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Avuavu le 3/04/1938 Bien chers tous, Je viens vous trouver un petit moment avant d’aller dormir. La journée impossible de s’y mettre ,voilà un moment que je ne vous ai pas écrit. Peut-être vais-je être trop tard pour qu’elle parte. ! Si je m’étais écoutée , je l’aurais fait depuis longtemps. Ma caisse est arrivée depuis plus de trois semaines, et j’aurais voulu vous l’annoncer sur le champ. Pour vous dire combien j’étais contente de toutes les bonnes choses que j’y ai trouvé, mais surtout parce que c’est vous qui me les envoyez. Elle n’a pas mis aussi longtemps que la première. Mais cela fait quand même pas mal de temps. vous voyez. Monseigneur se trouvait ici, il y est toujours quand je reçois vos caisses, aussi je me suis fait un plaisir de lui offrir une tablette de chocolat Nantais, une aussi au Père qui m’a apporté la caisse . Comme j’avais dit en riant à la petite fille, que j’ai envoyé leur porter: “ça abimait les dents” Le Père a répondu “ oh ! Les miennes sont déjà vilaines, comme celle de Miro, le chien… C’est bon signe… qui a un dentier à enlever” et s'est mis à rire devant l’air ébahi de la petite fille , qui commençait à prendre peur, et vite venu nous raconter cela, ce qui nous a amusé.,,, Nous buvons tous les jours, le phoscao, mais n’en n’envoyez pas ! C’est bien trop de peine, et ça coûte terriblement cher. Nous mangeons aussi des haricots, cela nous change un peu du régime ordinaire (quelques légumes indigènes, nous n’en avons pas encore semé.). On dit que c’est inutile, d’autres ont essayé et ça ne réussit pas. Je porte la paire de chaussures , que vous m’avez mise, tous les matins à la messe. Le 10.– Ma lettre est restée inachevée. D’ailleurs je n’aurais pas eu l’occasion de l’envoyer, mais le Père vient de dire qu’il partira demain matin pour Marau . Si nous avions des lettres, c’est l’unique dernière chance pour le faire partir. Je ne veux pas le manquer. Aussi je reviens faire ma petite veillée avec vous ce soir. Ces dernières semaines ont été fatigantes. Je n’ai jamais eu un moment, il y a eu les fêtes de Pâques à préparer, puis la rentrée des enfants. Nous avons toute une troupe, alors le travail ne manque pas. Le soir je suis paresseuse . J’ai reçu en même temps voilà quatre semaines celle de Marie P, avec celle de Marcelle, une de Drienne , de Marie , de Bèbert . J’étais contente, et je viens de recevoir la tienne Manuel et celle des petits , écrite pourtant quelques jours après seulement, mais c’est bien . Sans cela je n’aurais rien eu cette fois-ci vraiment je ne me suis guère aperçue qu’à Noël vous auriez failli être gelé. Que j’aurais volontiers partager. Que papa a donc dû grelotter avec ce froid terrible, il serait mieux ici avec nous, quelle misère vous avez dû avoir aussi pendant ce moment. C’est passé puisque nous voilà déjà Pâques . Marcelle et Manuelo doivent être de nouveau à la maison. Vos lettres m’ont fait grand plaisir. Que je suis contente de savoir que notre grand Séminariste est déjà tout habitué à sa nouvelle vie. Il paraît tout à fait à son affaire. Les études marchent bien puisqu’il est sixième sur 21, et a de bonnes notes. Les régimes du séminaire ne doivent pas être trop mauvais s’il prend si vite des kilos, le gars . Il est comme toi Manuel autrefois au collège, mais cette appendicite chronique…Est-ce grave ? Avec une opération ça guérira ? Il est fort n’est-ce pas.