nouveaux et jolis chants de « chez nous », si vous aviez pu les entendre . Il me semblait voir Marie- Georgette, tout en blanc. Manuel ou Jean n'ont-ils pas pris une photo ? N’oubliez pas de m’en envoyer pour que je puisse la voir au moins en photo. Vous n’en envoyez pas souvent dernièrement., Il y a eu aussi l’installation de deux statues devant l’église, une de la Sainte Vierge et une de Saint-Joseph. Le soir nous y fîmes la Procession aux flambeaux.. Les enfants n'avaient encore jamais vu cela et étaient tout excités et heureux.. Si j’arrive à en avoir une photo, je vous l’enverrai. Pour aujourd’hui je vous envoie celle- ci. Si vous les trouvez bien, vous pourrez les faire agrandir un peu ou à la grandeur que vous voudrez, je vous envoie le négatif. J’en ai aussi envoyé à Marie qui vous les passera ainsi qu’à Drienne et Tanis . Vous vous arrangerez bien. Marie me disait dans sa dernière lettre qu’elle avait une bourse que vous et Drienne et Tanis avez donnés pour moi . Et qu’elle commençait à être pas mal grosse. Merci de tout cœur, cela me fait grand plaisir de penser qu’ainsi vous avez part à mon apostolat, ou bien , ce que je pourrais faire, En donnant et faisant des heureux, je suis contente de penser que c’est à vous qu’ils le doivent . Et en retour, je leur demande de prier pour vous, et aussi, je sais bien que le Bon Dieu vous en récompensera au centuple, mais je ne voudrais pas que vous vous priviez pour moi, n’envoyez pas des paquets trop souvent, si loin, c’est trop coûteux. J’avais pensé qu'une fois quand vous en enverrez un, vous pourriez peut- être mettre quelques boîtes de sardines à l’huile, une douzaine, ce serait bien assez. Ne vous pressez pas. Je sais bien que vous êtes fatigués. Avuavu le 28/10/1950 Mes bien chers tous, deux, Ta Lettre du 20 août, cher Tanis , m’est arrivée, il y a près d’une quinzaine de jours. Elle n’a pas été longtemps en route comme tu vois, et je l’ai accueillie comme toujours, avec la joie et l’immense plaisir que tu devines . Je suis bien obligée de croire que c’est vraiment Drienne la plus paresseuse des deux . Puisque les deux dernières fois, c’est toi seul qui m’a écrit. Tanis, les petites nièces sont si mignonnes qu’elles doivent accaparer tous les petits moments qui restent à Drienne en dehors de son travail, mais moi je réclame aussi ma part. Bien sûr, elle doit dire que quand tu écris, c’est pour vous deux, mais sa dernière lettre date de un peu trop loin tout de même, pourtant c’est notre seul moyen de converser ensemble, et ainsi pouvoir partager vos joies et vos peines, et vivre encore avec vous, par la pensée et l’affection, un peu la vie de famille, sans cela nous serions bientôt comme des étrangers. J’ai trouvé avec plaisir ta petite pensée Violette . Surtout en pensant qu’elle avait été cueillie pour moi, par un grand frère très aimé, dans les parterres, de ma non moins chère , mais trop silencieuse sœurette . Je l’ai mise dans mon Missel que j’ouvre chaque matin à la Messe. Ici, nous n’avons pas beaucoup de fleurs. Nous sommes trop près de la mer. C’est partout du sable et elles ne poussent pas beaucoup. Nous avons seulement quelque chose qui ressemble aux pieds d’alouette blanches et bleues, et une espèce de zinnias. A une saison, quelques lys rouges. C’est à peu près tout ce que nous avons comme fleurs pour l’autel. J’étais justement à en planter ces jours-ci avec les enfants. Cette semaine aussi nous avons encore à travailler. Il y a quelques mois, nous avons fait préparer de grandes plantations d’ignames , maintenant ils débroussaillent pour faire de grands champs de pommes de terre douce (sweat potatoes) Elles ne sont pas aussi bonnes que « chez nous ». Nos écoles augmentent, tous nos enfants sont pensionnaires à peu près. Et il faut de la nourriture pour tout ce monde . Avant hier, je suis allée les voir au travail (comme un grand patron) et quand je trouve qu’ils n’en font pas assez, je leur fais savoir que je ne suis pas contente . Je suis sûre que tu rirais Tanis , si