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Lettre 13 : Petit rire , les filles n’ont pas a craindre de mouiller leurs chaussures , comme c’est pratique . Nous voila de vrais mères de famille, vous savez. Nous avons maintenant trois bébés , deux de trois ans à peine et un de huit mois , et une petite fille de cinq a six ans, on vient de nous amener leur mère très malade à la Station . C’est Sœur Marie Sylvia qui la soigne , moi j’ai les enfants. Ça piaille souvent et de temps en temps il faut donner une becquetée à l’un ou a l’autre « porte moi » « luta Lola » . Heureusement les filles s’en occupent aussi . Avant hier , le pays était en émoi . J’étais occupée à découper des hosties , quand j’entends les enfants crier , et deux petites filles accourent vers moi . L’air très excitées disant « viens, Homi, (qui veut dire maman) viens voir , tu n’as jamais vu ça , toi » et elles me prennent par la main et m’entraînent vers chez les Pères , devant la maison , je trouve tout un rassemblement, autour d’une grosse bête « qu’est-ce que cela ? » Une « tortue » me dit le Père , moi qui pensais que c’était tout petit les tortues , celle- la était presque aussi large que la table ronde de « chez nous » , un peu moins longue , couverte semblable aux gros coquillages, dure comme une pierre , puisque les enfants et même le Père lui montaient sur le dos et elle pouvait les traîner ! Elle avait un bec d’oiseau . Les gars se sont mis en devoir de la dépecer et hier nous en avons mangé un morceau, mais oui, vous faites la grimace … c’était bien bon . Les enfants nous apporte aussi quelques fois des coquillages . Ne craignez pas , nous ne risquons pas de mourir de faim , par ailleurs il y a les légumes qui poussent à profusion . Pas beaucoup de peine pour se nourrir, ils n’ont pour ainsi dire que celle de les ramasser . Vous ai-je dit que nous avions six vaches , car je ne les vois pas tous les jours . Elles ont de quoi se promener nous avons une belle grandeur de terrain autour de la Station , les hautes montagnes sont plus loin . Une plantation de coton touche la notre . Elles sont séparées par des.poteaux avec des fils de fer .Les filles s’occupent de les traire , on a fait faire des stalles et docilement elles ont l’habitude de venir matin et soir se faire traire. Nous avons aussi plusieurs poules. Ainsi, nous avons aussi des œufs, pas beaucoup en ce moment, mais suffisamment ce qu’il nous faut. Tous ces détails pour rassurer ma pessimiste de maman. Si par ailleurs, nous avons les mêmes peines matériellement, nous n’avons pas les mêmes misères, qu’on eu nos premiers Missionnaires; Et maintenant il me faut vite vous laisser, bonsoir ou plutôt bonjour, il est quatre heure . Vous dormez encore, bien certainement. Je vous embrasse comme je vous aime, et sans vous réveiller encore, à bientôt. Le 3 Je reviens un petit moment avec vous. Nous venons de recevoir le courrier, il est arrivé vendredi soir. Ces jours -là sont pour nous des jours de fête 1937 Lettre 1 : Le 13/06/1937 Mes bien chers tous, Me voilà enfin en possession de vos lettres depuis quelques jours déjà. Cette fois j’ai trouvé, et vous savez avec quel plaisir, une lettre de Marie P du 17 février, une autre de Tanis du 18, une autre de Drienne du 23 et les plus récentes, celle de Manuel Ier et de Manuel 2 avec le petit mot de maman du 19 mars. Vous allez tous bien et cela m'est un plaisir immense. Je remercie. Dieu. De Marie je n’ai pas de nouvelles depuis sa lettre du 8 février, non plus que de Marcelle . Ces intellectuelles demoiselles se font plutôt rares.. Êtes-vous allés voir Marie ? C’est toi qui en a de la chance, petit Manuelo, il est gentil monsieur le Vicaire de te promener comme cela, tante Marie devait être contente de te voir. Tu me dis que tu aimes « assez » l’école. Ça me paraît guère, enthousiaste ton ..assez… Alors, aimes-tu seulement assez, un peu, ou beaucoup , l’école ? C’est peut-être très beaucoup !