… Est-ce qu’il lui arrive encore quelquefois de ces petits accidents dont tu me parles Marie P ? Je pense que c’est passé. Ce doit être le changement qui est cause de cela. Ce serait ennuyeux.. Ils sont déjà nombreux à ce nouveau séminaire, il parlait de J.gilet. Qui est-ce ? Et de Alfred Ringeard . Est-il aussi à Legé ? À la Martinière, comment va ma marraine ? De voir son grand Abbé et les enfants pendant les vacances lui aura fait du bien. Pauvre marraine, elle a bien travaillé et eu des soucis, mais à vieillir, on perd ses forces évidemment . Dites-lui que je ne l’oublie pas, que je ne les oublie pas, tous …Comment va Samuel ? J’ai bien reçu la lettre de Marie Voisin avec la photo de leur petite famille et celle d’ Henriette. Dites-lui bien qu’elles m’ ont fait grand plaisir. Elle a bien bon cœur la voisinette . C’est encore la meilleure des cousines. La petite Marcelle comme elle ressemble bien à Marcelle quand elle avait son âge. Les deux plus petits je ne les connaissais pas . Elle me dit que le petit ressemble à maman peut-être un peu. Mais il est déjà tard, je vais me faire gronder, il faut vite que je vous laisse. Je ne peux pas écrire à Drienne et à Tanis . Je n’ai pas écrit non plus à Marie mais je vais le faire au plus vite. Vous voudrez bien leur donner de mes nouvelles . Je voudrais bien écrire un petit mot à Marcelle et Manuelo. Mais quand ? Je ne sais pas. Je pense qu’ils ont écrit pendant leurs vacances de Pâques. Et qu’ils sont allés voir Drienne et Tanis avec le tonton. Ils ne pourront peut-être pas sortir beaucoup. Dites à ma marraine qu’elle me fasse le plaisir de m’écrire quelques lignes au moins. A bientôt de vous lire, merci pour tout ce que vous faites pour moi, vous vous donnez bien de la peine. Bonsoir, cette fois je m’arrête, je donnerai ma lettre au Père demain matin, car tout le monde dort maintenant. Je vous embrasse bien tous comme je vous aime. Georgette, sœur Marie de Loyola . Je pense que vous verrez les Sœurs :Mère Marie Irénée de Vieillevigne et Mère Raphaël, Lyonnaise, elles sont arrivées à Sainte-Foy depuis les Rameaux. Tu ne m’as pas mis les photos que tu me promettais Marie. Avuavu le 23/07/1938 Ma bien, chère maman, bien cher tous. Combien je pense à toi, chère maman. Comment te remets-tu de cette grosse fatigue ? C’est ce que je me demande à chaque instant. Mais hélas, il me faudra attendre des semaines pour le savoir. Que je voudrais, comme Marie, pouvoir courir près de toi, te sachant malade. C’est la ma grande peine , tu le sais , ma chère maman, et le plus grand sacrifice . Le reste n’est rien , à côté de cela . Vous seuls me manquez . Et pourtant ce m’est un immense soulagement et ça me console de penser que Manuel, Marie P, Drienne , Tanis , sont là . Qui prendront bien soin de toi, et j’en suis sûr, te soigneront de leur mieux . Que tu as dû être contente , pauvre maman d’avoir aussi Marie , pendant une semaine . Les Directrices ont été bien bonnes de la laisser venir . Pour moi, je suis privée de cette douceur et cela m’est une vraie souffrance , moi qui bien des fois t’ai fait de la peine , toi que j’aime tant pourtant . Je sais bien que tu me pardonnes , ma chère maman , mais je ne peux pas m’empêcher de te le dire . J’ai reçu en même temps la lettre de Manuel, celle de Tanis , une de Marie et une de Marcelle Depuis j’attends avec inquiétude d’autres nouvelles . Prends bien tes médecines chère maman et suis bien les ordonnances du Docteur, aide-la un peu toi Manuel, fais- lui y penser. Peut-être cela finira-t-il par se passer , si quelques autres petites choses pouvait lui faire plaisir, qui ne lui ferait pas de mal, vous pourriez lui acheter, n’est ce pas ! C’est bien des fois le jour que je vais vous trouver , vous devez travailler dur tous ces temps ci . Avez-vous du beau temps? S’il y a si peu de foin , vous aurez vite fait , Avez-vous toujours le même cheval que j’ai connu ? « Boulot » ? Et cette fièvre aphteuse est-elle finie? Quelle misère vous avez dû avoir avec ça . Sans compter les pertes . Marcelle va vous arriver en vacances .Cela me fait plaisir pour vous tous , pour maman surtout . Ça lui fera du bien . Elle lui tiendra compagnie . Les petites lettres que tu m’écris de temps en temps , me font grand plaisir , je voudrais pouvoir te répondre à toi toute seule , ma chère grande, mais que veux tu , je n’arrive pas à trouver le temps . Tu sais bien que je ne t’oublie pas . Pour cela Manuelo doit être heureux , lui aussi , de voir arriver les vacances . Il faudra m’écrire une longue lettre , quand tu n’auras rien à faire . Tu me diras si l’on vous a présenté au certificat , et si tu as été reçu n’est ce pas … Alors , Marcelle , as-tu étrenné ton « Kodak » ? Il faut que tu prennes Mémé et puis tous ceux de « chez nous » , sans compter tante Drienne et Tanis . Et puis , si tu allais faire un petit tour à Angers tu prendrais Menène. Je serais bien contente si tu m’envoyais toutes ces photos . Manuel me dit que vous parlez de m’envoyer un colis . Je vous remercie bien , mais je ne voudrais pas que vous vous donniez trop de peine . Ne vous dérangez pas exprès , si c’est un peu plus tard . Tant pis, d’ailleurs qu’on le veuille ou non , il faut savoir attendre dans ce pays . Savez vous que vous allez peut-être bientôt avoir des visites des Salomon du Sud..Quelle surprise , n’est-ce pas . Ce ne sera pas la mienne , par exemple, mais notre Mère régionale Mère Marie Irénée. Et c’est une Nantaise de Vieillevigne. Elle est bien simple et bien bonne vous verrez . Je lui trouve quelques ressemblances avec ma marraine . L’autre sœur qui doit l’accompagner, je ne sais pas encore qui ce sera . Elles vont se rendre à la réunion pour le prochain Chapitre , à Lyon. Ce sera au mois d’avril , donc elles partiront d’ici probablement en décembre ou janvier . Et j’espère qu’elles iront vous voir , qu’elles iront voir nos familles . Vous les recevez comme mes Sœurs , donc , comme un peu de votre famille, n’est ce pas . Vous serez contents d’avoir des nouvelles des Salomon, vous pourrez aussi leur donner vos commissions pour moi . Nous aurons notre Retraite le 2 Octobre . Alors nous allons faire une petite promenade en bateau jusqu’à Visalé . Ce sera aussi quelques jours de repos . Nous aurons un peu de temps à nous-même et pourrons au moins mieux prier , et c’est à toi chère maman, à vous tous , que toujours je penserai d’abord . Au revoir bien chers tous ; que ces simples mots vous disent toute ma tendresse . Je vous embrasse bien comme je vous aime . Toujours bien à vous , Georgette , Sœur Marie de Loyola . Je viens de penser , je vais mettre ma lettre pour bèbert avec la vôtre , vous pourrez bien la lui envoyer .je ne connais pas son adresse . Chère Drienne et cher Tanis je pensais enfin vous écrire , cette fois , et voilà que, ce matin, le bateau arrive, avant que je n’ai pu m’y mettre , vous lirez celle que j’écris à la maison . Au Revoir , chère sœur, cher Tanis . Bien chers tous deux , que ces petits mots vous disent toute la tendresse de votre petite sœurette . Avuavu le 31/07/1938 Ma bien chère Marie, Tout de suite je veux te dire un grand merci pour les gentils petits chants que tu m’as envoyé. J’ai presque du remords pourtant de t’avoir donné ce surcroît de travail. Ma pauvre chère grande. Tu as si peu de temps à toi, sans compter, l’ennui, peut-être d’avoir à demander. Tu as raison, je ne vois pas comment traduire ce chant français. Je te demandais des choses impossibles. Pour composer en anglais et un chant de Réception, il faudrait non seulement connaître bien la langue, mais la connaître très bien n’est-ce pas….. Je me suis mise au Salomonais . Ça parle davantage aux enfants dans leur langue. La Sainte Vierge est venue à mon aide et le Père Courtais aussi. Il en avait fait un pour les filles, il y a deux