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KAGAME, BORDERLINE? Depuis la cérémonie d’investiture pour son cinquième mandat à la magistrature suprême jusqu’à un autre évènement politique de prestation de serment du premier ministre et de nouveaux membres du parlement rwandais, le président Paul Kagame, ne dort plus que d’un œil, l’autre surveillant étroitement la RDC. Son obsession de la république démocratique du Congo tourne véritablement au cauchemar éveillé. D’où des pensées traduites dans une rhétorique confuse voire schizophrénique. Entre l’amour des richesses minérales de la RDC et la haine viscérale pour ses populations, l’homme ballotte dans un « je t’aime, moi non plus » qui met en danger permanent deux nations. Tantôt dans un langage dur, tantôt dans un langage doux et séducteur, Paul Kagame inquiète à plusieurs égards au prisme de son dernier revirement. D’un. Il peut s’agir d’une volte-face imprévisible pour donner le coup de grâce, d’où, le peuple congolais ne doit pas baisser la garde. De deux. Les pressions internationales ont eu raison de la hargne belliqueuse du président rwandais qui entrevoit un nouveau front difficile, car dénué des grands alliés. Il doit prendre une attitude de vaincu. De trois. Paul Kagame dans sa ruse, est conscient qu’il doit tirer sa dernière cartouche, mais sur qui ? Sur Tshisekedi, l’effet boomerang risque d’être fatal, c’est-à-dire que les populations d’origine rwandaise, craignant les représailles peuvent se déplacer vers le Rwanda, plus hospitalier. Ce mouvement peut être mis à profit par les Congolais, décidés d’en finir. Ils peuvent se mêler aux fuyards et transborder la guerre au Rwanda. Sur les Etats-Unis, il l’a fait une fois et personne n’est dupe du numéro surréaliste le mettant aux prises avec la grande puissance. Dans ce cas, Paul Kagame n’aura d’autre solution que de tirer sur les victimes africaines, puis d’intervenir pour réconcilier à la fois l’Ouganda et le Rwanda avec la RDC, en cajolant les M23 et en exterminant les vieux FDLR ou les jeunes Wazalendo. Cela veut dire qu’il va chercher à tirer son épingle du jeu dans lequel il aura été inconstant et insatiable. Sa dernière cartouche doit toucher la RDC, les Etats-Unis, pour brouiller leurs relations, mais le Rwanda et l’Ouganda doivent en tirer un bénéfice. Un baroud d’honneur dans lequel, rien n’est moins certain Mais, revenons à la dernière fresque cauchemardesque sur la RDC par le président rwandais. A l’occasion de la cérémonie de prestation de serment du premier ministre et de nouveaux membres du parlement rwandais, le président Paul Kagame a étonné les participants avertis et l’audience qui connait sa roublardise, quand il a parlé des mots inconnus jusque-là dans sa bouche. Il a parlé de paix. Il a enrobé ce mot dans le contexte de bon voisinage. Une situation qui ne lui est jamais venue à l’esprit, l’homme se targuant à juste raison, d’être un pratiquant assidu de la guerre. Le langage des menteurs et des meneurs de jeu. Ce langage est émaillé de confusion, de vérités et de contre-vérités, d’ambiguïtés et de suppositions multiples. Quelques fois, les figures de style apparaissent pour déstabiliser les bien-pensants. Les métaphores rivalisent d’ardeur avec les analogies, pour embrouiller, embobiner avant une chute spectaculaire et inattendue. Telle est la carte de visite du président Paul Kagame qui s’assume dans ce rôle scabreux. Il le dit, la main sur le cœur que les M23, sont des Congolais et qu’il n’a pas le droit d’interférer dans un cas congolo-congolais. Mais, c’est de notoriété publique, que l’armement du M23 provient de l’arsenal rwandais. Dans les multiples rencontres en vue d’une négociation ou une cessation des hostilités entre le M23 et les FARDC, ce sont des représentants du Rwanda qui sont visibles. La présence des soldats des FDLR est évoquée pour la galerie, mais cette fois, le président Kagame demande, presque poliment que le gouvernement congolais arrête tous les vieux soldats encore vivants et les lui amène, car ils sont une menace pour son pays. Il a encore oublié que son ancien ambassadeur en RDC, le tristement célèbre Vincent Karega avait déclaré que les FDLR s’ils existent encore, sont une force affaiblie par l’âge et ne présentent donc aucun danger pour le Rwanda. Dans sa guerre économique, Kagame utilise un vocabulaire commercial au lieu du langage diplomatique plus approprié. Il parle du donnant-donnant en s’adressant à son homologue congolais. Il s’agit d’un troc où Tshisekedi lui donnerait les