tu pouvais me voir discuter avec mes bonhommes…. Qui , après tout, sont de braves gens, ils sont à couper des arbres , et ils s’excusent en disant que c’est du bois très dur et c’est pour cela que ça ne va pas vite. J’ai fait toute une tournée ce matin-là, car ensuite , je suis allée voir les enfants au travail dans une autre plantation . Selon mon habitude, je suis arrivée sans crier gare, préférant ne pas les avertir de ma visite. C’est comme cela que j’ai trouvé quelques unes de mes gamines.. non au travail, mais dans le bois à la recherche de fruits sauvages . Surprises , mais obligées de se présenter avec un petit air attrapé , qui failli me donner le fourire , elles vinrent m’offrir une part de leur butin en me disant de goûter comme c’était bon. Comment gronder les délinquantes après cela. Je le fis tout de même mais un peu faiblement. Quelques fois nous allons les voir ensemble Soeur Marie Gérald et moi, et c’est plus intéressant. Et vous, que faites-vous ?Et que devenez-vous ? Tandis qu’ ici, la chaleur va en augmentant. « Chez nous » le froid va se faire sentir… L’hiver approche… Il va faire bon écouter la radio auprès du feu…Tu n’as pas revue la bohémienne ? Et que tu le veuilles ou non, il t’a bien fallu l’écouter. Ce sont d'étranges créatures, et autrefois j’en avais presque peur. Je me demande où elles prennent ce qu’elles racontent, et c’est curieux comme il arrive qu’il y ait du vrai. Ton « Diamant » doit être un petit cheval comme on n’en trouve pas tous les jours (s’il porte bien son nom). Quelle couleur est-il ? Tu l’aimes bien on dirait Tanis . Est-ce le même curé que j’ai connu autre fois ? Un grand, je ne sais pas son nom. Le 30 octobre.– J’avais laissé ma lettre inachevée, et voici un bateau qui arrive. Je ne veux pas manquer l’occasion ! Aussi, je suis obligée de couper court, bien que j’aurais aimé bavarder un peu plus longtemps avec vous. Pourtant, comme nous arrivons fin octobre, il est temps que je pense à vous envoyer mes vœux de bonne année, j’espère que votre santé se maintient à peu près, Marie me disait que tu avais souvent mal à la tête Drienne. Est-ce que cela va mieux maintenant ? Et Tanis a aussi souvent quelques misères. Je ne peux pas écrire aussi souvent que je voudrais, mais soyez sûr que je ne passe pas un jour sans penser à vous deux, spécialement le matin à la Messe . Que le bon Dieu vous obtienne tout ce dont vous avez besoin . Lui il sait mieux ce qui nous est le meilleur. Et aussi, je lui demande que nous nous retrouvions tous là-haut au complet. Vous aussi, priez pour cela. Le temps passe si vite n’est-ce pas. Durant ce mois de novembre, je vais bien prier pour tous nos chers morts. Au revoir pour cette fois, je vous embrasse tous deux bien fort en vous disant Bonne Année Bonne Santé et le Paradis à la fin de vos jours. Georgette J’ai envoyé quelques photos à Marie, je suis sûre qu’elle ne tardera pas à vous les passer 1951 Avuavu le 15/04/1951 Mes bien chers, tous deux , J’ai bien presque envie de bouder Drienne qui ne m'écrit toujours pas. Tu te rassures peut-être disant que Tanis écrit pour les deux, mais ce n’est pas là une bonne raison, et je trouve que cela ne te dispense pas de me faire une petite visite toi aussi, surtout aux fêtes de Noël ou du premier de l’an on aime se retrouver en famille. Tanis m’a offert ses vœux, mais ne m’as pas offert les tiens, tu sais, et je l’approuve, car c’est à toi à venir me trouver. Et puis j’entends des rumeurs inquiétantes : tu travailles beaucoup trop et ne mange presque pas, pas assez du moins, as-tu encore souvent des maux de tête ? Écris-moi vite pour me rassurer, et me dire ce qu’il en est. C’est bien de rendre quelques petits services à Marcelle quand tu le peux, mais tu n’as pas besoin d’en faire trop et te surmener pour cela. Je demande souvent pour vous au Bon Dieu, la santé, et l’aide dont vous avez besoin pour supporter les petites peines et misères qu’il permet. Pour moi, je n’ai pas à me plaindre. Je me porte bien, ainsi que les