ans, quand Monseigneur est venu pour la Confirmation. Les jeunes ont trouvé une copie et en le lisant cela m’a donné quelques idées. C’est bien qu’une fois commencé, j’ai trouvé 10 couplets avec mon « iou ». Les pères chantaient « iou.. iou .. » avec les filles , ça paraissait les amuser. Monsieur le vicaire lui, a eu l’amabilité de m’offrir à taper des copies avec sa machine, j’avais envie de ne pas accepter , J’étais fâchée, mais comme ça , cela m'épargnera du temps … Les petits chants Anglais pourront me servir plus tard, car cette fois, ils sont arrivés trop tard. Ce n’est pas ta faute, tu ne pouvais pas aller plus vite, j’ai essayé à l’harmonium le « mistral boy », c’est bien joli. Et voilà, un autre trimestre passé, de nouveau , tu dois être en vacances, ou plutôt tu as du donné vacances . Mais toi?… As tu fini avec ta gymnastique : on veut se mettre un peu à l’anglaise on dirait , on devient sportif aussi en France . J’ai presque ri en m’imaginant te voir faire tous ces exercices . Cela doit vous amuser un peu par moment, pas trop peut- être . En Nouvelle Zélande , nous sommes allés quelques fois voir les dames du Sacré cœur . Les enfants avaient deux fois la semaine : exercices physiques . Quelle garçonne tu deviens . Je serais curieuse de te voir en manœuvre . Vous n’en feriez pas autant ici. Je suis sûre. C’est égal, j’ai plaisir à constater que tu as bien gardé la force de tes poignets. J’ai souris au rappel que tu me fais du fameux Paul. Que tu me faisais fâcher, pourtant, à chaque fois que je te voyais le prendre, L’examen du 27 mai s’est bien passé ? Sais-tu que ta lettre des «gillettes » de février, m’est arrivée la dernière il y a une dizaine de jours seulement. J’espère que tu reçois bien toujours celles que je t’envoie. Oui, elle s’est égarée au lieu de venir directement ici. Elle est allée aux Salomon du nord . Encore heureux, qu’elle soit venue ensuite me trouver, et sans perdre les jolies pétales que tu avais mis . Elle sentait ma sœurette . Une journée comme cela doit vous faire du bien . J’étais contente de lire tous les petits détails que tu me donnais, la petite fille qui voulait avoir les yeux bleus . Je n’avais pas encore entendu dire cela. C’est intéressant. J’ai reçu en même temps , ta lettre, une de Manuel, et une de Tanis.. Notre pauvre chère maman : cela m’a donné un coup au cœur. Depuis je trouve long. Il faut attendre des semaines avant d’avoir d’autres nouvelles . Il y a toujours crainte que ça reprenne. Le médecin ne dit pas que ça pourrait passer à la longue ? En suivant bien son régime? il ne faut pas la laisser seule toujours . Oh , maintenant, quand je pense que bien des fois je lui ai fait de la peine, pauvre maman qui aurait tout fait pour nous voir content. Ça me met une vraie souffrance et je ne peux m’empêcher de te le dire. Elle devait être si contente de te voir. Ces Demoiselles sont bien bonnes de t’avoir laissée partir. Je te remercie ma Marie, de m’avoir raconté tous ces petits détails. J’ai pu m’imaginer comme tout s’est passé. « Chez nous » on n’y pense pas. On me dit seulement « maman a eu une autre attaque plus forte, mais elle va mieux » Souffre-t-elle beaucoup ? Elle doit être bien affaiblie, mais elle est la même dis-Tu . Vois-tu, je me demandais, j’avais peur … Marcelle va leur arriver en vacances. Je suis contente pour eux . Pour maman ça lui fera du bien . Elle lui tiendra compagnie. Je ne sais pas si Manuelo a été présenté aux examens du certificat et s’il a été reçu.. Monsieur Leroy n’a pas été complètement remplacé, sais-tu s’il se plaît bien là-bas ? Marcelle me disait qu’elle avait reçu une belle récompense à Pâques : un Kodak . Je pense qu’elle va aller l'entraîner et m’envoyer quelques photos.. Une surprise ! Tu ne