… J’étais contente de te lire, tu sais, et puis tu commences à écrire pas mal. Tu as raison, fait écrire aussi quelque chose à mémé et je te charge aussi de veiller à ce qu’elle suive bien son régime, oui, devrais tu, même , lui enlever la soupière… L’idée m’a quand même amusée ….j’ai ri aussi de ce que me dit Manuel du grand poupon qui” monte encore et encore dans la Dorne.” Je m’imagine très bien le tableau, aussi sûrement , ils sont aussi heureux l’un que l’autre et puisqu’il y a pas de remplaçant, autant en profiter. Il serait bien qu’il y en ai un. Qu’est-ce que vous attendez ? Je crois qu’en ce moment vous devez être bien occupés, avez-vous commencé les foins ? La chaleur doit commencer à se faire sentir nous allons transpirer ensemble, car, bien que ce soit l’hiver, le froid n’a pas encore commencé à se faire sentir. Avez-vous eu de belles fêtes Dieu ? De la belle musique ? Ici elles sont passées presque inaperçues, le Père n’étant pas de retour assez tôt, j’en ai presque eu le cafard. Je pensais aux belles processions de « chez nous », ce sera pour l’année prochaine et notre belle église sera achevée. A la Retraite, Monseigneur avec les Pères ont décidé d’ouvrir une nouvelle Station dans l’île de Malaita, de bâtir aussi une école de catéchistes à Marau, ça fait parti du District d’Avuavu . Puis l’école Supérieure pour les jeunes gens est ouverte et marche bien. Ils sont déjà une quarantaine. Pour les filles il y en aura une aussi avant longtemps. S'il y avait davantage d’ouvriers , de Missionnaires, il y aurait bien à faire. Vous priez un peu pour qu’avec ces pauvres moyens, le bien se fasse. Et maintenant je vous laisse bien vite, il est temps d’achever son courrier pour qu’il parte . Je me mets à terminer celle de Marie. J’avais compté recevoir la caisse par ce courrier. Mais elle n’y était pas encore, c’est si long. Peut-être que ce sera pour le prochain. Ne soyez pas trop paresseux à m’écrire. D’ailleurs Manuelo est là, et je compte sur lui pour être mon fidèle correspondant…Au revoir, bien à vous, toujours de cœur et de prière. Pour vous aussi tous deux Drienne , Tanis .Cette lettre vous informe tous dans une même pensée, et je vous embrasse bien tous, avec toute l’affection que vous savez. Dites mon bien affectueux souvenirs à ma marraine , à tante .Je viens de recevoir une lettre de sœur Marie Thaddée . C’est gentil à elle car elle paraît assez affairée autour de son fourneau. Georgette- Soeur Marie de Loyola Lettre 2 : Avuavu le 25/07/1937 Mon cher Tanis , ma chère Drienne, Le courrier nous est enfin arrivé il y a déjà quelques jours, mais contre mon attente, pas de lettre de « chez nous ». Heureusement il y avait la tienne Tanis , du 13 avril, qui est venue me rassurer, un peu . De Marie, rien non plus. Comme toi, comme vous, je suis très surprise de ce changement. L’idée ne m’était jamais venue de cela. Mais que dit Marie, elle a dû vous écrire ? Pourvu qu’elle soit bien là-bas ! Mais c’est toujours un peu pénible ces changements. Elle devait commencer à s’habituer à Pornic . Pour vous, ce ne sera pas si facile, mais ne dites pas que c’est impossible d’aller la voir. Les moyens de locomotion ne manquent pas et vous avez de quoi les payer… Dépêchez-vous au contraire d’y aller, pour me dire comment elle est. Dans quel coin de la Vendée se trouve cette place si vous recevez une lettre, voudriez-vous la passer, il me tarde d’avoir de ses nouvelles. Vous comprenez… Je suis contente que vous soyez tous bien, du moins au moment où tu m’écrivais . Depuis , le travail n’a pas dû vous manquer, maintenant le plus fort est passé, vous allez pouvoir bientôt prendre vos vacances vous aussi. C’est le moment, Marcelle et Manuelo non pas dû l’oublier je pense ils doivent s’en donner tous deux, et « chez nous » on doit jouir de les avoir à la maison où ils mettront un peu plus de vie. Comme à leurs vacances de Pâques, ils iront sans doute passer quelques jours près de vous. et maman, avec eux, ça la distraira , et vous serez ainsi toute une famille. C’est moi qui venait le plus souvent vous trouver autrefois surtout, j’y faisais de bons séjours , n’est-ce pas ! Mais dis donc Tanis , te voilà devenu un affreux sceptique, on dirait. Ne veux-tu pas croire à ce qu’il y a de meilleur sur la terre: l’Amour. Tu vas douter de l’affection de tes chers et uniques , neveux ! Ce n’est pas bien tu sais. Mais alors , crois-tu au moins à la fidèle affection de tes petites Sœurettes ? J’espère que oui, mais dis-le-moi… Ici je peux te taquiner tout à mon aise, tu comprends…Tu ne me parles pas comme tu es, content de ton poste ? Ce