autres Sœurs ici. Ta dernière lettre cher Tanis , par avion, m'est arrivée très vite: un mois et demi, et m’a fait un plaisir immense. J’espère que ma petite carte aura volée aussi vite vous rejoindre. A peu près en même temps que la tienne j’en ai reçu une de Monsieur Levesque et de Bèbert qui m’ont fait aussi très plaisir. J’aurais voulu vous écrire bien plus tôt, mais il faut souvent sacrifier ce plaisir aux devoirs qui ne vous laisse guère de répit. Comment avez-vous passé les fêtes de Pâques ? Avez-vous eu quelques visiteurs ? Au moins vos habitués j’en suis sûre. Françoise, Monique, et peut-être aussi Anne qui doit commencer à trotter par derrière. Qui les gâte le plus ? J’ai entendu dire que c’était toi Tanis . Je suis contente que vous ayez un poste. Il faut bien se distraire un peu. Et c’est intéressant au moins quelques fois. Peut-être avez-vous profité des fêtes de Pâques pour aller voir Marie ? Pour sa lettre de Noël, elle me disait que tu lui avais envoyé quelques belles pommes bien conservées Drienne, ce qui m’a fait venir l’eau à la bouche, mais je n’ai pas été oubliée paraît-il, puisque vous avez donné chacun votre gros billet pour moi. Merci de tout cœur à vous deux. Recevoir quelque chose qui me vient de vous me fait doublement plaisir. Et puis le bon Dieu qui ne laisse pas un verre d’eau sans récompense, combien plus pour ce que vous faites pour votre sœurette et ses petits Salomonais . Avez-vous trouvé mes petites filles sur les photos pas mal du tout n’est- ce pas ? Depuis plusieurs semaines déjà nos écoliers et écolières sont de retour de vacances. Avec quelques nouvelles en plus. Ce qui fait plus d’une centaine d’enfants à la Station, garçons et filles . Aussi tant pis pour les amoureux du silence, surtout au moment des récréations. Ces jours-ci, on leur a donné de nouveaux ballons, et ils en mettent un coup à jouer football, aussi bien filles que garçons … Mais avec tout ce monde, nous n’avons pas une minute… comme vous pensez. J’ai demandé à Mère Supérieure de nous envoyer du renfort auprès de notre pauvre vieille Sœur Marie Antonia, la Sœur Allemande ne peut plus faire grand-chose maintenant, à cause de son grand âge : elle a 75 ans.… Vous voyez qu’on peut vivre longtemps aux Salomon… J’ai reçu ces jours-ci, une lettre de Mère Marie Reine , qui m’a bien déçue, et va vous décevoir vous aussi. Elle n’ira pas en France comme je vous l’avais dit en raison des menaces de guerre : le chapitre qui avait lieu à la Maison Mère aura lieu à Sydney. Les sœurs des Salomon et les autres se réuniront à Sydney . Dommage que ce soit comme cela, car je suis sûre que vous auriez été content de faire connaissance avec Mère Marie Reine, sa famille à elle va en avoir beaucoup de peine. Elle est de Missillac. Ce n’est pas loin de « chez nous ». Il vous reste encore l’espoir de voir le Père de Theye . Je ne me souviens plus si je vous en ai déjà parlé dans une autre lettre. C’est un de nos Pères d’Avuavu , il est très gentil et très bon. Je suis sûre que vous serez contents de le connaître . Il est Hollandais et vient de partir en vacances chez lui, et il m’a promis avant de partir, de faire l’impossible pour aller vous voir. J’espère que lui au moins n’en sera pas empêché. Pour nous, le grand revoir sera sans doute seulement au ciel, ou je l’espère. Nous nous retrouverons au complet toute la famille. C’est une prière que je ne manque pas de faire chaque jour. Au revoir et à une autre fois, mais par la pensée, et surtout par la prière, je vous retrouve bien souvent, et là vous me semblez plus près. Que faites-vous en ce moment ? A quoi êtes-vous occupés ? Vous devez commencer à avoir de beaux jours de printemps. Tandis qu’ici c’est la saison de pluie qui commence et ce n’est pas agréable. Cela ne dure pas longtemps ordinairement. Je vous ai dit déjà que nous avions un petit bébé depuis cinq mois déjà. J’y pense maintenant car il vient de se réveiller et je l’entends qui crie. Sa mère est morte. Et le père nous a demandé de le prendre. Il