sais pas que peut-être tu vas bientôt avoir des visites des Salomon du Sud, mais pas moi. Par exemple, oui, il y aura une réunion de chapitre à Lyon, au mois d’avril. Deux sœurs du Vicariat doivent y aller : la Mère régionale, Mère Marie Irénée, une Nantaise de Vieillevigne, et je ne sais pas encore quelle Sœur l ‘accompagnait . J’espère qu’elles iront voir les familles des Sœurs, donc vous les verrez. Elles partiront sans doute en décembre ou janvier. Nous saurons cela à la Retraite qui doit commencer le 2 octobre. Cela va nous faire une petite promenade en bateau . Jusqu’à Visalé.. ce sera aussi quelques jours de repos, nous pourrons , hors de la Station , de nos occupations journalières , prier un peu plus et un peu mieux. Prie pour que je fasse une bonne Retraite, que j’en profite bien. Je ne t’oublierai pas ma Marie. Et toute la famille de l’Immaculée Conception. Prions l’une pour l’autre toujours. Pour notre chère maman. Que le bon Dieu nous la garde encore. Au revoir ma bien chère, grande petite sœurette. J’ai le cœur serré et les mots ne me viennent plus sous la plume . Je t’embrasse bien comme je t’aime. J’écris « chez nous » aussi. Je les mets toutes ensemble une pour Monsieur le curé et une pour Bèbert . Je te remercie de tes bons vœux de fête. Ils ont devancés un peu. Les filles sont venues ce matin m’offrir un beau bouquet en me disant “happy feast ! “Mais elle prononce un peu comme fist! ! ! Mais je les comprends. Bien à toi toujours Georgette sœur Marie de Loyola. Avuavu le 15/09/1938 Ma bien chère sœurette, As-tu pu écrire au cours de ce dernier trimestre ? Pas sûr, en tout cas, ta lettre n’est pas encore arrivée . Je l’espérais pourtant un peu à ce dernier courrier, mais je n’en ai eu qu’une de Drienne . Heureusement, car il n’y en avait pas non plus de « chez nous ». Comme toi, pas depuis Pâques, et j’aurais été bien inquiète. Je pense tant à maman , Drienne me dit qu’elle avait encore été un peu fatiguée, mais qu’elle se remettait, elle commençait un peu à marcher. C’est tout ce qu’elle dit. Pauvre maman. Toutes ces secousses doivent bien l'affaiblir. Il me semblait la voir. Tous ces temps-ci, un peu essoufflée. « Chez nous », en ce moment, ils doivent tellement être pris par tout leur travail, mais Marcelle et Manuelo, sont là . C’est les vacances . Drienne aussi vient souvent à la maison. Plus d’une fois par semaine. Cela doit lui faire tant plaisir . Drienne est là , cela console n’est-ce pas . Elle fera bien tout ce qu’elle pourra pour notre maman. Et toi ma Marie, que fais-tu pendant ces vacances ? Étudier encore sans doute, mais tout de même ce ne sera pas pareil . Tu auras bien quelques petits moments de repos. Ici le travail ne manque toujours pas, nous nous préparons maintenant à partir pour Visale : la Retraite, et il nous faut aussi préparer ici tout ce que nous pouvons pour trois Pères , qui vont resté seuls . Ils se mettent pourtant en peine . Préparation des hosties, cuisine , ce n’est pas ordinairement leurs affaires . Elle commencera probablement le 2 octobre. Vous avez la vôtre plus tôt ? Nous envoyons nos filles en vacances pendant ce temps. Une dizaine seulement resteront pour faire un peu la cuisine , cuire les légumes au moins. A l’Assomption nous en avons eu 11 qui ont fait leur première Communion : onze petites de sept et huit ans . Les jours précédents, je les avais exercées à se rendre à la Sainte table, unir leurs petites mains, et elles ont été bien obéissantes. As-tu toujours tes même petites filles ? Quelle belle tâche n’est-ce pas de s’occuper de ces petites âmes innocentes . Et maintenant je te laisse un peu , ma sœurette . Le premier coup de cloche pour la bénédiction sonne et il faut que je descende avec les enfants. Bonsoir, ma Marie. À bientôt.Je t’embrasse bien comme je t’aime. Georgette Le 30/09/1938. Ma chère grande petite sœurette, Oh! Marie. Maman, notre pauvre chère maman, Marie, mon cœur crie ce nom , si cher, et qui pourtant le déchire maintenant. Se peut-il que notre maman ne soit plus chez nous ? Se peut-il qu’elle soit partie si vite. Notre affection n’a donc pas pu la retenir sur cette terre. Oh notre maman si si chérie. Dire que je me réjouissait presque, pensant qu’elle se remettait. Oui, quand ta lettre m’est arrivée, il y a trois jours. Ah!