doit pourtant être intéressant. Heureusement que je ne suis pas encore là, vous seriez obligés de me chasser. Ici rien de bien nouveau , le nouveau Vicaire vient de faire sa première tournée en visite de villages . Il en revient un peu fatigué mais très content. Tu me demandes , Drienne, si nos enfants ne couchent pas à la belle étoile ? Oh ! Bien, non, !! Nous aurions trop peur que nos oisillons nous soient enlevés . Penses-tu, il y a un grand dortoir avec deux longues rangées de lit, une cinquantaine. Faits en bois et montés à une certaine hauteur, mais elles grimpent très bien, ce n'est pas du luxe. Dedans une natte et une couverture c’est tout et ça leur suffit et je vous assure qu’elles dorment bien. J’en sais quelque chose. Elles doivent assister à la messe de six heures tous les jours, mais chaque matin à 5h30, je descends les réveiller pour qu’avant elles aient le temps de se préparer, passent au robinet se laver et mettent leur sarrau propre , mais je vous assure, ce n’est pas de la vitesse. Il faut dire des « dépêchez-vous quoi » c’est d’ailleurs les premiers mots que j’ai appris du salomonais , mais j’ajoute mon « quoi » en français, et elle l’ont bien remarqué. Elles sont quand même gentilles et pour bien des choses, elles sont bien un peu excusables, car elles n'en ont aucune idée. Alors vous avez eu la visite de Monseigneur Villepelet : j’ai vu sa photo, il a une tête bien sympathique, le cousin Abbé de Guernesey n’est-il pas arrivé en vacances l’avez-vous vu ? Il devait m’envoyer des cartes postales de là-bas. Je ne les ai pas encore. Mais je le connais trop pour m’en étonner, Avez-vous des nouvelles de Monsieur Levesque ? Le voyez-vous quelquefois ? En tout cas, il ne m’écrit plus souvent, mais aussi il se donne tellement de travail. Votre nouveau n’est pas si gentil de venir vous voir, Sœur Marie Brigitte connait bien des familles de ce nom, elle connaît sans doute ses parents elle s’appelle Essin, elle . Et le pauvre tonton Édouard vous a quitté comme il doit souffrir. Tu me dis que vous étiez longtemps sans avoir de mes nouvelles , je vous envoie , pourtant, mes lettres régulièrement, toutes les six semaines, mais , c’est si long avant d’arriver quelquefois. Il me faut tout de même vous laisser, je me mets à terminer une lettre pour Marie, au revoir mes bien chers tous deux… Je reste votre sœurette bien affectionnée et vous embrasse . Georgette /soeur marie de loyola Lettre 3 : Avuavu le 15/08/1937 Mes bien chers parents, mes biens chers tous,. Il me semble qu’il y a une éternité, tellement je trouve long que je n’ai eu de vos nouvelles. Je me demande ce qui se passe pendant tout ce temps. Je sais que ces derniers mois, vous deviez être bien fatigué de Travail, et je m’essaye à croire que ce n’est que cela . Par ailleurs, les lettres sont si longtemps en route !!! Mais tout de même je voudrais bien savoir. J’ai reçu il y a une quinzaine de jours, une lettre de Marie et une de Marcelle. J’étais contente mais tout de même déçue de ne pas vous trouver. Vous. Un garçon du Père est venu me les apporter juste le soir, la veille de ma fête, fête de Saint Ignace de Loyola . Le lendemain matin tout de suite après la classe, les enfants sont venus: les plus petits, avec un bouquet à la main, me dire en bon anglais« good feast dear sister » Bonne fête. Comment vas- tu chère maman comment allez-vous ? Tous , vous serez maintenant un peu plus tranquille, relativement du moins, car avec tout ce train, le travail ne manque toujours pas ! Enfin , puisque vous le voulez comme cela. Vous avez vos deux grands écoliers à la maison et vous êtes contents, j’en suis sûre. Ils doivent en faire des parties et se taquiner. Vive les vacances ! Marcelle , Manuelo, L'école aussi. Quand c’est le temps n’est-ce pas ? Nous n’y sommes pas encore nous autres. Nous avons maintenant 42 filles. Le père a autant de garçons. Ça donne pas mal à surveiller ce monde là. Mais c’est mon bonheur. Ils mettent de la vie. Espérons que nous leur mettons un peu de la vie de Dieu. Je compte bien que vous m’écrivez, mademoiselle, ma nièce, et vous, monsieur mon neveu, pendant ces longues vacances. Faites écrire une feuille à mémé. Toi, Manuelo, qui sait si bien la faire obéir… et il faut aller voir menène aussi cette