a 15 mois, il commence à marcher tout seul. C’est surtout Sœur Marie Gérald comme Infirmière qui s’en occupe, aider d’une de nos grandes filles. Il est mignon et parait intelligent. À bientôt de vous lire j’espère Je vous embrasse bien de tout cœur avec toute mon affection de sœurette. Mon affectueux bonjour à Marcelle et à toute sa petite famille et dites-lui que je les embrasse fort. Il me tarde de savoir si nous avons un petit neveu cette fois. Georgette Avuavu le 20/05/1951 Ma bien chère petite sœur, « Leina le Maria » le bateau de la Mission est venu la deuxième semaine après Pâques pour nous approvisionner. Il m’apporta ta lettre de Noël que j’attendais et que j’ai lu avec le plaisir que tu sais . Ce que tu me dis de ton Noël m’a fait penser que j’ai du oublié de te dire ce que j’avais trouvé : un beau stylo avec lequel il m’est possible de t’écrire en ce moment. Sœur Marie Gérald en avait reçu deux de sa tante, et m’en a donné un comme cadeau du petit Jésus (sœur Marie Antonia, est surtout sensible aux images.) elle tombe de plus en plus en enfance. Que veux-tu avoir 75 ans c’est un grand âge . Merci de tout cœur pour le petit paquet que tu as envoyé. Il ne tardera pas à arriver je pense. Tes grandes élèves sont de bonnes enfants, bien généreuses, tu voudras bien leur dire combien elles ont fait plaisir. Je ferai prier les enfants à leur intention. Que le Bon Dieu les bénisse ! Tu as dû être bien occupée pendant ce dernier trimestre avec les séances des enfants à préparer pour les fêtes des Chères Mères. C’est un travail de temps et de patience. Mais les enfants aiment sans doute bien cela. Depuis les courtes vacances de Pâques passées, le deuxième trimestre ne sera probablement pas moins surchargé avec les examens en perspective. J’espère que malgré toutes ces fatigues , ta santé se maintient . Nous n’oublierons pas dans nos prières de prier pour le succès de vos enfants. Peut-être auras-tu eu quelques visites de « chez nous » avec le retour des Juvénistes . Chez Menni, on doit se préparer à la grande joie de l’ordination de leur cher François. Comment va leur famille ? J’ai reçu dernièrement une lettre de Bèbert. Il était enchanté de sa nouvelle situation. Manuelo ne m’a pas encore écrit. Que fait-il de ses dimanches ? qui fréquente-t-il ? Au Pey n’a certainement personne , il doit s’ennuyer par moment il me semble. Ici le pays est extraordinairement tranquille . Ces dernières semaines ont été de rudes semaines, une terrible épidémie : la polio ou paralysie infantile sévit un peu partout, il fait de nombreuses victimes . Dans nos écoles, cinq filles et un garçon ont été atteint par le mal. Les enfants ont commencé avec de grosses fièvres à commencer par les filles, elles ont été pendant quelques jours jusqu’à 10 ou 15 couchées avec la fièvre et de gros maux de tête. Mais nous ne pensions pas à cela, mais seulement au malaria. Ce n’est que le dimanche matin lorsque les enfants, après la messe, viennent dire que Celina, une de nos petites, avait une jambe comme morte. Ce qui me donna un choc , car par le dernier bateau, une lettre de Mère Marie Reine nous avait appris que la maladie avait commencé à Honiara. J’allais la voir et appelai Soeur Marie Gérald, nous essayons de la faire mettre debout, mais la jambe refusait tout service. Et en la couchant la tête retombait en arrière, comme un linge qu’on étend sur la ligne. Les vrais symptômes, c’était le polio, il n’y avait pas de doute. La petite malade était très excitée, car pour eux c’est le commencement de la mort, et dès que j’arrivais près d’elle : “ je ne veux pas mourir Sista”, me disait-t-elle, prie pour moi » Nous commencèrent une neuvaine aux Bienheureux Saints dont la fête était le lendemain. La fièvre baissa , mais la jambe restait paralysée. Le lendemain, une de nos grandes, qui avait la fièvre depuis quelques jours, se plaignait de mal dans la hanche, et, lorsqu’elle voulut se mettre sur pied, sa jambe refusait de la porter. C’était le deuxième cas . Nous nous