FDLR qui sont sur le territoire congolais et lui, livrerait les M23 qui sont, curieusement sur le sol congolais. Ceci s’appelle tout simplement, de l’embrouille ou un embrouillamini, destiné aux naïfs. Malheureusement, cette époque de naïveté est révolue chez le président Tshisekedi et chez tous les Congolais qui ont appris pendant des décennies à ne plus se laisser duper par le président Kagame. Quand il faisait main basse sur les richesses minérales de l’Est, le président congolais lui avait clairement demandé de cesser de voler et de partager un partenariat « fifty-fifty ». Crachant sur cette proposition honnête, Paul Kagame avait choisi de continuer sa guerre, sponsorisé par les puissances occidentales qui tirent un gain substantiel de ce pillage. Un pillage dont les acteurs et les commanditaires n’avaient plus rien à dissimuler. En effet, dans une autre apparition télévisée, et pour une fois, le premier citoyen du Rwanda avoue qu’il vole les richesses du Congo démocratique et cite sur le ton du secret, les Etats-Unis, parmi ses complices. Ces dénonciations n’empêchent pas le Rwanda de garder de bonnes relations avec les Etats-Unis, avec qui il vient de signer un protocole d’accord pour faciliter l’introduction au Rwanda de petits réacteurs modulaires, un genre de réacteur nucléaire capable de produire quelques dizaines de mégawatts. Dans une transaction normale, les partenaires partagent des principes inaliénables, parmi lesquels, la confiance. On assiste ici à une alliance contre-nature à première vue, mais, une analyse plus réaliste montre que les Etats-Unis et le Rwanda ne sont pas préoccupés de la vie ou de la mort des citoyens congolais. Ils ont un intérêt commun dans les ressources du sous-sol congolais qu’ils se partagent impunément, sans le moindre remords. Les Etats-Unis reconnus par le président rwandais, comme un prédateur plus gourmand dans le pillage des minerais, n’ont pas, malgré cette reconnaissance, quitté l’agenda des affaires diplomatiques avec le gouvernement congolais. Les réactions aux chantages Dans l’actualité de la guerre russo-ukrainienne, pour ne pas céder à la peur d’une défaite totale, qui commençait à envahir les troupes ukrainiennes, celles-ci sont entrées sur le territoire russe. Le message est clair, démontrant la capacité de l’armée ukrainienne de s’attaquer à la Russie et de lui retourner le chantage, la peur et les humiliations subies. La république démocratique du Congo au regard de la géopolitique, mais aussi de sa géographie, a peur des chantages exercés sur lui par un sous-traitant. En effet, le langage doucereux que Kagame a adopté ces derniers temps est une stratégie de la dernière chance. Elle survient dans les moments où la RDC obtient gain de cause au Conseil de sécurité. Le pays qui a initié la résolution 2746 est la France qui ne cache pas ses tentatives de rapprochement avec la RDC. Les anciennes puissances coloniales sont liées par un pacte à travers les siècles, sur la république démocratique du Congo. Ce pacte secret doit surement enjoindre les Etats-Unis, la France, la Belgique et l’Angleterre d’éviter de se battre sur le sol congolais, mais de faire front commun dans n’importe quelle situation. La mise à mort de Lumumba a été décidée par les Etats-Unis et la conception a été montée par la Belgique qui s’est servie des fils du pays pour la réalisation. De même, Laurent Désiré Kabila a été tué sur la peur et une conception américaine, qui ont libéré le passage à l’assassinat, grâce aux réalisateurs et exécuteurs africains déçus par l’alliance avec Mzee Kabila. Même l’introduction dans la sphère du pouvoir congolais par Kabila-Kanambé, l’inévitable quatuor occidental a eu son mot à dire dans le choix de ce jeune homme facilement manipulable via les anciens amis de Laurent Kabila, tous, longtemps résidents en Europe. Il est clair que les tergiversations continues du président Tshisekedi dans la poursuite de la guerre, relèvent d’un carcan de chantages dans lequel il est enfermé. Il n’est pas clair que ce moment précis soit propice à la désescalade, comme semble l’insinuer Paul Kagamé. A moins que cela soit dans la logique de ses coups bas qui ne sont plus à compter. La RDC pour éviter de tomber dans les pièges d’un voisin qui ne lui a jamais manifesté que de la haine et du mépris devrait stopper toutes les occasions de rencontres et de négociations avec lui, ce n’est pas de la peur, encore moins un repli stratégique. Prudence est mère de sûreté, dit un adage. Au revoir et au prochain podcast.