fois. Peut- être va-t-elle encore déménager en octobre. D’après ce qu’elle me dit, ce n’est pas sûr qu’elle reste là-bas. Elle paraît bien contente. En tout cas, cela doit la changer d’ avec ces demoiselles du brevet. Elle m’a envoyé les notes de Marcelle la dernière fois qui portait mention très honorable, ça fait plaisir, je crois qu’elle aime toujours bien l’étude. S’il fait le même temps « chez nous » , ’ici vous n'aurez pas beau temps. Pour la procession de la mi-août : il pleut tout l’après-midi, mais ça ne gênera pas pour la nôtre, car nous n’en faisons pas encore pour cette fois. Ce n’est pas les belles fêtes de « chez nous », pas plus qu’à Sydney et en Nouvelle-Zélande. Nous sommes en pays Protestant et cela se sent. Ce matin nous avons eu la grand-messe, chantée, et dans notre nouvelle église, bien que encore inachevée, mais à part nos enfants des écoles, il n’y avait pas beaucoup de monde. Et la fête ce soir : nous aurons bénédiction. Dans un moment, il me faut la préparer. Alors je vais vous laisser bien vite. Je vous retrouverai près du bon Dieu et lui demanderai tout à l’heure de vous bénir aussi. A bientôt, je vous confie à la tendresse du cœur de Jésus et de Marie. Je vous embrasse bien tous. Georgette Lettre 4 : Avuavu le 12/O9/1937 Mes bien chers parents, bien chers tous, Nous attendons le passage d’un bateau de Blanc demain, ou du moins cette semaine, et comme nous ne savons pas si nous aurons d’autres occasions, avant le départ du courrier, j’aime mieux, ne pas manquer la première et vous envoyer ma lettre . J’aurais pourtant bien voulu avoir les vôtres avant de la terminer, mais rien n’est encore arrivé. Je pense que ça ne tardera pas. Pourtant, j’ai bien hâte de vous lire. Mais bien sûr, comme je vous l’ai annoncé déjà, j’ai eu le bonheur de faire ma Profession Perpétuelle le 8 septembre dernier, après une Retraite de huit jours, la faisant ici même, à la station . Nous avions en même temps à faire le travail le plus nécessaire :comme cuisine et les enfants, mais nous ne faisions la classe qu’un moment le matin. Quelques fois après leur avoir répété d’être sage, de ne pas crier, elles se disaient les unes aux autres :« tais-toi donc Sista prie, elle est retraitée » mais elles n’y pensaient pas longtemps. Le Père nous faisait des sermons tous les jours, le matin à 9h et le soir à 4h. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai bien pensé à vous près du bon Dieu, pendant tous ces jours. Et surtout, le 8 septembre, en m’offrant au Christ Jésus de tout mon Cœur. Je lui ai demandé de te bénir, ma chère maman, mes chers parents et vous tous qu’il sait que j’aime tant . Je vous ai confié à l’amour de son Divin Cœur qui lui, saura vous donner ce qui vous est le meilleur et vous rendre heureux. Surtout, je lui ai demandé de ne pas nous séparer pour toujours. Que ce sera bon une Eternité en famille, avec le Bon Dieu. Le Père me disait qu’en faisant ma Profession Perpétuelle, je recevais comme un second Baptême, n’est-ce pas beau, magnifique, et comment ne pas être heureuse, oui, vous seul me manquiez . Ça a été un vrai jour de fête .Les Pères sont venus , les Sœurs avaient fait un bon dîner , un bon gâteau. Les Pères nous avaient envoyé une bouteille de vin , et à moi , ils m’ont offert comme cadeau , un petit bocal de bonbons .. et une autre petite chose que je ne vous dis pas , vous ririez trop, J’ai accepté le tout en riant de bon cœur . Le soir, nous avons eu une bénédiction. La Mission se trouve en deuil par la mort de l’un de nos Pères : le Père Graton , que vous connaissez. Il était depuis quelques jours à l’hôpital de Tulagi, pour une enflure au bras, espèce d'érysipèle , mais paraissant sans gravité. Quand subitement, le docteur déclare à Monseigneur Aubin qui était là que, vu son état diabétique, tout était à craindre, en effet, le mal empira, gagna la partie supérieure, lui ne se rendant pas compte, ne souffrant pas beaucoup. Monseigneur fut obligé de l’avertir de la gravité de son état, et lui confiera le dernier sacrement. Il restera près de lui jusqu’à la fin. Monseigneur voulu faire transporter son corps a Visalé , où il fut curé pendant près de 25 ans. Le bateau vint le chercher. Cette mort a surpris tout le monde, il était encore bien fort, et c’est le Père