… Je n’ai pas eu besoin d’en lire long. L’entête de la lettre m’avait tout de suite donné un choc. Il m’a semblé que mon cœur s’arrêtait . Et plus loin, maman n’est plus là. Oh ! Marie, qu’il faut donc souffrir sur cette terre de misère. Comment te dire. Tu as dû tant souffrir, toi aussi, ma pauvre chère petite sœur. Oh! Quel moment douloureux vous avez dû passer tous ! Le plus douloureux que nous puissions vivre ici-bas. Nous l’aimions tant, notre maman. Je les ai vécues moi, à mon tour ces deux jours. Merci ma sœur chérie de m’avoir écrit tout de suite. De m’avoir tout dit. J’ai eu en même temps que la tienne une de Monsieur Levesque. Manuel et Drienne m’écrirons bientôt j’espère,. Pauvre papa aussi ! Et tous. Je t’écris ce petit mot aujourd’hui, au milieu d’un beau vacarme. Je suis à Visale . Depuis hier soir, quelques-unes sont arrivées avant-hier, d’autres hier, et la dernière ce matin. On s’installe autour de moi, on s’interpelle, on est envahi dans mon petit carré. On cause gaiement. Comme la maison n’est pas très grande, nous sommes assez serrées. Je me suis cachée un peu dans un petit coin pour t’écrire, car le courrier part ce midi. Et comme le prochain ne sera que dans cinq ou six semaines, je voulais t’envoyer ce petit mot bien vite, mais je ne peux plus. Après la Retraite, je t’écrirai de nouveau dès que je pourrai , au revoir ma sœurette chérie. Je ne peux plus écrire et puis on demande les lettres . Depuis ta lettre, j’ai à peine eu le temps de penser. Le bateau est venu nous chercher dès le lendemain. Les Soeurs , nos Pères ont été bien bon. Le Père Goudard m’a promis de bien prier pour notre maman. Je pleurais tellement. Comme je ne pouvais plus lui répondre, quand il est venu le Père Albert a tout de suite écrit une grande bonne lettre bien bonne, toute fraternelle, il me comprenait lui qui a perdu aussi son père, il y a très peu de temps . Il m’avait promis de dire sa Messe pour maman ce matin mais je n’ai pu assister puisque j’étais sur le bateau . Nous allons tant prier pour notre chère maman . Il ne faut qu’elle reste au purgatoire si elle y était encore, mais notre maman du ciel est venu la chercher . Elle est au ciel n’est-ce pas ! Notre maman chérie ! Et nous la retrouverons.Je t’embrasse 1000 fois ma petite sœur très aimée et je vais vite donner ma lettre. On appelle le Père à se rendre au bateau. Georgette Avuavu le 3/11/1938 Mes bien chers tous, Que devenez-vous ? Depuis si longtemps je n’ai pas eu de vos nouvelles. Pas de Drienne et Tanis non plus. Combien je pense à vous. J’avais pensé vous lire avant de vous écrire à nouveau, mais le courrier est passé. Et rien . Je vous comprends bien, il est des moments où l’on souffre autant que l’on ne trouve pas même la force de dire sa peine . De dire ce dont le cœur est plein pourtant, et comme j’ai un petit moment ce soir, je viens le passer avec vous, car ce que je sais bien, sans que vous ayez besoin de me le dire, c’est que vous souffrez, et vous savez que cette souffrance je la partage avec vous. Depuis la lettre de Marie, en la lisant, et combien souvent depuis j’ai vécu ces moments si durs, mais imaginant vous voir, vous « chez nous » tout ce qui a dû se passer. Pauvre