demandions quoi faire avec un grand dortoir plein d’enfants . Elles étaient 54 . Et aucun autre bâtiment pour les loger , lorsque par bonheur, un bateau se rendant à Honiara s'arrêta à la Station. Nous demandons alors au Capitaine, de vouloir bien prendre à bord nos deux malades pour les conduire à l’hôpital. Ce à quoi il consentit volontiers, mais la petite, avec les préparatifs et la peur était dans un tel état de surexcitation, qu’il eut été imprudent de les laisser partir seules. Sœur Marie Gérald monta donc avec elle , jusqu’au village, où habitait la mère de la petite qui pourrait alors les suivre à l’hôpital. Enfin, une fois embarquées, je me sentis un peu soulagée, mais pas pour longtemps. C’était vers midi, je revenais du rivage avec les autres enfants, lorsque tout à coup, une autre de nos plus petite tombe lourdement sur le sable . Je crois d’abord qu’elle avait seulement heurtée une pierre . La pauvre petite réussit avec effort à se relever, mais elle venait traînant la jambe . Tous les enfants avaient les yeux sur moi, on a eu la même pensée . Celle-ci aussi était atteinte, moins fort que les deux autres. Cependant, elle ne pouvait pas marcher du tout. Mais ce n’était pas fini, plus tard dans la soirée, lorsque je descendis au dortoir, voir celles qui avaient encore la fièvre, deux autres petites, se plaignirent de mal dans un genou, et de lourdeur dans la jambe, je pensais que la peur peut-être leur donnait cette sensation . J’ai essayé de les faire lever, mais elles pouvaient à peine se tenir debout. Chacune avait une jambe paralysée . Cela faisait trois autres nouveaux cas de paralysie infantile. Tu peux penser dans quelle inquiétude j’étais et quelle nuit je passais, me demandant combien d’autres j’allais encore trouver le lendemain matin . Sœur Marie Gérald ne pouvait revenir que le lendemain. Et voilà que ce matin même, après la Messe, le Père va me dire que de son côté un des garçons était aussi atteint, et des deux jambes. Il ne pouvait pas marcher. Alors nous décidâmes de fermer les écoles et de renvoyer les enfants chez eux, car avec plus d’une centaine d’enfants ici, si cela continuait … D’ailleurs, les enfants commençaient à être pris de panique et c’était pénible. Alors, le lendemain matin, c’était jeudi, je réunis tout le monde et dit de se préparer à partir. Mais quatre de nos grandes s’offrirent de rester avec nous. Parce que dirent- elles, ce n'était pas bien de nous laisser seules. C’était une bonne pensée de leur part, et cela m’a fait plaisir, car je savais que pourtant elles aussi avaient très peur de la contagion. Et pas étonnant après les nouvelles qui arrivent d’Honiara par des travailleurs revenant au pays ! Rien qu’à Honiara même ( et c’est là qu’a commencé la maladie) il y avait 50 cas dont 40 sont morts. Un Blanc, employé du gouvernement, a été très gravement atteint . Et il y a une quinzaine de jours, un jeune homme de 24 ans est mort . Si bien que plusieurs familles de Blancs pris de panique, eux aussi, se sont sauvés en Australie. C’est ce que nous a raconté le District Officer, passé cette semaine . A Guadalcanal seulement, il y a plus d’une centaine de cas de polio dans les camps de travailleurs surtout. Le Bon Dieu a été bien bon pour nous comme tu vois, car nous n’avons pas eu de cas très sérieux, et avec tant d' enfants, la contagion aurait pu gagner un plus grand nombre. Nous restons maintenant avec nos quatre grandes filles et nos quatre petits malades qui ne donnent pas beaucoup de peine , excepté le garçon qui ne marche pas encore, mais les trois filles marchent, en trainant un peu la jambe, mais se tirent d’affaire peu à peu, il y a un peu d’amélioration, c’est long. Mais nous espérons qu’ils se remettront tout à fait. Il n’y a guère de remède efficace pour cette terrible maladie . La contagion paraît passée . Il n’y a pas eu de nouveaux cas depuis trois semaines. Mais pour plus de prudence, nous attendrons encore quelques semaines, avant de rappeler les enfants , bien que nous ayons tout