Courtais , qui doit le remplacer à Ruavatu . Nous le regrettons bien ici. Et maintenant, il me faut vous laisser pour me mettre à finir la lettre de Marie. Au revoir. Je vous embrasse 1000 fois de tout cœur . Georgette Lettre 5 : Avuavu le 22/09/1937 Mes biens chers parents , bien chers tous , Que devenez-vous donc ? Deux courriers sont passés sans m’apporter de vos nouvelles . Je ne sais plus quoi penser et je trouve le temps bien long me demandant ce qui se passe. Vos lettres se seraient-elles égarées ? Cela n’est pas impossible , et puis c’est la mauvaise saison . Au moment des pluies , la mer est souvent très mauvaise et les bateaux n’osent pas toujours s’y hasarder . Ce qui fait pas mal de retard pour les communications . Enfin voilà des moments ou il faut s’essayer aux actes de confiance et d’abandon en la Divine Providence . Et pour aujourd’hui encore , j’en suis réduite à ne parler que de mon pauvre moi et notre pays d’Avuavu , puisque, de vous je ne sais rien . Je me demande quelquefois si vous ne seriez pas malades, mais, pourtant sûrement vous avez dû écrire . Ici il y a quelques cas de grippe parmi nos enfants , garçons et filles heureusement sans gravité . Le mauvais temps sans doute mais aujourd’hui, tout le monde est sur pied, c'est un grand jour . Nous célébrons notre fête Patronale Saint Michel Archange, Comme j’ai un petit moment ce soir , j’en profite pour venir vous trouver un peu, bien que je n’ai pas grand chose de nouveau à vous raconter. Ces derniers jours , nous avons étés très occupés à orner la nouvelle Église, heureusement , nous avons plusieurs grandes filles qui nous aident bien et pour la circonstance, j’ai mis la belle nappe d’autel que vous m’aviez achetée et qui a tant fait travailler Marie à la faire pour l’ancienne église . Elle est beaucoup trop grande , mais pour - la grande église neuve - elle va très bien . La dentelle fait très jolie, les Sœurs étaient bien contentes. Les gens sont venus nombreux , les deux jours , nous les voyons arriver par groupes des villages les plus éloignés, aussi , notre bourg est très animé, les enfants sont contents de revoir leurs parents , frères et sœurs . Cette semaine c’était leur Retraite , nous avions une trentaine qui faisaient ce matin leur première Communion . J’aurais été contente d’avoir à cette occasion a leur distribuer chacune leur petit Chapelet , mais la provision est à bout . Si la caisse que vous m’avez envoyée était arrivée , mais elle n’y est pas encore, nous allons commencer à réclamer . J’avais quelques images que je leur ai distribuées, elles étaient contentes quand même . En reçois-tu aussi toi Manuelo? et des bons points , à moins que tu ne sois pas assez sage !! Après la grand-messe , le Saint Sacrement était exposé jusqu’à midi , les gens des villages , puis les enfants des écoles se remplaçaient pour faire la garde d’honneur jusqu’au moment de la Bénédiction . Puis bientôt , tout ce monde va repartir , et beaucoup pour ne revenir qu’aux fêtes de Noël , car les villages sont très disséminés , plusieurs sont très éloignés. C’est là ,une grande difficulté dans le travail d’apostolat . Et maintenant , il est temps que je vous laisse bien chers parents, bien chers tous . Peut être qu’une lettre viendra en attendant que je vienne la finir. Je ne sais pas ce que ça veut dire, peut-être est-ce cela , mais ça ne veut pas sortir aujourd’hui . Et j’espère que Drienne et Tanis liront ma lettre. Je ne les oublie pas en vous écrivant , je pense que Drienne continue à venir vous voir souvent .Elle tâche de venir pour les deux , heureusement , et cela me fait bien plaisir pour vous . Je lui en garde , va, mon vieux Tanis ..Marcelle et Manuelo ont dû reprendre le chemin de l’école , ils n’ont pas dû trouver le temps long et vous non plus sans doute . Ici, nous avons toujours nos enfants . Au revoir , bien chers tous , bonne santé, chaque jour je pense à vous et prie pour vous ; Je vous embrasse bien tous , comme je vous aime . Georgette , sœur Marie de Loyola. Lettre 6 : Avuavu le 23/11/1937 Ma chère Drienne, mon cher Tanis, Ah ! Cette fois-ci , je mets la main à la plume. C’est pour vous écrire , avec mon beau stylo neuf et venir vous en remercier. Est-ce que je n’ai pas une belle écriture aujourd’hui? Et comme c’est