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Explication linéaire de « Les métamorphoses du vampire » des Fleurs du mal (1857) Pièce condamnée par le tribunal Introduction : Le poème « Les Métamorphoses du vampire » de Charles Baudelaire fait partie des Épaves, ces pièces condamnées qui furent censurées lors du procès des Fleurs du mal en 1857. Baudelaire reprend 20 ans après le thème de la femme vampire de Théophile Gautier (cf. dédicace) dans « La morte amoureuse ». Or ce n’est pas le vampire qui est condamné mais le corps indécent de la femme, mêlé aux sentiments impurs, à la jonction entre le sacré et le maudit, au réalisme de la scène (cf. « Une charogne ») malgré le motif fantastique. Problématique : Composition : le poème est composé de deux strophes distinctes en alexandrin. Cette organisation bipartite souligne l’opposition qui sous-tend ce texte entre le spleen et l’idéal, mouvement représentatif de l’ensemble de l’œuvre de Baudelaire. I La recherche de l’idéal Le thème féminin est mis en relief par sa place initiale dans le texte. L’usage du déterminant défini oriente la lecture et l’interprétation dans une perspective universalisante comme si le poète parlait de toutes les femmes. Le premier vers reprend la tradition du blason et « la bouche de fraise » est un clin d’œil à « La Morte amoureuse » où on retrouve la même image, comme celle du serpent d’ailleurs aux connotations évidentes : symbole biblique du mal le serpent est synonyme de danger comme le montrent les verbes « tordant, « pétrissant » et même « couler » qui évoque le venin avec la métaphore « imprégnés de musc » (cf. aussi « Le serpent qui danse ») ; cette violence est renforcée par la présence du fer et la sonorité rude de busc. Les mots mis à la rime « fraise », « braise, « busc » et « musc » renforcent l’atmosphère érotique grâce à leur potentiel sonore. Le but est de créer d’abord un climat torride tout en restant allusif puisque le corps de la femme est plutôt suggéré que décrit par des parties significatives comme la bouche et les seins. Comme souvent la femme suscite également une explosion des sens (goût, toucher, vue, odorat) propice à l’inspiration ici exprimée à travers les « mots » évoqués au vers 4. La femme, à travers l’évocation des sens, déclenche le processus poétique. Le tiret et les guillemets signalent le passage au discours direct qui doit manifester les nombreux pouvoirs de la femme sensuelle. Ainsi elle détient des pouvoirs : « je sais », « je sèche », « fais rire », « je remplace ». La périphrase « perdre au fond d’un lit » signifie l’oubli qui s’accompagne d’une renaissance avec l’image des vieillards redevenus enfants. La femme vampire représente l’univers tout entier, ce qui fait d’elle une géante aux pouvoirs illimités. On peut imaginer ici que Baudelaire fait allusion aux drogues qui lui apportent un soulagement provisoire. Le passage suivant revient au potentiel érotique de la créature associé comme au début à la notion de danger. Ainsi on retrouve la présence du serpent qui étouffe sa victime ou qui la mord. Les deux circonstancielles de temps sont encadrées par un portrait plus moral de la femme mais basé sur des contradictions qui soulignent son ambiguïté : « timide et libertine, et fragile et robuste ». La subordonnée de conséquence repoussée dans l’avant-dernier vers et le sujet inversé de celle-ci « les anges impuissants » souligne par sa complexité syntaxique l’importance du danger avec le motif satanique qui réapparaît dans le verbe damner. Cette issue plutôt noire annonce la suite et l’expression du spleen. II L’horreur de la métamorphose Le premier vers met en relief le processus de vampirisation et la réapparition du « je » du poète permet d’évoquer l’acte poétique d’une manière métaphorique. Le premier vers frappe par sa trivialité après le lyrisme et l’enthousiasme de la première strophe. Le poète est vidé de sa force. Le quatrième vers marque une montée en puissance de cette grossièreté avec des termes évoquant une réalité répugnante tant du point de vue du sens que des sonorités. L’utilisation du passé simple marque la brutalité du changement ainsi que la modalité exclamative qui souligne le passage de la fascination au dégoût. L’impuissance du poète est également renforcée par la négation « je ne vis plus » et la redondance « je fermai les yeux ». c’est la passage du savoir à l’aveuglement. Le feu de la passion a laissé place au froid : « froide épouvante ». La fin du poème est marquée par le dénuement comme en témoignent les termes « mannequin », « squelette », « débris », « tringle ». Ce qui ressort, c’est le vide et le néant associés à un bruit strident (cf. allitération en « r » dans les quatre derniers vers). Le dernier vers est marqué par l’absence avec uniquement des mots abstraits qui soulignent l’inconsistance : « le vent », « les nuits d’hiver ». C’est visiblement le désert des sens qui succède à l’explosion initiale, seul subsiste un son insupportable et stérile. Force est de constater qu’ici l’expérience du poète se solde par un échec. D’ailleurs la deuxième strophe est abrégée par rapport à la première comme si la parole du poète se tarissait contrairement à l’éloquence de la femme. On est passé du discours au silence. En fait on est passé de Eros à Thanatos, ce qui marque l’échec de la quête poétique. La boue ne s’est pas transformée en or. Conclusion : La femme-vampire symbolise la quête poétique qui s'avère stérile en définitive : mensonge trompeur. Condition tragique du poète vidé de sa substance qui retourne au néant. = poète maudit Bilan : thème obsessionnel chez Baudelaire • Syphilis • Amour et mort • Fantasme de la muse qui échappe au poète • Thème du mal et du châtiment = interprétations multiples