Drienne pauvre Tanis ! Quel coup pour vous aussi. Quand on est venu vous apprendre si brusquement la dure vérité. Vous auriez tant voulu être là au dernier moment . Ça a été si vite, mon cœur saigne encore, en y pensant, le Bon Dieu, nous envoie en ce moment la plus grande peine . Il nous prend celle que nous aimions le plus sur la terre . Tout nous échappe sur cette terre de misère. Vraiment, ce n’est pas la peine de s’y attacher. Heureusement, il y a le ciel, c’est là que nous trouverons maman. Souvent maintenant , je me prends à lui parler comme si elle peut m’entendre, et quand j’ai quelque chose de difficile à faire, je lui demande de m’aider et je réussis toujours. Maman nous voit, c’est elle qui nous aimait tant, de là-haut, encore, elle nous protégera. Chaque jour je pense à vous, et je m’imaginais ce qu’avait dû être ces derniers mois. Il a fallu continuer la vie. Comme avant, le travail, il n’a pas dû vous manquer, et encore maintenant avec tout le bétail . Pauvre papa ! Il va se faire vieux maintenant. Aimez-le bien n’est-ce pas. Se porte-t-il bien ? Et vous tous ? Et Drienne ? Tanis ? Comment allez- vous ?La maison doit vous paraître triste et vide. J’ai tant de peine à m’imaginer « chez nous » sans maman. Et vous aussi n’est-ce pas. Je ne peux y penser sans pleurer. Marcelle ne m’a pas encore écrit. Elle est toujours à Torfou ? Et mon petit Manuelo, que fait-il ? Je ne vous ai pas encore envoyé mes vœux de nouvel an. Il vous arriveront bien en retard mais qu’importe n’est-ce pas, vous savez bien que je vous ai point pour cela oubliés. Bonne année ! Cher papa. Bonne année ! Mes bien chers Manuel , Marie P. Drienne, Tanis. Bonne année, Marcelle , mon petit Manuelo, Bonne année à tous, bonne santé et le paradis à la fin de vos jours. Maman nous y a devancé. Notre tour viendra. La vie est si courte. Avez-vous eu des nouvelles de Marie , de Ma marraine ? je n’ai pas souvent de nouvelles, J’espère que toute la maisonnée va bien. Vous avez dû voir Bèbert. Il est à Nantes maintenant je crois. Au revoir mes très chers . Je suis avec vous tous les jours par la pensée et prie pour vous. Je vous embrasse avec toute mon affection pour Monsieur le Curé à qui j’écris pour offrir mes vœux . Je m'adresse à lui . Cela ne vous retardera pas beaucoup pour la recevoir. J’ai répondu à Monsieur Levesque qui m’avait écrit en même tant que Marie . Tanis, Drienne, je vous écrirai un peu plus tard…… J’ai déjà donné vos adresses aux Sœurs qui vont bientôt partir en France. Bien à vous toujours.Georgette– Sœur Marie de Loyola. Avuavu le 18/12/1938 Ma chère Drienne, mon cher Tanis Voilà un long moment que je ne vous ai écrit à vous deux en particulier. Je veux dire car en écrivant à la maison, vous savez bien que c’est pour vous aussi. Je n’en avais pas même le courage. Ne m’en voulez pas trop . Pourtant, combien je pensais à vous, surtout, surtout depuis la lettre de Marie. Je sentais si bien toute votre peine. La sienne . Je ne m’attendais pas et le choc était rude. Bien que pourtant elle avait mis tout son cœur, toute sa tendresse, pour en adoucir le coup. Pauvre chère, grande sœurette. Et moi qui me réjouissait presque après vos dernières lettres, je croyais que maman allait mieux. Et je voulais donc croire que maman guérirait . Le Bon Dieu ne l'a pas voulu . Pourtant, il l’aime encore mieux que nous. Manuel m’a envoyé sa photo. Quand, en ouvrant la lettre, je l’ai aperçue, je me suis sauvée dans un coin, pour être seule. Je ne pouvais m’empêcher de l’appeler, de lui parler . C’est si bien elle, pauvre maman. Son même visage, doux et tranquille, comme nous l’avons vu bien souvent le soir Marie et Moi, qu’en retardataires, nous n’étions pas encore couchées. Elle se réveillait quelques fois, et