pratique. J’en désirais bien un et je suis contente. Vous n’êtes pas en retard à m’envoyer mes étrennes. C’est moi qui vais l’être . Ah! vous arrivez avec mes vœux. Et pourtant , je devance de pas mal de temps, mais c’est que le travail des Salomon n’est pas encore un record de vitesse. Mon cher Tanis , j’ai été contente, l’autre jour, de trouver ta lettre du 10 août, Drienne n’a pas mis son mot : vous étiez brouillés peut-être . Est-ce parce que tu n’es pas encore allé « chez nous »? Je pense que si. Au moins une fois pour te faire pardonner ton abstention le jour de la fête du filleul. Avoue que ce n’est pas très gentil, mais j’aime mieux ne pas croire ce dont on t’accuse, sûrement, tu devais être bien malade !… Ou, sinon, je te ferai un compliment peu flatteur. Celui de commencer à devenir pas mal vieux garçon , tu sais !! Mais quand même, je te remercie et ne doute pas d’une affection qui me paraît sûrement plus que désintéressée. Quoi qu’en dise ma sœurette. Mais bientôt je vais l'accuser. À mon tour, de ne pas souvent me faire visite. Oui. Tâche d’aller toujours le plus que tu peux ne t’en déplaise mon beau- frère. J’espère que vous n’avez pas encore pris le rhume et que vous allez bien tous deux après le chaud ,c’est le froid qui commence, maintenant, j’aimerais le sentir un peu quelques fois. Ici c’est tout le contraire. J’espère que vous en profiterez pour m’écrire de temps en temps, à moins que vous ne préfériez jouir de la soirée, ce doit être un plaisir pour vous, maintenant le soir, tout en ravaudant tes vieilles guenilles, hein Drienne, qu’en dis-tu ? Qui vient encore vous trouvez le soir à la veillée ? Allez-vous quelquefois à la prière le soir ? La veille de la Toussaint. Nous avons eu notre journée d’adoration demandée par le Saint-Père pour une cause que l’on ne fait pas connaître, mais que l’on suppose très grave. Peut-être s’agit-il de l’Allemagne ? Ou l’on craint de voir éclater une terrible persécution religieuse. Vous devez en avoir des nouvelles mieux que nous ici. Ce jour-là, et le jour de la Toussaint, l’assistance était assez nombreuse à l’église. J’ai prié pour nos parents morts et ceux que j’ai connus. J’ai prié pour tes parents Tanis , pour Constant et Marie, que je n’ai pas connu, mais que j’aime parce qu’ils sont la famille d’un grand frérot à moi. Je pensais comme nous serons heureux quand nous nous retrouverons tous là-haut dans la maison de notre Père Céleste, et cela pour toujours, sans crainte de voir finir ce bonheur. Drienne , j’ai cherché, mais en vain , le pétale de rose que tu disais m’avoir mise. Peut-être l’as-tu oublié au dernier moment. Que devient-t- elle pauvre Marie « hygnette »? Avez-vous des nouvelles de Monsieur Levesque ? Qu'il est donc fier depuis qu’il est curé ! J’ai envie de ne pas lui écrire non plus. Mais aussi par son bulletin, il paraît s’en donner avec toutes ces œuvres . Si je m’écoutais, je bavarderai encore longtemps avec vous, mais le devoir est là , et je vous laisse bien vite en vous disant : bonne année ! Bonne santé ! Et le paradis à la fin de vos jours. Vous reconnaissez la vieille formule je n’en trouve pas de meilleure. Je vous embrasse avec toute ma tendresse de petite sœurette. Georgette–Soeur Marie de Loyola Lettre 7 : Ma bien chère petite Marcelle , Je ne sais trop où t’adresser cette petite carte ou « chez nous », ou avec menène car je me demande si elle n’a pas pris des ailes tandis que toi tu n’en as pas encore. Alors elle t’a peut-être laissée . Ta petite lettre de « chez nous » du 13 août, la dernière que j’ai reçue m’a fait beaucoup de plaisir, tu m’auras écrit une fois encore avant la fin des grandes vacances, mais elle ne m’est pas encore arrivée . Ce n’est pas tout à fait le rapide n’est-ce pas ! Et maintenant tu es de nouveau à la maison pour quelques jours. Tu ne dois pas trouver trop long entre chaque vacances deux ou trois mois. Cela passe vite n’est-ce pas ?J’espère que tu as trouvé tout le monde bien « chez nous ». Mémé et tous doivent être contents de te voir arriver. Et Dada ? mais quel petit paresseux ,,. Il faut que tu le fasses écrire au moins avec toi. Es-tu allé à la messe de minuit et qui est allé avec toi ? J’espère que tu n’auras pas oublié près du petit Jésus, ni mes « petits négros » comme