désinfecté les locaux. Et puis, nous aurons peut-être notre Retraite le mois prochain, car voici les dernières nouvelles reçues,, nouvelles qui vont être une déception pour vous, comme elle l’a été pour moi : le Chapitre aura lieu, non pas en France, mais à Sydney. En raison des menaces de guerre, et ainsi vous n'aurez pas la visite de Mère Marie Reine et je le regrette bien pour vous. Et sa famille aussi va en avoir de la peine. Ils devaient tant se réjouir à la pensée de la revoir. Je t’ai déjà dit qu’elle était de Missillac , ce n’est pas bien loin de « chez nous ». Cependant, vous avez encore la chance d’un visiteur des Salomon et d’ Avuavu encore : le Père de Theye .J’ai reçu une lettre de lui, et à ce dernier courrier il me dit qu’il compte toujours aller vous voir. Je ne sais pas à quel moment ce sera . Je n’ai pas osé lui donner trop d’adresses. « Chez nous », ce serait un peu long pour s’y rendre et il a a prendre sur son temps de vacances pour faire ces voyages . Pourtant, j’aurais aimé qu’il aille. C’est déjà bien aimable de sa part d’aller en France pour vous visiter n’est-ce pas !… Il est très bien, tu verras, bon Religieux, et est très estimé dans tout le Vicariat, par Monseigneur, le premier. A propos de Monseigneur, il a dû partir pour Sydney pour se faire soigner d’un mauvais eczéma : d’abord aux pieds, puis la dermatose s’étendait à tout le corps, et, avec la chaleur, il souffrait terriblement . Les nouvelles reçues étaient bonnes. Depuis son séjour à Sydney, la dermatose allait beaucoup mieux. Mais ensuite, il a dû subir une sérieuse opération: des pierres dans la poche biliaire, l’opération était bien réussie, mais nous n’avons pas eu beaucoup de nouvelles depuis . Pauvre Monseigneur ! Cela va bien le vieillir. Pour revenir à notre Retraite, ce sera sans doute après le retour des Capitulantes. Fin juin ou juillet, nous ne savons pas encore. Et vous quand aurez-vous la vôtre ? Durant ce beau mois de Marie notre Mère, le mois des fleurs « chez nous ».. nous avons chaque soir un chapelet, litanies. Depuis la proclamation du dogme de l’Assomption , on a ajouté une nouvelle invocation aux litanies . Nous ne sommes pas une bien nombreuse Congrégation à y assister. Le Père, nous trois, nos quatre grandes filles, et nos petits malades, mais nous chantons encore quand même un cantique à la Sainte Vierge. Vous avez de la chance d’entendre toutes ces belles choses dans la radio . Je vous envie , ici rien. Nous en aurions besoin cependant pour stimuler notre ferveur. Nous regrettons bien que nos enfants soient partis, nous n’aurons pas encore de procession de fête Dieu . A cause de l’épidémie, on a interdit aux gens de venir à la Station, même pour la Messe pour ne pas répandre la maladie. Je suis contente que tu aies achetée l’Etole pour Monseigneur. Pour l’envoi, je ne sais pas trop quoi te dire, il ne faut pas compter sur Mère Marie Reine, mais je suis sûre que le Père de Theye trouvera bien un petit coin dans sa valise, et s’en chargera volontiers car il est très complaisant et très bon. Ou si tu préfères l’expédier… Comme tu feras sera bien, merci beaucoup, ma chère Marie. Je crois qu’au lieu d’envoyer par Lyon, tu pourrais me l’expédier directement, car rien ne vient de ce que tu as envoyé déjà, par exemple, celui que tu avais donné à la Révérende Mère Marie de Chantal lors de son passage à Nantes, et depuis, je commence à craindre qu’ils ne soient perdu et je le regretterais bien , pour toi aussi, qui prépare tout cela avec tant de soins, qui sait, peut-être vais-je avoir une surprise un jour. Au revoir ma bien chère petite sœur, je vais maintenant attendre ta lettre de Pâques. Je te reste bien unie par la pensée, et la prière et t’embrasse avec toute mon affection de sœurette. Embrasse bien pour moi aussi ceux de « chez nous » si tu les vois. Sœur Marie de Loyola. Sœur Marie Gérald, pense toujours à t’écrire d’autres histoires, mais elle a n’a pas beaucoup de temps non plus pour écrire. Nous parlons souvent ensemble