nous apercevant, elle disait. « Pourquoi restez-vous aussi tard ? Allez donc vous coucher ! » Chère, et si bonne maman, si patiente à nous supporter toujours. Au moins, toi Drienne, tu as eu la douceur de la dorloter, de lui rendre un peu de tout ce qu’elle a fait pour nous. Mais moi, je n’ai fait que la faire souffrir, pourtant j’aimais tant maman.Tanis, j’ai bien pensé à toi aussi. Comme je comprends maintenant combien tu as dû souffrir en perdant si vite tous les tiens : ta mère, ta sœurette, ton frère, et comme moi tu étais loin d'eux. En voyant maman qui était devenue la tienne, leurs souvenirs ira encore renouveler ta peine. Je suis contente que Manuel ait pensé à envoyer de l’argent pour faire dire des messes ici. Le Père ne demande pas mieux. Et j’y serai encore plus intimement uni. Il me tarde bien d’avoir de vos nouvelles, et j’étais bien contente de trouver à ce dernier courrier ta lettre Drienne, une de Manuel père et fils. Une de Marcelle . Un grand plaisir de savoir que Manuelo est au séminaire, mais les voilà plus que tous trois à la maison. Comme elle doit leur paraître grande et vide… Manuel ne me dit pas qu’il lui en a coûté de le laisser partir, mais je le sais bien. Papa, que dit-il ? Vous pourrez aller le voir souvent ? A vous aussi, il manquera le frère , comme doit vous manquer le si bon et si doux accueil maternel. Mais ,je dois vous laisser bien vite ce soir, il est temps. À bientôt. Bonnes fêtes de Noël ! Je vous embrasse bien comme je vous aime, Premier de l’an. Mes bien chers tous deux, Encore une année passée, le temps nous emporte vite malgré tout. Et cela me fait penser que je ne vous ai pas encore envoyé mes vœux de nouvel an. Ils vous arriveront bien en retard, mais qu’importe n’est-ce pas ?Vous savez bien que je ne vous ai point oublié pour cela. De tout mon cœur, j’ai demandé à l'enfant Dieu de vous bénir, d’être votre joie, de vous donner toute la joie du ciel. Et les fêtes de Noël sont passées. Ici , comme à toutes les grandes fêtes, les gens sont venus très nombreux, et nous avons eu la visite de plusieurs de nos grandes filles qui, leur classe finie , sont de retour dans leur village. La veille et les jours précédents nous avions beaucoup de travail. Soeur Marie Antonia étant à la cuisine, j’étais seule avec quelques-unes de mes filles pour préparer la crèche et orner notre grande église, heureusement l’un des Pères a été assez bon pour venir aider, et cela m’a bien rendu service. Les enfants étaient contentes le soir, quand je leur ai dit de porter les personnages de la Sacristie à la Crèche. Les petites voulaient les petits agneaux, et je vous assure que tout le monde était bien réveillé pour la Messe de minuit. Et vous, comment avez-vous passé les fêtes de Noël ? Marcelle et Manuelo irons vous voir, je pense, pendant leurs vacances. Cela vous distraira un peu. Si seulement il y en avait d’autres, d’autres enfants. Et le cousin à Ben n’est-il pas allé vous faire visite ? Voilà un moment que je n’ai pas eu de ses nouvelles. De lui, cela n’a rien d’étonnant, n’est-ce pas. Marcelle m’a racontée qu’il était allé avec vous, voir Marie à Pornic et elle m’a promis une photo. J’ai répondu à la lettre de Monsieur Levesque, que j’avais reçue en même temps que celle de Marie, il est bien bon , Toujours, je le voudrais encore à Saint Lumine, pour vous. Il me faut vous laisser cette fois et finir ma lettre, car j’espère avoir bientôt une occasion pour l’envoyer. Comme elles sont assez rares, il ne faudrait pas la manquer. Je vous embrasse avec toute ma tendresse de petite sœurette. En vous disant bonne année ! Chère Drienne et cher Tanis .Bonne santé ! Le paradis à la fin de vos jours. A bientôt de vous lire j’espère. Georgette–sœur Marie de Loyola.