tu dis, mais ce ne sont pas des négros tu sais, ce sont des petits chocolats aux dents blanches et c’est drôle, l’intérieur des mains , et le dessous des pieds sont presque blanc aussi. Et maintenant je te dis au revoir ma petite Marcelle , je ne peux pas écrire souvent, mais tu sais combien je t’aime et pense à toi, je t’embrasse 1000 fois Ma chère grande et prie pour ta petite Tantette Lettre 8 : Avuavu le 3 /5/ 1937 Ma chère petite Marcelle Comme je crains bien de ne pas avoir assez de temps dans la journée, pour te faire une petite visite avant le départ du courrier, je viens ce soir faire un petit bout de veillée avec toi. Tu sais combien je serai contente de t’écrire plus souvent a toi , ma Marcelle , tu comprends bien aussi, comme j’ai peu de temps libre. Pour cela, je tâche toujours d'écrire « chez nous » et à Marraine . Vas-tu déchiffrer cet anglais écrit sur la carte ? Ma bien chère petite Marcelle, Si j’ai été surprise, tu le penses bien, d’apprendre que tu étais entrée en pension. Tu ne m’avais jamais parlé de cela petite cachottière, moi qui pensais que tu me disais tes secrets . Peut-être en as-tu d’autres encore. Je suis sûre que tu es déjà habituée, rien que de voir Menène de temps en temps. Tu dois être tentée de courir l’embrasser quelques fois, à moins qu’elle ne t’intimide trop maintenant, avec son beau costume… Je suis contente pour toi ma petite Marcelle, et mémé aussi je crois , n’est-ce pas papa et maman ont été durs à décider. Prie, bien pour eux ma petite Marcelle et écrit leur le plus souvent que tu pourras, puis pour toi demande bien au Bon Dieu ce qu’il veut que tu fasses, moi je suis bien contente que tu sois en pension, force-toi de leur montrer plus encore combien tu les aimes ton papa, maman et menène .. Embrasse- les pour moi quand tu les verras et menène quand tu l’attraperas, écris-moi aussi n’oublie pas non plus ta petite tante qui t’aime tant. Je t’embrasse 1000 fois. Georgette N’est-ce pas qu’il est beau notre petit boy Salomonais? 1938 Avuavu le 6/02/1938 Bien chers parents bien chers tous, Voilà un petit moment que je ne suis pas allé vous visiter, mais avec la plume seulement, car autrement, j’arrive toujours, et sans que personne ne s’en doute peut-être, à faire ma petite tournée au P , à Saint Lumine , et même ailleurs quelques fois et chaque fois je demande au Bon Dieu de vous bénir , et tout le bonheur que lui seul peut donner. J’ai reçu il y a déjà quelques temps vos lettres d’octobre celles de Manuel et Marcelle . J’étais contente , comme toujours , quand vous m’écrivez . Oui, ma grande Marcelle , j’ai été surprise de te lire de « chez nous ». Cette épidémie a-t-elle été longue ? Je suis sûre que tout le monde à la maison ne devait pas être fâché de te garder un peu plus longtemps . Mémé devait être contente, mais est-ce qu’elle écoutait bien tes petites recommandations ? C’est Manuelo qui va le lui rappeler maintenant. Et ta jambe? Ne te fait-elle plus mal maintenant ? Comment allez-vous tous depuis ce temps ? Et de Saint Lumine je n’ai pas eu de nouvelles cette fois-ci. Vous n’avez pas eu de grippe j’espère. Nous tous ici ça va, sans compter des fièvres naturellement, qui de temps en temps nous font une petite visite. Elle n’oublie personne mais pour ma part ce n’est pas de forts accès et je suis encore contente de m’en tirer comme cela . Après les fêtes du premier de l’an, je suis allée avec toute ma troupe de filles en visite de villages . Des gens nous avaient invité à aller chez eux, un village après cinq heures de marche, et comme depuis longtemps, j’avais promis une longue promenade aux enfants, nous nous sommes mis en route un beau matin, après la Messe. Seuls quelques éclopés restent avec les deux Sœurs. En route, nous faisons plusieurs pauses. Enfin nous sommes là-bas vers midi. A l’arrivée, les gens viennent nous faire ”shake hand ” et nous apportent quelques fruits pour nous rafraîchir un peu. Puis, après un petit moment de repos, on m’a conduit à une petite maison où on avait préparé un lit, ma chambre !