de nos chères familles, de toi , particulièrement. Avuavu le 07/1951 Mes chers vous deux , Voilà bien des semaines que j’ai voulu vous écrire , mais les enfants à l’école augmentant, il y a beaucoup de travail à entretenir et enseigner à 60 enfants . Et pourtant je n’ai pas été un seul jour sans penser à vous plusieurs fois par jour , mes pensées et mes prières à la Sainte Vierge pour vous deux. Je viens de recevoir le paquet de chez vous avec le petit mot qu’y avait ajouté Tanis . Et je m’en suis réjouie, car je sais combien vous avez du être heureux d’avoir Marie chez vous pendant ces trois jours qui ont dû passer si vite, hélas. J’avais bien hâte d’avoir d’autres nouvelles de Tanis. Et maintenant, comment vas-tu, mon bien cher Tanis ? J’espère que les nuits sont un peu meilleures et que tu dors mieux. C'est si long et si pénible une nuit sans sommeil. Et vous deux, depuis si longtemps, vous en avez passées combien ? … car tu dois guère dormir non plus … j’en suis sûre, ma pauvre chère Drienne. Le matin à la Messe , je pense à vous qui allez passer la nuit, et je demande à la Sainte Vierge de vous obtenir une bonne nuit de sommeil. Je me demande aussi, si Tanis commence à pouvoir marcher un peu avec son nouvel appareil . Ce ne sera pas chose facile. Tous ces essais vont être bien pénibles et te faire encore souffrir . Combien je pense à vous deux . C’est maintenant que je voudrais être près de vous pour vous aider à porter votre épreuve, une épreuve à laquelle je n’avais certainement jamais pensé et que j’aurais tant voulu qu’elle vous fut épargnée. Mais le bon Dieu qui est le meilleur des Pères et nous aime plus que nous ne pouvons nous aimer, ne peut pas vouloir nous faire souffrir, sans que ce soit pour notre plus grand bien, et pour que nous en retirions une grande source de mérites . Aussi, à la Consécration, j’offre toutes vos souffrances en union avec celles de Jésus , et je suis sûre que par elle , vous ferez plus de bien et convertirez sans doute plus de païens d’Avuavu que moi avec tout le travail que je pourrais faire, car le Bon Dieu aime surtout ceux qui souffrent et il vous prépare sûrement une belle place là-haut. J’avais pensé vous écrire de Visalé après la Retraite ( car nous en sommes de retour depuis une quinzaine) mais impossible de s'échapper (et pourtant , nous sommes restées trois semaines ) … Mais j’allais chaque matin à l’hôpital aider et initier un peu une des jeunes Sœur Américaine aux soins des malades , pendant que sa Supérieure , une petite bretonne , était occupée avec sa troupe de filles . Ensuite, j’allais aider Sœur Marie Léon de Geneston, une de nos anciennes Sœurs qui avait beaucoup à faire avec tout son travail de couture . Et pendant tout ce temps , je pensais à vous , à trouver un petit coin pour passer un petit moment avec vous , mais le moment de repartir pour Avuavu est venu avant . Pendant le calme et le silence de ces jours de Retraite particulièrement, j’ai prié pour toute la famille, mais surtout pour vous deux. Nous étions 33 Sœurs réunies , les nouvelles sont presque toutes Américaines, mais de parents Canadiens, et parlant Français. Mais je dois m’arrêter. Je vous écrirai de nouveau dès que je le pourrai . Mais pour ne pas être en retard , je vous envoie dès aujourd’hui tous mes meilleurs vœux de Bonne Année , que le Bon Dieu vous bénisse et vous obtienne une meilleure santé, et tout ce qui sera le meilleur pour vous . De cœur et de prière , je suis près de vous , et vous embrasse avec toute mon affection de sœurette mes bien bien bien chers tous deux . C’est encore une lettre de Marie qui m’a appris que nous avions cette fois un petit neveu . Marcelle ne m'écrit jamais . Dites leur quand même si vous le voulez bien , mon bien affectueux bonjour et merci pour les dragées de baptême qui étaient délicieuses . Je viens de les recevoir avec une boîte de « petit beurre » bien conservée que tu avais envoyée à Marie , Drienne , merci. Je vous embrasse de nouveau comme je vous aime . Georgette .