… Car nous devons rester coucher. À côté, il y a une grande maison où logerons mes filles. On s’est mis en frais, la sœur ne vient pas tous les jours les visiter. Dans l’après-midi je vais visiter toutes les maisons, ce village est presque entièrement Catholique, et deux autres petits villages tout près. En partant, je leur demandais s’il ne pensait pas à venir pour la prière. « Mais si » me répondent t-ils . En effet ils y étaient à peu près tous ce soir-là. Mais je crois que ce n’est pas toujours cela…Un moment après, tout un groupe m’attendait près de ma cabane, le Catéchiste du village était allé chercher un petit banc, qu’il avait placé au milieu d’eux assis par terre, et il me pria de vouloir bien faire un peu la causette avec eux. Me voyez-vous avec ma cour, parmi ce bel entourage !… Et j’aurais pu y passer la nuit, car nos braves gens ne sont jamais pressés. Comme de retour, je racontais cela au Père, il me dit que c’était toujours ainsi quand il allait, mais on prend congé avant. Ce que je fais moi-même , leur disant que j’allais me reposer un peu… Quatre de mes filles, pensant que j’aurais peur toute seule, me demandent de coucher avec moi. Les autres vont dormir à côté dans une autre maison . Le lendemain matin, une petite clochette sonne pour la prière. Les mêmes gens que la veille au soir étaient là réunis, dans la petite Chapelle qui n'est qu'une simple maison, un peu mieux que les autres, ou le Père dit la messe et même reste coucher quelquefois quand il passe. Ensuite, les enfants se mettent à faire le feu pour réchauffer leur nourriture( Riz). . Elles viennent gentiment m’offrir une petite part. Et quand tout notre petit monde est rassasié, nous disons goodbye et repartons. En chemin, il y a une dizaine de villages que nous allons visiter. Je distribue des médailles aux enfants, ils sont bien contents et les mamans aussi. Je venais justement d’en recevoir près de trois cent de Nantes, d’une Demoiselle de la Regrippière qui avait sans doute lu la lettre que j’adressais à l'Abbé Cavalaire . Enfin, nous ne sommes de retour a Avuavu qu'assez tard dans la soirée. Les enfants étaient très contentes . Elles s'étaient placées en ligne et cela faisait un long défilé. Je les appelle « mes petits soldats » moi aussi j’étais contente d’elles . Elles avaient été bien obéissantes et gentilles aussi. Et voilà, je vous raconte tout cela parce que je suis contente de vous parler un peu de ce que je fais. Et aussi parce que je pense que cela vous intéressera peut-être. Vous pensez si j’ai eu une bonne surprise en trouvant à nouveau la lettre de Marie. Avez-vous de ses nouvelles depuis ? Il est probable qu’elle n’écrira pas plus souvent. Maintenant peut-être encore moins. Il va lui falloir travailler pour arriver à ce fameux bac… Tout à l’heure j’ai appelé deux de nos gamins pour monter dans les orangers, et nous en descendre quelques unes , oh ! Ils ne se font pas prier pour ce genre d’exercice, je vous assure, ils attrapent leur petite part . Et je pensais que Manuelo et Marcelle devaient croquer des pommes si vous en avez tant . L’eau m’en est venu à la bouche en lisant Manuel. Je crois que je mange plus que ma part d'oranges moi aussi. J’ai été bien contente de lire la longue lettre de ma marraine. Elle est encore plus courageuse que maman pour prendre la plume . Dites-lui que j’ai très bien compris tout ce qu’elle me raconte et que j’espère bien qu’elle m’écrira à nouveau bientôt, pendant les veillées, le travail presse moins. Vous ne m’aviez pas dit que le petit François était rentré à Rennes. Oh alors! Vous ne me racontez pas tout, moi qui le croyait! Marcelle m’a dit que vous avez eu la visite des Mauvillain Y a-t-il longtemps qu’Abel est marié? Il n’a pas pris la belle demoiselle Button! Et Gaby est-il toujours à Nantes ? Que fait Paul aussi ? Je vous laisse pour aujourd’hui mes biens chers tous. J’espère vous lire bientôt. Pendant ces veillées, vous avez dû m’écrire. Petit Manuelo, toi aussi, Marcelle me disait que tu étais apôtre, et que tu avais sept ou huit petits croisés. Tu ne m’as pas même raconté cela. Je te charge de rappeler mémé à son régime si elle l’oubliait. Au revoir, je vous embrasse 1000 fois bien fort. J’espère pouvoir écrire un petit mot à Saint Lumine, avant le départ du courrier, sinon vous leur donnerez de mes nouvelles . Pourriez-vous me mettre un peu de papier à lettre et quelques enveloppes, j’en serai bien contente . Bonne santé chers parents, chers tous , bien à vous toujours Georgette